Église Saint-Sylvestre de Jailly dans la Nièvre

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise romane

Église Saint-Sylvestre de Jailly

  • Le Bourg
  • 58330 Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Église Saint-Sylvestre de Jailly
Crédit photo : Alexis Burnier - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise : classement par liste de 1840

Origine et histoire de l'Église Saint-Sylvestre

L'église Saint-Sylvestre de Jailly, dans la Nièvre, est un édifice roman daté du XIIe siècle. Bâtie à flanc de coteau, elle s'adosse au massif de Saint-Saulge et domine la vallée de la Canne ; elle est ouverte en été et sur demande le reste de l'année. Présentant une architecture sobre en gradins pour compenser la déclivité du terrain, elle a été inscrite sur la liste des monuments historiques de 1840 et classée définitivement en 1886. La tradition locale, rapportée par Paul Sébillot, prête aux fées la construction de l'église : elles auraient abandonné le portail inachevé au lever du jour et les tentatives ultérieures pour le parfaire auraient échoué.

L'édifice dépendait d'un prieuré clunisien de La Charité dont une partie des terres fut donnée vers 1050 et dont les travaux commencèrent au XIe siècle pour se poursuivre jusque dans le siècle suivant. Le petit monastère rural décline à la fin du Moyen Âge ; les visites des XIVe et XVe siècles le décrivent comme de « faible valeur » et à revenu modeste, et en 1470 le prieur est seul à résider tandis que l'église et les bâtiments sont en très mauvais état. Cette situation perdure : en 1731 François Gabriel du Verne signale l'extrême délabrement, puis à partir de 1773 le curé Jean-Baptiste Laproye alerte sur la ruine de l'édifice, la nef ayant été détruite par un incendie et le clocher gravement endommagé. Laproye écrit à l'intendant à plusieurs reprises, décrivant l'absence de couverture et l'effondrement quotidien de parties des voûtes à cause des intempéries. Après la Révolution le curé achète l'église et les bâtiments du prieuré ; à sa mort il lègue l'église à la commune tandis que les anciens bâtiments prieuraux reviennent à son domestique, et la commune démolit l'ancien prieuré vers 1833. L'intervention de Prosper Mérimée conduit en 1840 à l'inscription sur la première liste des monuments historiques ; de nombreuses campagnes de restauration se succèdent aux XIXe et XXe siècles, la plus récente remontant à 1995.

Commencée à la fin du XIe siècle et élevée en plusieurs campagnes, l'église conserve la façade, la dernière travée de la nef, le transept et le chœur à trois absides, ainsi qu'un clocher octogonal ajouré de baies géminées. Le chevet, l'une des parties les mieux conservées, est construit en brèche granitique locale ; il présente deux absidioles en hémicycle percées d'une ouverture étroite et une abside centrale au plan pentagonal éclairée par trois baies en plein cintre. Une réfection maladroite a substitué une grande toiture en bâtière qui s'appuie jusque sur les pans coupés de l'abside et des absidioles. Les bras du transept, peu saillants, sont éclairés par une étroite fenêtre de pignon et percés d'une porte près de l'angle occidental dont seule celle du bras nord est ancienne. Le clocher, élevé sur la croisée, présente à son étage supérieur des baies géminées sous arcs en plein cintre retombant sur des colonnettes, la façade ouest restant aveugle ; sa flèche a été modifiée vers 1877. De la nef primitive subsiste la dernière travée avec ses collatéraux, rétablis en 1858-1859 en pierre calcaire de Saint-Benin-des-Bois, tandis que le mur nord des travées manquantes demeure apparent. La partie occidentale n'a conservé qu'un pan de façade percé d'une haute fenêtre et d'un large portail ; le tympan, aujourd'hui nu, portait encore à la fin du XIXe siècle des traces de peinture et le décor des archivoltes, voussures et chapiteaux mêle tores, palmettes, dents de scie, besants, rinceaux et figures animalières. Au‑dessus du portail s'étend une frise de rosaces comparable à celle de la tour nord de la prieurale de La Charité-sur-Loire ; ce portail a été restauré en 1887 après l'intervention de Mérimée.

À l'intérieur, le chœur de type bénédictin comprend deux travées droites voûtées en berceau et deux absidioles peu profondes ; les absides sont voûtées en cul-de-four. Les bas-côtés, voûtés d'arêtes, communiquent par une disposition peu usitée avec les croisillons du transept et s'ouvrent sur la seconde travée du chœur par une arcade en plein cintre. La croisée du transept, cantonnée de piles cruciformes et de colonnes engagées, est couronnée d'une coupole octogonale sur trompes ; les bras du transept sont voûtés en berceau. La dernière travée de la nef, reconstruite à partir de 1858 et voûtée entre 1887 et 1889, présente une forme trapézoïdale liée à une prise d'alignement maladroite des piles ; le collatéral sud y est plus court que le nord et les hauteurs des colonnes engagées varient en raison de la pente du terrain. Les chapiteaux offrent une décoration souvent rudimentaire : certains sont à peine sculptés de volutes ou de dents-de-scie, d'autres montrent des feuilles stylisées, palmettes, acanthes, motifs en pommes de pin ou masques singuliers.

En 1876 l'architecte diocésain Massillon Rouvet a réalisé un relevé de l'église et a repris la légende locale selon laquelle des fées auraient laissé le portail inachevé, empêchant par la suite tout mortier ou pierre de tenir. Le mobilier comporte notamment une cloche en bronze datée de 1567, classée au titre des monuments historiques en 1943. Parmi les prieurs documentés figurent Barthélémy Coquille (1517), Guillaume du Lys (1563), Jacques Regnault (1572), Pierre Fontaine (1609), Gabriel Claude Millin (1656), Sébastien Lemaire (mentionné entre 1655 et 1659), Albert Busenot (entre 1667 et 1668), Gilbert Mollier (entre 1687 et 1695), Michel Panseron (1709‑1712), Pierre de Lacombe (1717), François Gabriel du Verne (mentionné entre 1731 et 1745) et Bernard Salvetat (mentionné entre 1776 et 1780). Parmi les curés figurent Pierre Pillaut (1441), Paul Bault (mentionné entre 1655 et 1670), Pierre Babotte (1712), Louis‑François Ferron (1724), François Moreau (1740), Augustin Peuvrel (1745) et Jean‑Baptiste Laproye (1773).

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