Origine et histoire de l'Église Saint-Symphorien
L'église Saint-Symphorien, à La Gripperie-Saint-Symphorien (Charente-Maritime), réunit des éléments romans et gothiques dont les plus anciens remontent au XIIe siècle. Conçue sur un plan en croix latine et de grandes dimensions, elle accueillait de nombreux pèlerins attirés par une fontaine dite miraculeuse, encore visible aujourd'hui et protégée par une petite chapelle enduite de chaux. La tradition rapporte que des reliques de saint Symphorien furent déposées dans le sanctuaire ; une chapelle des reliques, très surélevée et accessible par un escalier droit en pierre, a été aménagée près de l'abside. Les destructions liées aux conflits, notamment durant la guerre de Cent Ans, entraînèrent la perte des bras du transept et probablement du clocher primitif. Au XVe siècle, d'importantes campagnes de reconstruction et d'agrandissement englobèrent l'édifice roman : la façade fut renforcée par des contreforts, certains pans de murs et l'abside furent réutilisés, et deux bas‑côtés furent ajoutés de part et d'autre du chevet, aboutissant respectivement à la première travée ouest de la nef au sud et à la travée sous le clocher au nord. Le chevet XVe intègre l'ancienne abside demi‑circulaire, et ses murs latéraux suivent l'alignement des extrémités de l'ancien transept. Au XIXe siècle, le couvrement du chœur fut refait en briques et plâtre et les maçonneries, charpentes et couvertures subirent de nombreuses reprises. La façade s'ouvre sur un large portail en plein cintre à trois voussures richement sculptées et surmonté d'une grande fenêtre ; l'archivolte principale, sous un cordon circulaire, compte trente‑deux personnages debout, la seconde voussure est ornée de griffons accolés par le poitrail et la troisième d'arabesques en X, tandis que la haute baie du premier étage présente deux voussures dont l'une reprend le motif des Vertus et des Vices. Le clocher, de forme circulaire et singulier en Charente‑Maritime, a été élevé sur une ancienne souche carrée ; sa tour ronde, garnie de huit demi‑colonnes terminées en pointe, est percée de quatre fenêtres cintrées sans ornement et est coiffée d'une toiture conique (certaines descriptions signalent une flèche en ardoise). À l'intérieur, quatre massifs de maçonnerie au centre, formant des groupes de pilastres carrés, portent une coupole octogonale sur trompes équipée d'un trou à cloches qui marque l'ancien carré du transept. La nef unique compte trois travées, prolongées par le chevet bordé de collatéraux et l'abside conservée. L'église conserve deux peintures à l'huile de l'artiste saintongeais Bragny, datées de 1641 et 1676, représentant le martyre de saint Symphorien et l'Assomption de la Vierge, ainsi que plusieurs dalles funéraires. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 12 octobre 1995.