Origine et histoire de l'Église Saint-Thomas-Becket
L'église Saint-Thomas-Becket, édifice catholique situé à Avrieux (Savoie), est implantée sur un replat entre deux barres rocheuses le long de la route du Mont-Cenis. La première mention d'une église à Avrieux remonte à 1214 sous la dénomination Ecclesia de Aprili ; elle est placée sous le vocable de Thomas Becket, canonisé en 1173. La donation de biens faite en février de cette année par le seigneur Anselme d'Avrieux et ses enfants est considérée comme la fondation ; l'acte mentionne la filiation « de anglia terra », à l'origine d'une tradition d'origine anglaise dont l'exactitude a été discutée. Des auteurs relèvent toutefois l'existence de relations entre la cour d'Angleterre et celle de Savoie. Les visites pastorales de 1570 et 1627 signalent la conservation de reliques de Thomas Becket dans l'église. L'édifice actuel s'inscrit dans la tradition des églises savoyardes de la fin du XVIIe siècle et relève du type de la Maurienne, avec trois nefs et un chœur surmonté d'une coupole. Au XVIIe siècle, des travaux importants modifient l'église : après une épidémie de peste en 1630 et le vœu communautaire qui en découle, l'évêque de Maurienne commue en 1649 cette promesse en obligation de refaire le chœur. En 1660, Pierre Bertrand, maçon à Avrieux, est chargé de reconstruire le chœur sur le modèle de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Aussois ; le chœur reçoit une coupole et les trois nefs sont restaurées de façon importante. En 1673, les syndics confient la réalisation du maître-autel à Laurent Portaz (ou Porte) et aux frères Pierre et Augustin Bertrand, qui exécutent également, en 1675, le tabernacle, un grand tableau représentant saint Thomas Becket et la sculpture du cadre. Le retable, divisé en trois parties par huit colonnes torses, présente au centre la canonisation de Thomas Becket ; des statues de saint Thomas et de saint Blaise sont logées dans des niches à coquille, et des statues de saint Antoine et saint Étienne prolongent l'ensemble. La dorure du retable est réalisée en 1680 par le doreur Pierre Milandre d'Anvers. Laurent Portaz exécute en 1677 l'autel latéral nord dédié à saint Blaise ; le tableau représentant saint Blaise sauvant un enfant est offert en 1681 par le marchand Jean Bermond. L'abbé Joseph Damié fait réaliser en 1684 l'autel latéral sud, dédié au Rosaire et sculpté par Augustin Bertrand ; il remplace alors le tableau de saint Blaise par une représentation de la mort de saint Joseph, donnant à la chapelle le nom de Saint-Joseph. L'église est consacrée le 15 mai 1678 par l'évêque Hercule Berzet. Une crypte creusée sous le vestibule après autorisation épiscopale en 1685 servait de sépulture aux fidèles décédés pendant l'hiver ; elle a ensuite été transformée en chapelle et se prolonge par un caveau accessible depuis le narthex. La façade nord porte un décor peint figurant le cortège des vices et des vertus, attribué vraisemblablement à l'abbé Damé. Sur le plan architectural, la nef comprend trois travées bordées de bas-côtés et un narthex voûté qui supporte la tribune ; le chœur, de plan barlong, est éclairé par un lanternon sommé d'une coupole. L'église est classée au titre des monuments historiques depuis le 29 décembre 1989.