Origine et histoire de l'Église Saint-Thyrs
Le clocher, construit en pierre de taille, présente une assise inférieure de plan rectangulaire comprenant, au rez-de-chaussée, une chapelle ouverte sur l'église et, au premier étage, une pièce ; ses voûtes sont à croisées d'ogives. La partie supérieure adopte un plan octogonal réparti en trois niveaux éclairés par des baies géminées à colonnette médiane et chapiteau décoré ; au sommet se trouvent une galerie plus récente — sans doute de la fin du XIVe siècle — et une flèche octogonale. Selon l'hypothèse de Sylvie Campech, le premier lieu de culte du territoire de Labruguière se situait près du château de La Tour : la parcelle 262 du cadastre de 1837 porte encore l'appellation Saint-Thyrs et un linteau échancré en remploi, observé dans le mur oriental du château, pourrait provenir d'une chapelle préromane. Le vocable Saint-Thyrs, rare et ancien, renvoie à un martyr du IIe siècle : ce diacre grec, accompagné du prêtre Andoche, est traditionnellement associé à un martyre situé à Saulieu en Bourgogne. Une église aurait ensuite été construite contre la clôture du château, peut‑être dès le XIIe siècle, comme le suggère une pierre romane sculptée représentant un Christ bénissant, remployée dans la tour du clocher gothique. L'église a très probablement été reconstruite dans la première moitié du XIVe siècle ; une plaque obituaire, toujours en place au niveau du rez-de-chaussée de l'élévation occidentale du clocher, en témoigne et a fait l'objet d'une retranscription. D'après cette inscription transmise, l'ouvrage du clocher aurait été commencé en 1314 et il est fait mention de la mort, en 1322, d'un maître nommé Dela (ou Deta) Laura, accompagnée d'une formule de requiem. Le clocher, le pourtour extérieur du chevet et l'emprise générale de la nef sont attribuables à l'époque gothique. L'église était à deux vaisseaux : le vaisseau principal s'ouvrait sur un chœur à pans coupés voûté d'ogives, tandis que le vaisseau secondaire, au sud, s'alignait sur la chapelle sud située au rez-de-chaussée du clocher. L'accès à l'escalier en vis du clocher se faisait par une porte en arc brisé dans le mur sud du chœur ; cette porte fut bouchée en 1786, date à laquelle l'accès fut reporté sur la chapelle Notre-Dame. La flèche du clocher a été construite ou reconstruite au début du XVe siècle ; la date 1417 et le nom de l'artisan Jean Combret figuraient autrefois sur la croix sommitale. La plus ancienne cloche conservée à l'extérieur de la tour porte la date de 1599. Au début du XVIIe siècle, sous l'impulsion de Marie-Louise de Voisins et d'Antoine de Cardaillac, une campagne d'agrandissement est entreprise : une date de 1613 a été relevée sur un pilier ou un arc de la nef, les travaux ayant été interrompus puis repris en 1629, l'église ayant dû être inaugurée en 1630 ; l'une des cloches est datée de 1637, alors qu'en 1631 la couverture menaçait déjà de s'effondrer. En 1687, l'évêque de Lavaur fit rehausser le pavé du chœur ; en 1808 la flèche fut consolidée. Au XIXe siècle, l'entrée sud fut refaite en 1830 avec l'ouverture d'un nouveau porche, une chapelle nord fut ajoutée en 1833, et en 1846, après l'achat d'une maison accrochée à l'élévation occidentale, on édifia un corps de bâtiment sur trois niveaux pour l'orgue et la tribune ; un programme d'établissement de voûtes d'arêtes en plâtre sur la nef et le chœur accompagnant des remaniements de la charpente fut alors mené. Ces travaux furent couronnés en 1848 par un vaste décor peint en trompe-l'œil, mêlant motifs ornementaux, architecturaux et religieux, réalisé par le peintre Morelli sur murs et voûtes. Le clocher et le chœur ont été inscrits sur la liste supplémentaire des Monuments historiques le 18 juin 1927. En 1956, le clocher fut endommagé par la foudre, entraînant aussi des dégâts sur la toiture de la deuxième chapelle latérale sud, et des travaux de restauration furent entrepris peu après. Des prélèvements dendrochronologiques effectués en 2008 dans les bois du beffroi et de la charpente du chœur et de la nef n'ont pas donné de résultats concluants.