Origine et histoire de l'Église Saint-Vaast
L'église Saint-Vaast de Boran-sur-Oise se situe au centre du bourg, sur la rive droite de l'Oise, place de l'Église / rue de la Comté ; sa façade occidentale ouvre sur un petit parvis, la mairie occupe l'ancien presbytère au sud et l'élévation nord est contiguë à des terrains privés. Les origines de la paroisse sont mal documentées mais semblent remonter au moins au VIIIe siècle ; l'église actuelle n'est donc pas la première bâtie sur ce site. Les parties les plus anciennes datent de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle et correspondent à une nef de style gothique primitif non voûtée et à une portion des bas-côtés, tandis que la façade et l'annexe sud-ouest, souvent considérée comme l'ancienne chapelle des fonts baptismaux, sont postérieures. Les grandes arcades de la nef reposent sur des piliers monocylindriques coiffés de chapiteaux ornés de crochets et de motifs végétaux, notamment des nénuphars, qui traduisent une sculpture vigoureuse mais sobre. Le chœur-halle rectangulaire se raccorde de manière particulière à la nef : le vaisseau central du chœur étant moins large, les dernières grandes arcades de la nef butent contre les arcades occidentales des chapelles latérales au lieu de retomber sur des tailloirs. L'ensemble du chœur, composé de trois vaisseaux de deux travées voûtés d'ogives, a été reconstruit entre la fin du XVe et le milieu du XVIe siècle ; les réseaux flamboyants du chevet et certains chapiteaux de style renaissant témoignent d'une exécution en plusieurs campagnes. Le vitrail de la Passion, daté de 1535 et attribué probablement à l'atelier d'Engrand Leprince à Beauvais, occupe la baie d'axe et a fait l'objet de restaurations importantes. Le clocher, de la même époque, se termine par une haute flèche de pierre culminant à 49 m ; il figure parmi les rares flèches du XVIe siècle sur la rive droite de l'Oise et a motivé le classement de l'église au titre des monuments historiques le 12 mars 1942. L'édifice a subi des réparations après des dommages de guerre et une campagne de restauration importante engagée en 2002 s'est achevée en 2009. L'église demeure un lieu de culte actif, affilié à la paroisse Saint-Louis de Précy-sur-Oise, et des célébrations eucharistiques sont en principe proposées le samedi soir.
La nef, large et lumineuse malgré l'absence de fenêtres hautes, est couverte d'une fausse voûte en berceau en bois et plâtre ; elle communique avec ses bas-côtés par cinq grandes arcades, dont la dernière s'interrompt aux abords du chœur. Deux travées sont voûtées d'ogives : la première travée nord, qui sert de base au clocher, et la troisième travée sud, en avant d'un portail latéral. Les bas-côtés, peu marqués individuellement, présentent des fenêtres refaites à la Renaissance avec remplage flamboyant tardif ou motifs en plein cintre, et conservent en outre la base du clocher et l'accès à l'ancien baptistère, de plan heptagonal, couvert d'une voûte à sept branches à profil utilitaire. Le chœur-halle offre une voûte homogène retombant sur tailloirs octogonaux et culs-de-lampe ; les chapiteaux tardifs, décorés de rinceaux, chérubins et motifs fruitiers, contrastent avec la simplicité des parties anciennes et la diversité des réseaux des baies laisse penser à des aménagements successifs.
À l'extérieur, le clocher élancé se compose de trois niveaux ornés de niches à statues, balustrades et clochetons ; la grande flèche et les clochetons sont décorés de boudins et de crochets, et la terrasse portait des reliefs dont certains sont martelés. Une cloche datée de 1560, classée, porte une inscription et une dédicace et reste en place dans le beffroi. La façade occidentale, scandée par quatre contreforts, abrite un portail du XIIIe siècle à triple archivolte et chapiteaux de crochets ; le porche actuel date de 1915 tandis que des colonnettes fines ajoutées en 1908 complètent l'ensemble. Le chevet et les flancs présentent des contreforts sobres et des réseaux flamboyants aux fenêtres du chœur, la sacristie étant un ajout moderne.
Le mobilier comprend quinze éléments classés au titre des objets : parmi eux figurent les fonts baptismaux du XIIIe siècle, une Vierge à l'Enfant en pierre du milieu du XIIIe siècle, la poutre de gloire en noyer du début du XVIe siècle, une stalle seigneuriale du XVe siècle, plusieurs statues (saint Nicolas, un ange sonnant la trompette, sainte Marguerite, sainte Geneviève, saint Adrien, saint Roch), un confessionnal de 1779, une Vierge en marbre du début du XVIIe siècle et la verrière de la Passion de 1535. Les autres vitraux du chevet sont du XIXe siècle et racontent la vie de saint Vaast ou des épisodes de la vie du Christ ; certains ont été offerts par des familles locales. Dix-sept dalles funéraires sont scellées dans le sol ; la plus ancienne lisible date de 1569 et la plus récente de 1747, un nombre important provenant du prieuré Saint-Martin de Boran, démoli à la Révolution.