Origine et histoire de l'Église Saint-Vaast
L'église Saint‑Vaast de Saint‑Vaast‑lès‑Mello, située au centre du village dans la vallée du Thérain (Oise), est une paroissiale catholique appartenant aujourd'hui à la paroisse Sainte‑Claire de Mouy. La terre dépendait de la baronnie de Mello et le patronage de l'église était rattaché au chapitre de la collégiale de Mello ; au plan local, les chanoines de Saint‑Lucien de Bury assuraient théoriquement ce patronage en nommant un vicaire perpétuel. L'édifice a été bâti lentement et remanié à plusieurs reprises : une église romane à nef unique existe dès la seconde moitié du XIe siècle, la nef et les bas‑côtés sont reconstruits au cours du XIIe siècle, le transept et l'abside à plan pentagonal datent de la première moitié du XIIIe siècle, et le collatéral nord a été relevé aux XIIIe–XIVe siècles puis voûté à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le beffroi actuel a été installé dans la tour de croisée au XVIIe siècle et des travaux de restauration ont été entrepris au XIXe siècle. Classée monument historique par arrêté du 11 septembre 1906, l'église souffre néanmoins d'une dégradation progressive et de sérieux problèmes de stabilité, révélés déjà en 1937 par la mise en place d'un coffrage dans la croisée du transept et le calage de nombreuses arcades ; seules les piles méridionales du clocher ont été entièrement restaurées depuis lors.
L'édifice, d'assez petites dimensions (24 m de longueur interne et environ 10,50 m de largeur dans le transept), présente un plan en croix formé d'une nef de trois travées, d'un collatéral nord de même hauteur et largeur que la nef, d'un bas‑côté sud plus étroit, d'un transept peu saillant au nord et de petites chapelles orientées. L'ensemble est voûté d'ogives, sauf les chapelles qui conservent des voûtes en berceau brisé ; la première travée de la nef est pourvue d'une tribune en bois sommaire. Le chevet est couvert par des dalles de pierre calcaire, particularité partagée par quelques églises voisines.
La nef est très étroite (environ 3,15 m) et offre des voûtes d'ogives d'une grande ancienneté, datées des années 1140 par les dernières recherches ; la décision d'adopter le voûtement d'ogives semble avoir été prise en cours de chantier, comme l'attestent des piles cantonnées à certains niveaux et des dispositions différentes entre les piles. Les grandes arcades en tiers‑point, à double rouleau sans moulures, reposent sur des piles cruciformes et des chapiteaux encore très romans, souvent ornés de feuilles stylisées, d'entrelacs lâches ou de motifs grotesques ; un chapiteau est historié et plusieurs culs‑de‑lampe représentent des têtes grimaçantes. Les fenêtres hautes nord, en plein cintre et à double ébrasement, ouvrent sur le collatéral nord et ne sont pas vitrées ; celles du côté sud sont obstruées depuis le rehaussement du toit du bas‑côté.
Le bas‑côté sud conserve partiellement son caractère roman mais a été remanié au XVIe siècle pour la première travée ; il est peu éclairé en raison de l'obturation de certaines ouvertures et de l'absence de fenêtre occidentale. Le collatéral nord a gardé les grandes arcades romanes dans ses parties basses mais a été rehaussé et partiellement revoûté aux périodes gothiques, avec une vaste baie occidentale au remplage gothique ; plusieurs colonnettes anciennes y restent sans emploi apparent, vestiges d'interventions successives et d'un rehaussement inachevé.
Le transept et l'abside forment une unité homogène de style gothique primitif : la croisée porte le clocher et présente dans ses angles des faisceaux de colonnettes aux chapiteaux à crochets, tandis que l'abside présente six ogives rayonnantes autour d'une clé sculptée d'un agneau pascal et des fenêtres occupant presque toute la hauteur des pans du chevet. Les petites chapelles orientées sont voûtées en berceau brisé et restent sobres.
À l'extérieur, deux portails romains tardifs attirent l'attention par leur décor riche et contrasté avec l'austérité générale de l'édifice. Le portail occidental, daté par certains spécialistes du XIIe siècle, s'orne d'un gâble aigu décoré de fleurs de violette, d'archivoltes à bâtons brisés et d'un tympan gravé figurant, entre autres motifs, un loup, un coq et une colombe. Le portail sud, d'une forme en cintre surhaussé rare, présente un décor exceptionnel d'arcatures plaquées et des archivoltes ornées de fleurs de violette ; son dessin le rapproche d'exemples régionaux comme Namps‑au‑Val.
Le mobilier compte deux éléments inscrits parmi les objets classés : les fonts baptismaux en pierre calcaire de la seconde moitié du XIIe siècle, à cuve octogonale ornée de feuilles polylobées, volutes et roses, et une poutre à logettes du XVIe siècle, aux douze niches abritant les apôtres et le Christ, parfois qualifiée de poutre de gloire. Des traces de polychromie subsistent sur maçonneries et mobilier.
L'église présente ainsi une stratification architecturale et ornementale qui en fait un témoin intéressant des expériences de voûtement et des transitions stylistiques dans la région, tout en requiring des interventions urgentes pour assurer sa stabilité et sa conservation.
