Origine et histoire de l'Église Saint-Valentin
L'église Saint‑Valentin est une église catholique située à Jumièges (Seine‑Maritime), rue Guillaume‑le‑Conquérant, au sommet d'une pente douce. Elle a été bâtie à la demande de l'abbaye Saint‑Pierre de Jumièges entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle. Le chœur a fait l'objet d'une reconstruction au début du XVIe siècle, en style Renaissance, qui est restée inachevée par manque de moyens. Au XVIIe siècle, un clocher en charpente a remplacé la tour‑clocher. L'église est devenue paroissiale après la Révolution française et a été classée monument historique le 15 mars 1918. Une légende attribue à saint Valentin, prêtre de Rome martyrisé sous Claude II, la protection des habitants de Jumièges contre les rats, la famine et les maladies.
La nef romane, datée du début du XIIe siècle, est voûtée, compte six travées, deux bas‑côtés et présente un décor intérieur d'une grande simplicité. Dans le bas‑côté nord se trouvent les statues de saint Ouen, sainte Apolline et saint Sébastien (bois polychrome, XVIe siècle), tandis que le bas‑côté sud réunit sainte Marguerite (pierre peinte, XVIe siècle), saint Isidore accompagné d'un bas‑relief représentant une charrue tirée par un bœuf (XVIIe‑XVIIIe siècle) et saint Siméon. Les fonts baptismaux octogonaux, introduits au XIVe siècle et d'origine polychrome, sont installés dans le bas‑côté sud; derrière la cuve se voit un bas‑relief d'angelot tenant une robe baptismale, daté des XVe‑XVIe siècles.
Autrefois une tour lanterne comparable à celle d'Yainville se dressait entre la nef et le chœur; elle fut ensuite couverte par une charpente en bois et remplacée au XVIIe siècle par un clocher en charpente. Le transept abrite plusieurs icônes, parmi lesquelles est mentionnée une Trinité attribuée à Andreï Roublev. Le chœur, composé de neuf travées, accueille l'autel majeur peint en marbre et provenant de l'abbaye de Jumièges, ainsi qu'un lutrin en forme d'aigle évoquant saint Jean l'évangéliste; une statue polychrome en chêne du XVIe siècle représentant l'Ecce Homo est apposée sur un pilier à gauche.
Le déambulatoire, séparé de la nef par de grandes colonnes cylindriques, dessert huit chapelles rayonnantes et la sacristie. La chapelle Saint‑Jean‑Baptiste, ancien siège de la confrérie du Loup‑Vert, est la seule entièrement achevée et éclairée; elle abrite un retable en bois polychrome flanqué d'une statue de saint Jean‑Baptiste et d'une statue de sainte Catherine. La chapelle Saint‑Joseph possède une verrière ancienne et un retable peint du début du XVIIe siècle, avec une représentation de sainte Bathilde et une statue de saint Nicolas en pierre. La chapelle du Château conserve une fresque de la procession de la relique de saint Valentin (XVIe siècle), une peinture de Pierre‑Asthasie‑Théodore Sentiès représentant un cortège ayant miraculeusement secouru le village, ainsi qu'une toile attribuée à Raffaello Vanni, dite Allégorie de la Foi, œuvre qui a parfois été attribuée à Guido Reni et suscite des interrogations sur son auteur et son interprétation.
La chapelle Notre‑Dame de Lourdes conserve un tableau de saint André, l'une des plus anciennes représentations peintes de l'abbaye de Jumièges, datant de la première moitié du XVIIe siècle. La chapelle Saint‑Philibert accueille un confessionnal d'époque Louis‑XIII. La chapelle axiale dite du Sacré‑Cœur, ornée de vitraux, présente deux maquettes de bateaux en bois suspendues, installées au XIXe siècle. La chapelle Sainte‑Anne possède un retable avec deux anges adorateurs en bois polychrome du XVIIe siècle, attribués à Michel Lourdel, dont les mains ont été perdues. La sacristie est fermée par des boiseries surmontées d'un écusson d'époque Louis‑XIII. La chapelle de la Vierge est aujourd'hui utilisée pour les baptêmes.
Parmi les vitraux conservés figurent un saint Simon du XVe siècle, une scène de Moïse recevant les tables de la loi datée de 1517 dans la chapelle absidiale, et un fragment représentant Jonas daté de 1576. Le cimetière communal entoure l'église Saint‑Valentin; après la Seconde Guerre mondiale, deux soldats gallois repêchés dans la Seine près de la cale d'Heurteauville y ont été enterrés.
