Origine et histoire de l'Église Saint-Vast
L'église Saint-Vaast de Moreuil, située dans le centre-ville de Moreuil (Somme), se compose d'une nef et d'un chœur reconstruits au XIXe siècle. En 1791, l'abbaye de Moreuil fut supprimée et l'ancienne église abbatiale devint l'église paroissiale. La nef et le chœur furent reconstruits au XIXe siècle ; en 1863, sous l'impulsion du curé-doyen Voclin, la nef latérale droite fut rebâtie et l'ensemble de l'édifice surélevé, les voûtes reposant sur des piliers en pierre dont le premier pilier à gauche porte l'inscription « 3 Mallot & Bandin ». Seules certaines parties anciennes du chœur et des chapelles latérales furent conservées. L'intérieur fut transformé en 1868 avec l'ajout d'une troisième allée à droite ; en 1870 l'autel principal fut offert par les enfants de Charles Deflandre, marguillier, et l'édifice restauré fut consacré par Mgr Bataille, évêque d'Amiens. Au printemps 1918, ce qui restait de l'église abbatiale du XVIe siècle, notamment son puissant clocher carré et son portail Renaissance, fut anéanti lors de la bataille du Kaiser. Une nouvelle façade avec clocher-porche fut édifiée entre 1929 et 1931 par les architectes Charles Duval et Emmanuel Gonse ; elle est réalisée en béton armé avec un parement de brique et s'inspire des églises des frères Perret. L'église est protégée au titre des monuments historiques par inscription par arrêté du 4 novembre 1994.
Le chœur et la nef présentent un parement de brique de style néo-gothique du XIXe siècle. Le clocher, quadrangulaire à sa base et octogonal en partie haute, culmine à 62 mètres à la croix ; au-dessus de la première plate-forme se trouve une chambre abritant les quatre grosses cloches, tandis qu'une chambre supérieure contient une petite cloche pour le carillon. Les abat-sons en béton armé présentent des motifs en nids-d'abeilles ; la tour est flanquée d'une tourelle ajourée qui renferme un escalier en colimaçon et la flèche, elle aussi en béton, est surmontée d'une croix en béton.
Le porche d'entrée est orné d'une frise en béton armé sculptée par Raymond Couvègnes, qui a moulé autour d'un Dieu glorieux saint Pierre, saint Paul, saint Georges, saint Christophe tenant l'Enfant, saint Nicolas avec ses petits enfants, sainte Jeanne d'Arc et sainte Catherine. La partie supérieure de la façade porte trois motifs sculptés du même artiste, centrés sur saint Vaast et son ours légendaire, entouré d'anges thuriféraires.
À l'intérieur, les fonts baptismaux sont placés à gauche de l'entrée, tandis que la chapelle des Morts, située en vis-à-vis, reçoit une lumière bleutée par ses claustras. Une tourelle en béton armé contient l'escalier menant à la vaste tribune qui se situe entre le clocher et la chapelle des Morts et qui est largement éclairée par la grande verrière de la façade. L'ossature extérieure de cette verrière est en béton armé ; le vitrail, qui représentait Le Christ et la Samaritaine et avait été réalisé par Jean Hébert-Stevens et André Rinuy, fut détruit en 1940 et remplacé après la guerre par des verrières de Raoul Cagnart. Les décors peints sont de Henri Marret et les mosaïques de l'autel de Jean Gaudin, tandis que les sculptures de la façade sont également l'œuvre de Raymond Couvègnes. Les ossements exhumés dans l'église furent déposés dans un vaste cercueil en béton armé placé sous le maître-autel, au-dessus de la crypte du XVe siècle qui servait de nécropole au cardinal de Créquy. Les orgues conçues par Max Joseph Alexandre Roethinger en 1959 ont été relevées par la manufacture Marc Hédelin en 2016.