Origine et histoire de l'Église Saint-Vénérand
L'église Saint-Vénérand, située à Laval (Mayenne), est un édifice paroissial riche d'une longue histoire et d'une architecture composite. On lui attribue parfois une origine à la fin du XIVe siècle ; elle comprend un vaste chœur à cinq nefs prolongé par une abside centrale. L'absence d'un lieu de culte proche incita les habitants du faubourg du Pont-de-Mayenne à entreprendre sa construction ; la première pierre fut posée le 16 mai 1485 par le comte de Montfort (futur Guy XV). Dès 1490 on y déposa des reliques de saint Vénérand, reçues auparavant de l'abbaye de Conches, donation dont la remise avait eu lieu le 15 mai 1480. Vers 1500 la fine flèche en ardoise du clocher, œuvre du charpentier Jean Bodin, fut élevée. À partir de 1522, des travaux d'agrandissement affectèrent la nef, le transept et le chœur; les voûtes du chœur portent la date de 1565. La nef fut allongée d'une travée en réutilisant la partie inférieure d'une ancienne façade de style Louis XII ; la partie supérieure du porche et la tourelle d'escalier, attribuées au maître maçon Jamet Nepveu, furent achevées en 1594 dans un style Renaissance. Le portail, œuvre commencée vers 1523 et terminée en 1594, constitue la partie la plus décorée de l'édifice : il associe motifs ogivaux et éléments de la Renaissance, dais, clochetons et une riche ornementation sculptée, tandis qu'une tourelle-abri d'escalier porte la date de 1556. Aux XVIIe et XVIIIe siècles l'église connut de nouvelles extensions et aménagements : agrandissement du bras droit du transept vers 1602, chapelles ajoutées à l'ouest en 1642 et à l'est en 1690, allongement du bras gauche du transept par François Langlois entre 1690 et 1697, puis une chapelle supplémentaire réalisée en 1705. De nombreux autels, retables et ornements furent successivement financés par des donateurs locaux, tandis que la confrérie du Saint-Sacrement et d'autres associations paroissiales animèrent la vie religieuse. Le chevet et les voûtements furent progressivement achevés au cours du XVIe siècle ; l'abside porte l'inscription de 1565 attestant l'achèvement des voûtes. Au XIXe siècle des voûtes de briques remplacèrent le voûtement d'origine dans la nef et le transept (1853–1854), l'architecte Eugène Boret fit ajouter deux bas-côtés en 1870 et Louis Garnier procéda à la restauration de la façade en 1891 ; ces aménagements du XIXe siècle ont été partiellement détruits lors des campagnes de restauration entreprises de 1987 à 2006. L'église a conservé sept retables, dont un du XIXe siècle et quatre datés du XVIIIe ; certains retables anciens, notamment le maître-autel attribué à Tugal Caris, ont été vendus ou déplacés au XIXe siècle. Les vitraux ont longtemps orné l'ensemble : deux verrières du XVIe siècle subsistent dans les transepts — La Crucifixion, attribuée à Raoul de Nimègues, et La Vie de Moïse, attribuée à Simon de Heemsce — restaurées en 1897, 1953 et 1995; en 2005 Michel Soutra a réalisé des panneaux contemporains accompagnant ces œuvres et a créé quatre verrières pour le chœur en remplacement de verres du XIXe siècle. L'édifice présente, dans son plan et ses proportions, une grande régularité : nef principale, bas-côtés, transepts et collatéraux formant déambulatoire, avec deux chapelles en arrière et un chevet en abside. Conservatrice d'une riche histoire paroissiale, l'église témoigne aussi par ses inscriptions, dalles funéraires et objets liturgiques de la vitalité des dévotions et des fondations locales aux XVIe–XVIIIe siècles.