Église Saint-Véran d'Utelle dans les Alpes-Maritimes

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise baroque Eglise gothique

Église Saint-Véran d'Utelle

  • Place de la République
  • 06450 Utelle
Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
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Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
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Église Saint-Véran dUtelle
Église Saint-Véran dUtelle
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIe siècle, XIIIe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise Saint-Veran (cad. M 776) : classement par arrêté du 5 décembre 1963

Origine et histoire de l'Église Saint-Veran

L’église Saint-Véran, située à Utelle (Alpes-Maritimes), est dédiée à saint Véran, évêque de Cavaillon et évangélisateur local selon la tradition, et s’inscrit sur un site où existaient déjà des familles chrétiennes. L’histoire de sa construction fait l’objet de débats : si une église romane y aurait été édifiée entre le IXe et le XIe siècle, son plan actuel n’est pas roman. D’après Jacques Thirion, les colonnes et chapiteaux de la nef remontent au XIVe siècle, une survivance tardive du style roman comparable à d’autres églises du comté de Nice et du Dauphiné. Une tradition locale associe la construction de l’église d’Utelle à celle de La Tour, réalisée par le même maître d’œuvre ; une date portée sur une colonne nord est lue comme 1319 par certains et comme 1519 par Luc Thévenon. Le style des chapiteaux, attesté depuis le XIIe siècle, se rencontre encore dans des édifices de la région au XVIe siècle. La tradition fait état d’un séisme en 1452 ayant en grande partie détruit l’église et d’une reconstruction menée par le prieur Ciaudo Grimaldi jusqu’en 1457, mais aucune source d’archives ne confirme ce tremblement de terre ; d’autres séismes, notamment en 1493 et en août 1564, sont documentés dans la vallée de la Vésubie et ses environs. L’étude architecturale révèle des phases de construction successives et des réemplois d’éléments plus anciens, comme le mur occidental du collatéral sud, et une porte du collatéral qui pourrait dater du XIVe siècle. Les vantaux du portail, datés de 1542, représentent la vie de saint Véran en douze panneaux ; le portail lui‑même est probablement un peu antérieur, vers 1510, et précède un grand porche « à l’italienne » voûté à liernes et tiercerons dont les chapiteaux, proches de ceux de Sigale ou de Tende, sont datés du premier tiers du XVIe siècle. Les murs gouttereaux, relativement fins par rapport à la portée de 6,90 m des voûtes de la nef centrale, suggèrent qu’un toit en charpente a d’abord couvert l’édifice ; les voûtes actuelles datent du XVIIe siècle, époque où les parties hautes des murs furent reprises et la décoration intérieure « baroquisée ». La date du 11 mai 1651 est gravée sur le chevet extérieur et pourrait correspondre à la fin de ces travaux ; la décoration rappelle celle de la cathédrale Sainte-Réparate de Nice, avec un rendu plus modeste. Le campanile, de type roman lombard, est contemporain de l’église. L’église eut pour prieur Ludovic (ou Louis) Grimaldi de Bueil, frère d’Honoré et de Jacques Grimaldi ; il fut élevé à l’évêché de Vence par bulle du 13 mars 1560 du pape Pie IV et mourut à Nice en février 1607. L’ensemble de l’église est classé au titre des monuments historiques depuis le 5 décembre 1963 ; les cloches — Saint Véran, Sainte Clotilde, Sainte Lucie et Virgo Maria — sont classées au titre des objets mobiliers.

Le bâtiment présente un plan barlong à trois nefs (nef centrale et bas‑côtés), quatre travées et un chevet plat voûté d’arêtes. L’accès se fait par une porte latérale précédée d’un porche gothique ; les vantaux de 1542 illustrent la vie de saint Véran en douze panneaux. Le mobilier est riche : un panneau de l’Annonciation réalisé vers 1540 par un peintre ligure anonyme selon Luc Thévenon, parfois rapproché de l’école des Bréa, porte le blason de la famille Passeroni d’Utelle ; le retable de saint Antoine et deux retables complétant l’ensemble furent exécutés en 1771‑1772, avec la participation d’un maître stucateur nommé Caldero, qui réapparaît dans les comptes en 1775‑1776 avec le maître Pierre Molinaro pour le décor stuqué de la sacristie. Le maître‑autel et la chaire datent du XVIIe siècle ; un Christ au tombeau en bois sculpté du XIIIe siècle se trouve sous l’autel du collatéral droit. Une statue de saint Véran du XVIIe siècle, polychrome et coiffée d’un turban, et des fonts baptismaux ornés d’une pyramide en bois sculpté datée de 1775 complètent les éléments liturgiques, ainsi qu’un retable du Rosaire. Dans le chœur, le retable de la Passion, en noyer sculpté et daté du XVIIe siècle, mesure 7,50 m de haut sur 4,80 m de large ; il comporte trois étages de panneaux sculptés, une prédelle peinte de treize scènes préparatoires à la Passion (dont l’entrée du Christ à Jérusalem, la Dernière Cène, le lavement des pieds, la prière au jardin des Oliviers, l’arrivée de Judas, l’arrestation, le reniement de Pierre et les comparutions chez Anân, Caïphe, Hérode et Pilate), des panneaux et bas‑reliefs représentant la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de croix, la pâmoison de la Vierge et une Mise au tombeau, ainsi qu’un fronton où figurent des femmes au tombeau avec un ange en ronde‑bosse et, au‑dessus, le Christ sortant des limbes entouré de six patriarches. Ce retable, probablement mis en place dès la fin des travaux autour de 1651, combine des formes anciennes et locales plutôt que l’expression pleine du baroque, sans qu’on puisse en définir précisément l’auteur. Enfin, le chœur conserve deux toiles liées à la maison de Savoie : l’une représente le bienheureux Amédée IX distribuant l’aumône, avec les insignes de l’Ordre de l’Annonciade et de l’Ordre des Saints‑Maurice‑et‑Lazare ; l’autre dépeint saint Maurice d’Agaune et le Saint‑Suaire avec l’étendard savoyard ; ces deux toiles furent vraisemblablement réalisées sous Victor‑Amédée II, à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle, par un artiste inconnu.

Liens externes