Origine et histoire de l'Église Saint-Victor
L'église Saint-Victor, située dans le centre-ville de Guyancourt (Yvelines), est un édifice gothique dédié à saint Victor, soldat romain martyr mort le 21 juillet 303 à Marseille. Certains éléments semblent antérieurs au XIIIe siècle : des sarcophages mérovingiens découverts en 1998 évoquent la présence d'un lieu de culte dès le VIe siècle. La cloche fondue en 1557, refondue en 1900, est classée depuis le 27 avril 1944 et l'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 11 janvier 1951. Les travaux de 1998, destinés à installer des gaines de chauffage, ont mis au jour des sarcophages datés de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle, confirmant que l'église a été édifiée sur un ancien cimetière. Selon l'abbé Jean Lebeuf, la création de la paroisse serait due à Guy de Chevreuse, auteur supposé du toponyme Guidonis Curtis, mais une origine germanique liée à Guyan ou Wido paraît plus vraisemblable. Le nom du village a évolué successivement en « Guidoncourt », « Guyoncourt », « Guyencourt » pour aboutir à « Guyancourt » sur le cadastre napoléonien de 1811. D'après Lebeuf, les reliques destinées à l'église auraient été obtenues auprès des chanoines de l'abbaye de Saint-Victor de Paris et la fête paroissiale se célèbre le 21 juillet. L'édifice fut consacré le 25 juin 1533 par l'évêque Guy de Montmirail, qui y bénit six autels. Jean Lebeuf signale des têtes de bœufs sculptées sur certains supports de voûte, attribuées au financement des marchands de bœufs du hameau de Bouviers, qui demeurent visibles malgré l'érosion. En 1553, les habitants de Bouviers obtinrent du curé Geoffroy Barbereau la permission de construire à leurs frais une chapelle dédiée à sainte Barbe, à la condition d'y chanter l'office une seule fois l'année et d'assister aux grandes fêtes à Saint-Victor ; il n'en subsiste aujourd'hui que des ruines et un lieu-dit. L'église est bâtie en calcaire et en meulière ; elle présente une nef de cinq travées, deux collatéraux partiellement occupés par des chapelles et un chœur orienté à l'est. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le cimetière entourait l'église ; un décret du 14 juin 1854 autorisa son transfert rue de la Rigole. L'entrée s'ouvre sous un arc tendu inscrit dans un arc brisé, réalisé en meulière grossièrement taillée, et se fait par une porte en lourdes planches rappelant celles des granges. La simplicité du décor et la proportion presque carrée de la nef confirment le caractère rural de l'édifice. Sur le haut des piliers figurent, au pochoir, des croix pattées rouges associées à l'ordre du Temple, dont l'implantation fut importante sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines ; ce motif se retrouve dans les armoiries des seigneurs Piedefer. Jusqu'au début du XIXe siècle, une ferme appelée « de la Commanderie » existait à Villaroy ; le cadastre conserve ce toponyme mais aucun lien formel avec la famille Piedefer n'a été établi. Le clocher abrite deux cloches : la première, installée en 1506 et nommée Louise, fut remplacée en 1557 par une cloche nommée Marie, puis refondue à Louviers et baptisée le 28 octobre 1900 en présence de Henri Besnard et de Mme Besnard-Dufrenay. La seconde cloche, installée en mai 2000, a été placée en mémoire de Leslie, Jean-Damien et François, victimes d'une avalanche le 22 janvier 1998 ; elle fut baptisée le 6 mai 2000 par l'évêque Jean-Charles Thomas en présence du maire Roland Nadaus. À droite de l'entrée, une plaque de marbre blanc rend hommage aux morts de Guyancourt pendant la Première Guerre mondiale ; sur le même mur, une autre plaque rappelle que l'abbé Chaude fit ériger en 1854 deux autels en ex-voto contre l'épidémie de choléra de 1850, autels aujourd'hui disparus. Toujours sur ce mur se trouve une dalle d'environ 2 m sur 1 m représentant en marbre blanc, incrusté dans la pierre, la gravure grandeur nature d'un homme dont les inscriptions sont effacées. Sur le côté gauche, la pierre tombale de Robert Piedefer, seigneur de Guyancourt, fixée au mur, porte l'inscription funéraire rappelant son décès le 13 juin 1627. Le pilier de gauche conserve la plaque mémoriale de Jeanne Jarderon, gouvernante des enfants du seigneur de Guyancourt, qui mourut le 4 octobre 1617 et fit, selon l'inscription, diverses libéralités à l'église pour la célébration d'obits. La chapelle Saint-Victor, située près du chœur sur le bas-côté gauche, abrite une statue anonyme en plâtre polychrome du XIXe siècle représentant le saint en tenue de soldat romain, appuyé sur un bouclier et tenant une croix ; la bénédiction de cette chapelle eut lieu le 20 juillet 1884 par l'abbé Maxime Caron. L'autel consacré à Jeanne d'Arc, placé à droite de l'entrée à proximité de la plaque commémorative de la Première Guerre mondiale, comporte un autel et un tabernacle de style gothique flamboyant du XVIe siècle. Parmi les curés connus figure Jean de Galles, titulaire de 1467 à 1477, qui fut suppléant du vicaire de l'archidiacre et visiteur des paroisses du doyenné de Châteaufort ; son frère Richard était curé de Bois-d'Arcy. L'art pictural lié à l'église comprend notamment une huile sur toile de René Aubert intitulée L'église de Guyancourt, conservée au musée Lambinet de Versailles.