Origine et histoire de l'Église Saint-Vidian
L'église Saint-Vidian de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) est un édifice catholique principalement daté du XIVe siècle, qui conserve des éléments plus anciens et des vestiges du prieuré primitif. Elle a été remaniée à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle ; la nef se termine par un chevet à pans coupés et le clocher prend la forme d'une tour carrée se transformant en octogone, chaque pan des deux étages percé d'une fenêtre ogivale. L'église est dédiée à saint Vidian (ou Vivien d'Aliscans), chevalier de Charlemagne, martyr près de Martres-Tolosane, fêté le 27 août. Classée au titre des monuments historiques en 1926, elle repose sur un site occupé dès l'époque gallo-romaine. Ce complexe antique a évolué en centre paléochrétien puis en basilique funéraire dotée d'une nécropole dédiée à sainte Marie, comme l'attestent des sarcophages paléochrétiens mis au jour. Au IXe siècle saint Vidian y fut enseveli après son martyre et, au Xe siècle, un prieuré dépendant de l'abbaye Saint-Sernin de Toulouse s'implanta sur le lieu. La petite église romane du prieuré, devenue délabrée, fut démolie au XIIIe siècle et reconstruite en briques à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle ; elle fut consacrée en 1309 et rattachée au diocèse de Rieux après sa création. Transformée en temple de la Raison pendant la Révolution, l'église subit destructions et dispersion d'objets, puis des campagnes de restauration commencèrent en 1814. Le clocher, assis sur les soubassements de la tour du prieuré, connut un tremblement de terre en 1838 et un foudroiement en 1856 ; il fut reconstruit en 1865 sous la forme octogonale actuelle, avec baies et meurtrières de type toulousain. Les travaux menés entre 1950 et 1966 ont mis au jour des fondations antiques et renforcé la valeur archéologique de l'édifice. Longue de 50 mètres, large de 11 mètres et haute de 12 mètres, l'église conserve l'entrée en plein cintre de l'ancienne église du prieuré. À l'extérieur, dans un espace clos à gauche du chevet, plusieurs sarcophages paléochrétiens sont exposés aux côtés d'un Christ en croix. L'intérieur présente de nombreux fragments de sculpture gallo-romaine et des bas-reliefs ; à l'arrière sont rassemblés des sarcophages paléochrétiens richement décorés et le gisant de Roger de Sarrieu daté de 1576. L'un des sarcophages, en marbre de Saint-Béat daté du VIe siècle, porte quatre registres de fleurs à huit pétales et un chrisme central ; son couvercle non décoré témoigne d'un remploi médiéval et il fut découvert en 1948 près de l'enceinte de la villa antique. Un second sarcophage, également en marbre de Saint-Béat et dit de saint Vidian, est orné de chevrons, de pilastres cannelés et d'un chrisme entouré d'une triple couronne ; certaines lettres et signes y sont inversés, phénomène parfois constaté sur les monuments du Sud-Ouest, et il servit de cuve baptismale de 1635 au Second Empire. Le gisant de Roger de Sarrieu, seigneur de Martres et officier sous les règnes de François II, Charles IX et Henri III, le représente en armure, les mains jointes ; ce tombeau et un sarcophage en marbre du VIe siècle sont classés parmi les objets des monuments historiques. Un tableau du XVIIe siècle figurant le chevalier Vivien à la bataille d'Aliscans, une plaque funéraire datée de la dédicace de l'église en 1309 et des fragments de bas-relief en marbre de Carrare provenant d'un couvercle de sarcophage italien sont également conservés et classés. La chapelle Saint-Jean-Baptiste abrite la cuve baptismale et un chemin de croix réalisé par la faïencerie Cabaré de Martres-Tolosane ; la chapelle de la Vierge est ornée d'une statue de la Vierge à l'Enfant tenant un lys et l'Enfant tenant un globe. Dans la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, l'autel, le tabernacle et le retable en bois sculpté encadrent un Christ de pitié et un tableau représentant une Pietà ; ces éléments datés du XIXe siècle sont classés. La chapelle Saint-Vidian conserve le portail à cinq voussures provenant de l'ancienne église du prieuré, une voûte en briques à ogives de pierre, des colonnes en marbre vert et des chapiteaux en marbre de Campan issus de la villa de Chiragan. Son autel gothique flamboyant du XVe siècle abrite des reliques de saint Vidian, de saint Blaise et de saint Nicolas ; y sont également classés trois coffrets-reliquaires, quatre colonnes et quatre chapiteaux gallo-romains ainsi que le monument sépulcral dit de saint Vidian. En sacristie se trouvent une châsse contenant un peigne attribué à saint Vidian, datée du XIIe siècle et en ivoire d'origine perse de style siculo-arabe, ainsi que plusieurs coffrets-reliquaires des XIIIe et XVIIe siècles, remaniés avec des panneaux du sculpteur Pierre Fontan. Un coffret-reliquaire du XVIIe siècle présente sur ses faces des scènes de la vie du saint et un couvercle sculpté de fleurs de lis et de musiciens ; d'autres objets classés ou inscrits comprennent des bustes-reliquaires du XIXe siècle, des vases de faïence et divers ornements liturgiques. Plusieurs éléments rappellent l'importance archéologique et cultuelle du site, qui associe vestiges antiques, mobilier médiéval et décorations plus récentes.