Origine et histoire de l'Église Saint-Vigor
L'église Saint-Vigor est une église catholique située à Colleville-Montgomery, dans le département du Calvados en Normandie. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1927. Un des plus anciens documents mentionnant Colleville, orthographié Colivilla, est une charte de 1082 signée par Guillaume le Conquérant et Mathilde qui attribue à l'abbaye de la Trinité de Caen deux gerbes de la dîme de Colleville. La première église fut sans doute bâtie au VIIIe siècle, époque où de nombreuses paroisses furent dédiées à saint Vigor. Le patronage était exercé alternativement par l'abbaye de la Trinité de Caen et par le chapitre de la cathédrale de Bayeux; le patron assurait l'entretien, choisissait le curé et percevait une part des revenus. Jusqu'en 1680 la paroisse compta deux curés, puis les deux cures furent réunies et un vicaire fut adjoint au curé. La dîme était partagée en quinze parts dont quatre revenaient au curé et au vicaire, le reste étant réparti entre l'abbaye de la Trinité, l'évêché et, pour une petite part, l'église du Sépulcre de Caen et le Val-Richer. La famille Le Sueur de Colleville, de petite noblesse et possédant une part importante des terres, était depuis le XVIIe siècle convertie à la Religion réformée et n'habitait pas le village. Au moment de la Révolution française, le curé refusa de prêter serment à la Constitution et fut déclaré réfractaire. Le 7 juin 1944, des tirs d'obus anglais visant des soldats allemands postés en haut de la tour endommagèrent le clocher et détruisirent une partie du chœur, qui furent ensuite reconstruits à l'identique.
L'église a conservé quelques voûtes en plein cintre qui témoignent de ses origines romanes, mais elle a été remaniée à plusieurs reprises. Certaines parties datent des XIIIe et XVe siècles et, au XXe siècle, toutes les fenêtres ont été déplacées ou agrandies pour apporter plus de lumière. L'édifice se compose principalement d'une nef couverte de tuiles, d'un chœur flanqué au nord d'une chapelle, de toits d'ardoise et d'une tour carrée crénelée située côté nord près de la chapelle. Sur les murs latéraux de la nef subsistent les traces de quatre grandes arcades en plein cintre, aujourd'hui murées, qui ouvraient sur des bas-côtés disparus, et un cordon marque la séparation des deux niveaux ; au-dessus, notamment dans le mur nord, figurent des pierres disposées en arête-de-poisson. Les murs sont soutenus par des contreforts solides; une croix antéfixe romane orne le pignon central et quelques modillons sculptés subsistent sur le mur méridional du chœur.
La porte d'entrée occidentale, en plein cintre mais attribuée au XIIIe siècle par Arcisse de Caumont, présente de fines colonnes annelées presque détachées du mur, des fûts partagés par un anneau et des chapiteaux décorés de crochets élancés, tandis qu'une petite ouverture la surmonte. La nef romane, érigée aux XIe ou XIIe siècles, compte quatre travées; elle n'a jamais été voûtée et ses baies originelles, étroites, avaient des arcs légèrement brisés; au XXe siècle les baies supérieures ont été replacées entre les contreforts et les grandes fenêtres du premier niveau sont alignées. À l'intérieur la quatrième travée s'ouvre au nord par une arcade en plein cintre sur un espace contenant un autel, relié par un couloir à la chapelle Notre-Dame qui donne accès à la porte du clocher. Une petite porte romane du mur sud, aux archivoltes ornées d'étoiles et de bâtons brisés formant des losanges, a disparu et a été remplacée par une fenêtre.
La tour-clocher, accolée à la façade nord, compte trois niveaux dont la partie inférieure est du XIIe siècle et la supérieure du XVe; seul le troisième niveau possède de hautes fenêtres étroites munies d'abat-sons. La tour est couronnée d'un parapet crénelé protégeant une plate-forme surmontée d'une girouette en fer forgé, tandis que deux grandes gargouilles côté nord assurent l'évacuation des eaux. La nef et le chœur sont séparés par un arc en plein cintre à double rouleau, dont une archivolte porte des bâtons brisés et l'autre des tores; ces archivoltes reposent sur des colonnes aux chapiteaux sculptés de moulures perlées, de palmettes ou de godrons. La première travée du chœur date du XIIe siècle; les voûtes du reste du chevet ont sans doute été reprises lors de la construction de la chapelle Notre-Dame-des-Vœux au XIIIe siècle, qui communique par deux arcades en arc brisé. Lors des réparations après les dégâts de juin 1944, le mur aveugle du chevet fut percé d'une grande fenêtre à meneaux et le tableau du vieux retable représentant une nativité a été placé sur le mur droit de la nef. Les fonts baptismaux du XVIIIe siècle, initialement prévus à l'entrée de la nef, ont été déposés dans la chapelle dans les années 1980. Tous les vitraux, détruits en 1944, ont été remplacés par des créations du maître-verrier Jacques Michel, représentant des scènes des évangiles et de la Bible, ainsi que saint Vigor.