Origine et histoire de l'Église Saint-Vigor
L'église Saint-Vigor de Quettehou est un édifice catholique situé sur une hauteur dominant la baie de Saint-Vaast, à l'ouest du bourg de Quettehou, dans le département de la Manche, en Normandie. Elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 11 octobre 1971. À la fin du IXe siècle, Kétil Flatnes, roi des Hébrides, établit une base sur la colline où se trouve l'église. Jusqu'en 1215, l'église dépendait de l'Abbaye aux Dames de Caen, qui l'avait reçue, avec la baronnie, de la reine Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant. Selon la Gallia Christiana, Hugues de Morville, évêque de Coutances, donna en 1214 ou 1215 la troisième part des dîmes de Quettehou à son chapitre, et les deux autres parts ainsi que le patronage de l'église à l'abbaye de Fécamp. Le mercredi 13 juillet 1346, Édouard III, récemment débarqué, adoube chevalier son fils Édouard, futur Prince Noir, ainsi que plusieurs autres jeunes chevaliers; une plaque apposée en 1991 rappelle cet événement et, à cette époque, seuls la nef et le chœur étaient construits. La nef et le chœur datent de la première moitié du XIIIe siècle et remplacent une ancienne église romane. Le patronage appartint aux bénédictins de Fécamp, qui reconstruisirent le chœur, tandis que la nef fut relevée par les habitants de la paroisse. La tour fortifiée, carrée, à encorbellement et dotée de gargouilles, fut élevée entre 1485 et 1497 par les trésoriers de l'église; une dédicace autour de l'oculus de sa voûte mentionne Maistre Jehan Dumesnil, curé, et les trésoriers Guillaume Jouan et Jehan Picart. Contemporaine de celle de Morsalines, elle présente au second étage, sur chaque face, une baie gothique. La nef se compose de cinq travées barlongues. Le chœur, éclairé par trois fenêtres, présente de petites arcades surbaissées et de belles rosaces normandes sculptées en défoncement. Le bas-côté sud, ajouté à la nef, fut commencé au XVIe siècle et achevé en 1765; il s'éclaire par de larges baies. La chapelle nord et la sacristie à l'est du chœur ont été ajoutées ultérieurement. Les piliers portent de nombreux graffitis marins du XVIIIe siècle, tels qu'un vaisseau de l'époque de Tourville avec treize canons visibles (XVIIe siècle) et une flûte de l'époque de la bataille de la Hougue (XVIIe siècle). En 1948, le chanoine Gohier remplaça les verrières endommagées en 1944 par des vitraux représentant les armes d'anciennes familles nobles de la paroisse. Le cimetière contient une tombe ornée des armes de la famille Dursus, sieurs de Lestre (« d'or au trois agaces au naturel, 2 et 1 »), portant l'épitaphe de Catherine Dursus La Boissaye, veuve de Hyacinthe Le Poittevin de Duranville, écuyer, décédée le 27 janvier 1815 à l'âge de 90 ans et qualifiée de « modèle de toutes les vertus ». L'église conserve un christ de pitié en bois polychrome (XIVe ou XVe siècle) et une Vierge à l'Enfant du XVe siècle, classés au titre d'objets aux monuments historiques, ainsi que les reliques de la bienheureuse Placide Viel (XIXe siècle).