Origine et histoire de l'Église Saint-Vincent
L'église Saint‑Vincent, édifice catholique paroissial de Moussy‑le‑Neuf (Seine‑et‑Marne, Île‑de‑France), occupe le centre du village et son élévation méridionale donne largement sur la place Charles‑de‑Gaulle, où se situent la halle, le monument aux morts et la mairie ; la rue de l'Église traverse le parvis devant la façade occidentale. Quelques éléments datent du début du XIIIe siècle, mais l'édifice a été presque entièrement reconstruit au cours du XVIe siècle ; sa longueur est marquée par une faible hauteur et par un voûtement d'ogives qui lui confère un caractère gothique flamboyant rustique de modénature simple, le chevet restant toutefois plus soigné avec des fenêtres à remplage élaboré propres à la fin du XVe et au premier tiers du XVIe siècle. Le voûtement de la nef, réalisé plus tardivement vers 1560‑1570, montre des influences de la Renaissance, tandis que le portail et les fenêtres latérales des bas‑côtés ont été refaits à la période moderne. L'intérieur conserve un ensemble mobilier remarquable des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment la chaire à prêcher, le banc d'œuvre, les autels et surtout les boiseries du chevet et de l'abside qui présentent trois grands tableaux de retable et six toiles plus petites illustrant le martyre de saint Vincent. Des peintures murales variées subsistent, en particulier des représentations des Apôtres de la fin du Moyen Âge peintes sur des piliers de la nef, ainsi que quelques statues ; la mémoire de sainte Opportune y est également présente par des reliques vénérées à Moussy‑le‑Neuf depuis le IXe siècle. Pendant près de six siècles la localité a compté deux églises : Saint‑Vincent, dont la construction débute à la fin du XIIe siècle et qui est mentionnée pour la première fois en 1205, et l'église priorale Sainte‑Opportune d'origine plus ancienne, liée à la translation et à la vénération des reliques de la sainte. Au fil du Moyen Âge la cure relève de l'évêque de Paris et la paroisse, érigée au début du XIIIe siècle, dépend du doyenné puis de l'archidiaconé et du diocèse de Paris ; des chapelles, des foires et des établissements hospitaliers sont signalés dans les sources médiévales. Sous la Révolution les reliques de sainte Opportune furent conservées dans Saint‑Vincent, le prieuré fut supprimé et transformé en grange, et la paroisse connut les troubles liés à la période révolutionnaire, dont l'arrestation et la déportation du curé Martin Ganneval qui revient en 1795 et reste en fonction jusqu'à sa mort en 1809. La fête de sainte Opportune, animée par une procession et un pèlerinage jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, a été relancée lors d'une fête médiévale en 2010 et se tient désormais tous les deux ans. Les campagnes de construction ont été reconstituées par l'analyse archéologique : la nef et le versant nord des travées droites du chœur remontent à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, le chœur présente un style flamboyant daté d'environ 1510‑1530, et la voûte de la nef, avec consoles de style Renaissance, est postérieure. Le clocher paraît également d'époque moderne, les grandes arcades ont été retravaillées entre la fin du XVe et le milieu du XVIe siècle et des modifications ultérieures, notamment un portail néo‑classique et des fenêtres repercées, ont marqué l'édifice avant les restaurations contemporaines. L'église était dans un état de délabrement préoccupant en 1970 et a été fermée au culte ; menacée de démolition, elle a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 13 février 1979, ce qui a permis d'engager une restauration complète. Les travaux, lancés en 1981 sous la conduite de l'architecte en chef Jean‑Claude Rochette, se sont déroulés en plusieurs tranches et ont connu de longs arrêts ; des erreurs initiales sur les causes de l'humidité et du tassement ont conduit à des reprises ultérieures. Après des campagnes successives portant sur charpentes, toitures, maçonneries, voûtes, peintures murales, vitraux et mobilier, des études géotechniques ont permis la mise en œuvre de micropieux, drains et ancrages pour lutter contre l'humidité et stabiliser les fondations. La restauration finale, menée sous la direction de Jacques Moulin, a porté sur la restauration et la remise en place des boiseries, la rénovation des retables, la confection d'un autel « face au peuple » à partir d'éléments retrouvés, la reprise des enduits intérieurs, la mise aux normes des installations et l'installation d'un chauffage adapté à la conservation du patrimoine. Opéré entre 1981 et 2010 avec plusieurs interruptions, le chantier a restitué l'édifice dans un état proche de celui du XVIIIe siècle et a coûté 2 870 000 € (valeurs 2010), la commune prenant à sa charge 44,01 % du montant et l'État, la région et le département finançant le reste selon les parts indiquées. Réouverte au culte et au public lors des Journées européennes du patrimoine, l'église Saint‑Vincent est à nouveau utilisée depuis septembre 2010 ; elle dépend du secteur paroissial Ouest‑Goële et accueille des messes dominicales à titre irrégulier. Sur le plan architectural, l'édifice est composé d'une nef de cinq travées flanquée de deux bas‑côtés, d'un chœur de deux travées droites prolongé par une abside à cinq pans et de deux collatéraux du chœur ; l'ensemble est voûté d'ogives et présente un profil d'architecture sobre et rustique, malgré le raffinement du chevet. L'intérieur, relativement sombre, mise sur des enduits ocre clair pour illuminer les volumes ; les grandes arcades en tiers‑point sont simples, les piliers octogonaux témoignent de remaniements et les consoles attestent d'un voûtement après coup, comparable à d'autres églises voûtées vers la fin des années 1560. Le mobilier protégé comprend des boiseries d'abside et des retables, des tableaux signés de Pierre Le Dart — dont le retable majeur consacré à saint Vincent daté de 1684 —, six petites toiles attribuées à Michel‑François Dandré‑Bardon, une Vierge à l'Enfant en terre cuite du XVIe siècle, la chaire à prêcher, la tribune occidentale, le banc d'œuvre, le tabernacle et d'autres éléments classés. Les peintures murales des piliers, redécouvertes lors des travaux, représentent des Apôtres de la fin du Moyen Âge ; d'autres décors peints et des litres funéraires subsistent sur des piles et sur la face occidentale du clocher, où une peinture en trompe‑l'œil évoquait autrefois la clôture du chœur. Parmi les objets remarquables figurent encore la cloche datée de 1775, le buste‑reliquaire de sainte Opportune du XVIIIe siècle, la châsse‑reliquaire de saint Godegrand, plusieurs dalles funéraires et des verrières réaménagées au début des années 1990 ; une large part du mobilier est protégée au titre des monuments historiques.