Origine et histoire de l'Église Saint-Vincent-de-Paul
L'église Saint-Vincent-de-Paul, anciennement chapelle Saint-Louis du collège des Jésuites, se situe à Blois (Loir-et-Cher). La fondation d'un premier collège remonte à 1581 ; les jésuites prennent la direction de l'établissement au début des années 1620 et acquièrent les terrains destinés à la construction de la chapelle dans les années 1620. La construction de l'église fut marquée par de longues interruptions : certains documents indiquent un début des travaux en 1626, d'autres situent une reprise décisive en 1634. Les plans sont attribués par certains à François Mansard, tandis que des dessins conservés à Quimper laissent penser qu'un architecte jésuite, le père Martilange (Étienne Martellange), a également participé au projet ; Charles Turmel dirigea la reprise des travaux en 1634 et adapta plusieurs éléments du projet initial, notamment l'élévation de la façade, la nef et le plan des chapelles latérales. En 1655, le parti de couvrement évolua : la nef fut recouverte d'un lambris et le dôme fut déplacé d'une travée. La décoration intérieure, particulièrement celle du chœur et de la tribune d'orgue, fut réalisée à partir de 1674 grâce au financement d'Anne‑Marie de Montpensier, qui fit placer dans le chœur un grand retable et deux cénotaphes, dont l'un contient le cœur de Gaston d'Orléans. Jusqu'au XVIIIe siècle l'édifice servit de chapelle au collège ; après l'expulsion des jésuites, les bâtiments du collège furent désaffectés et le parvis transformé en Place Royale. Pendant la Révolution la chapelle fut consacrée Temple de la Liberté, livrée au vandalisme, puis utilisée comme magasin à fourrage, tandis que les bâtiments du collège furent affectés au bureau de bienfaisance. L'édifice redevint un lieu de culte au début du XIXe siècle et fut rendu au culte en 1826‑1827, devenant église paroissiale sous le vocable de Saint‑Vincent‑de‑Paul ; une dénomination de Notre‑Dame‑de‑l'Immaculée‑Conception est encore mentionnée pour 1856 dans certaines sources. Une restauration dirigée par Jules de La Morandière débuta en 1847, modifiant certains détails de façade, reprenant le couvrement de la nef et de la coupole et remaniant la charpente de la lanterne ; à cette période l'église reçut des vitraux de l'atelier Lavergne, dont une verrière subsiste. Dans les années 1880, le grand tableau du retable, disparu pendant la Révolution, fut remplacé par une niche ovale éclairée zénithalement et abritant une statue de l'Immaculée‑Conception. Après 1945 les bâtiments du collège furent largement démolis lors de transformations administratives et postales ; le corps sud subsista mais fut profondément remanié, et deux lucarnes furent déposées au dépôt lapidaire du cimetière Saint‑Saturnin. Classée aux monuments historiques en 1917, l'église présente des dimensions modestes, une façade rythmée par trois ordres classiques superposés et, à l'intérieur, une ordonnance de type dorique. Le chœur, richement décoré, et la tribune d'orgue conservent un décor en stuc imitant le marbre ; la façade porte encore des motifs monarchiques et l'édifice comprend une nef à travées flanquée de chapelles, une abside à pans et divers monuments funéraires liés à la famille de Gaston d'Orléans.