Origine et histoire de l'Église Saint-Vincent-de-Xaintes
L'église Saint-Vincent-de-Xaintes, située à Belhade dans les Landes, est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 30 juillet 1968. De type roman, elle présente une haute abside, une nef basse et un clocher-mur formant la façade, accolé d'une tourelle ronde d'escalier. La nef se compose d'une seule travée couverte d'une voûte surbaissée ; au nord, un bas-côté, qui était à l'origine une chapelle seigneuriale, a été prolongé par une travée moderne. L'arc triomphal à deux rouleaux ouvre sur un chœur polygonal voûté par de grands arcs d'ogives reliés par un gros pendentif, dont les retombées s'appuient sur des culots sculptés de figures humaines, animales et de feuillage. Le portail roman, bâti en pierres rouges et protégé par un avant-porche, présente un tympan orné d'un chrisme et trois archivoltes formées d'un gros tore ; deux d'entre elles reposent sur des colonnes munies de chapiteaux sculptés, aujourd'hui relativement mutilés et représentant la tentation et le mal. La construction primitive — abside et nef — remonte au XIe siècle, tandis que le clocher-mur et le portail occidental datent du milieu du XIIe siècle. À la fin du XIVe et au début du XVe siècle, des contreforts extérieurs ont été élevés et des baies gothiques à remplages percées ; au XVe siècle, une chapelle rectangulaire voûtée d'ogives quadripartites a été ajoutée au nord-est de la nef puis prolongée vers l'ouest jusqu'à l'aplomb du clocher-mur. Le voûtement du sanctuaire et l'ouverture des baies à remplage sont datés du XIVe siècle, et la nef a été remaniée au XIXe siècle avec l'aménagement d'une tribune. La restauration de la petite chapelle en 1997 a mis au jour, sous plusieurs couches d'enduit, la peinture d'un personnage aux mains jointes dont s'échappe un phylactère portant les restes d'une inscription ; le visage souriant et le vêtement, vraisemblablement un surcot, permettent de dater cette peinture de la fin du XVe siècle et d'identifier le personnage comme le mécène du peintre. La clé de voûte de la chapelle porte l'écu de la famille de Lane, qui régna sur la seigneurie de Belhade pendant six générations, de 1415 à 1592. Parmi les autres décors, on relève une tête d'ange peinte au plafond de la chapelle et de nombreux rinceaux et motifs simples, majoritairement de couleur ocre, exécutés à main levée. Le porche en bois a subi de multiples réparations et son origine ne peut être précisée. En contrebas de l'église coule la source ou fontaine Sainte-Anne, jadis réputée dans le val de la Leyre pour ses vertus lactogènes et très fréquentée par les femmes qui venaient s'y laver les seins. La façade, le chevet, les chapiteaux et le chrisme figurent parmi les éléments remarquables de l'édifice et sont fréquemment documentés.