Origine et histoire de l'Église Saint-Vincent-du-Temple
Les chevaliers de l'ordre du Temple s'établirent dès le XIIe siècle dans le Néracais et, grâce aux donations reçues, fondèrent plusieurs maisons autour de leur implantation. Au cours du XIIIe siècle, la commanderie d'Argentens possédant des biens à Port-Sainte-Marie y construisit une maison et une église. La construction s'est déroulée en deux campagnes rapprochées : la partie orientale, probablement la plus ancienne, est en brique, comporte trois travées et se termine par un chevet plat, tandis que la partie occidentale, réalisée en pierre après 1274 selon les études, comprend deux travées et des collatéraux étroits voûtés d'ogives. Ce parti occidental, inspiré d'architecture ambitieuse comparable à certaines réalisations contemporaines, associe colonnettes adossées aux contreforts et arcs reliant ces colonnettes aux piliers de la nef. Le clocher, à deux étages, s'élève à l'angle nord‑ouest, formant par une arcade murée un pronaos, et a été dressé sur une partie de la première travée du collatéral nord ; les murs gouttereaux y alternent pierre et brique sur une hauteur limitée. Les travaux furent vraisemblablement interrompus lors de l'échange des biens templiers à Port‑Sainte‑Marie avec le prieuré de Paravis à la fin du XIIIe siècle. Sur les clés de voûte des premières travées figurent l'Agneau mystique portant l'étendard et, sur une autre, la représentation d'un chevalier en armes sur un cheval caparaçonné ; le heaume de ce dernier a été rapproché par certains auteurs des modèles du règne de Philippe le Bel. Après le départ des Templiers, l'édifice connut l'abandon puis, au début du XVIIe siècle, fut réparé et rendu au culte lors du transfert du service paroissial dans l'église du Temple ; le maître-autel, auparavant dédié à saint Antoine, prit alors l'invocation de saint Vincent. Le portail occidental fut percé au XVIIIe siècle. L'église fut fermée ou désaffectée pendant la Terreur, rendue au culte en 1796 puis prise en charge par les Pénitents Blancs après la Révolution. Un bâtiment accolé au sud, mentionné sur le cadastre de 1826, fut détruit pour permettre le passage de la voie ferrée au milieu du XIXe siècle et la sacristie actuelle occupe son emplacement. L'édifice fut désaffecté en 1882 et fit l'objet d'une restauration intérieure en 1938, menée d'après un projet des architectes J. Kaeherling et G. Rapin. L'église Saint‑Vincent‑du‑Temple, située à Port‑Sainte‑Marie (Lot‑et‑Garonne), a été classée au titre des monuments historiques en 1908. Son plan singulier, qui diverge des modèles elliptiques ou circulaires associés à l'ordre du Temple, témoigne des différentes phases de construction et des adaptations techniques et liturgiques au fil des siècles.