Origine et histoire de l'Église Saint-Vivien
L'église Saint‑Vivien, située à Bruyères‑sur‑Oise (Val‑d'Oise) près de Persan et Beaumont‑sur‑Oise, est dédiée à saint Vivien de Sébaste et la fondation de la paroisse est rapportée à 755 par l'abbé Vital Jean Gautier. Les parties les plus anciennes, notamment la base du clocher, remontent à la première moitié du XIIe siècle, et l'édifice a été remanié au cours des XIIe et XIIIe siècles. Des fouilles vers 1970 ont mis au jour le chevet roman primitif constitué de trois absides en hémicycle, dont les vestiges s'accordent avec la base du clocher, excepté la fenêtre. Le premier étage du clocher présente des chapiteaux soignés tandis que le second étage de baies, à la disposition originale, a été entièrement reconstitué après sa destruction pendant la Seconde Guerre mondiale en 1940. Le chœur et son collatéral sud, datés pour l'essentiel du milieu du XIIe siècle, conservent quatre voûtes d'ogives archaïques, alors que les fenêtres rayonnantes du chevet et la chapelle nord appartiennent à un goût gothique de la seconde moitié du XIIIe siècle. La nef et ses bas‑côtés ne sont pas voûtés ; leurs grandes arcades relèvent du style gothique primitif du début du XIIIe siècle, tandis que les murs hauts de la nef conservent des vestiges d'ouvertures romanes. L'ensemble constitue un exemple remarquable d'église rurale des XIIe‑XIIIe siècles, relativement peu remaniée depuis son achèvement. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 2 juin 1938, l'église a bénéficié de campagnes de restauration dans les années 1930 et dans les années 1960, et se présente aujourd'hui en bon état ; elle appartient au regroupement paroissial de Persan et accueille la plupart des messes dominicales le samedi soir à 18 h 30. Implantée à l'est du centre du village, près de la rive droite de l'Oise, elle est accessible depuis une grande place publique rue de Boran et par une courte impasse reliant la façade occidentale à la rue du Pont ; la base du clocher et le chevet sont pour partie enclavés dans des propriétés privées, le bas‑côté sud étant accolé à un ancien corps de ferme et la chapelle sud donnant sur un petit jardin public. Sous l'Ancien Régime, la paroisse relevait du doyenné de Beaumont, de l'archidiaconé de Clermont et du diocèse de Beauvais, le collateur de la cure étant l'évêque de Beauvais ; la Révolution et les réorganisations diocésaines ultérieures ont modifié cette organisation jusqu'à la création du diocèse de Pontoise en 1966, et aujourd'hui Bruyères‑sur‑Oise fait partie d'un ensemble paroissial avec Bernes, Persan, Champagne‑sur‑Oise et Ronquerolles. L'étude architecturale montre que, bien que l'essentiel de l'aspect actuel date du XIIIe siècle, plusieurs éléments romans subsistent : archivoltes d'anciennes fenêtres retrouvées au‑dessus de piliers, fondations d'absidioles et la base voûtée du clocher attestent des campagnes antérieures. Les grandes arcades de la nef ont été obtenues par reprise en sous‑œuvre des murs gouttereaux, vraisemblablement pour conserver l'ancienne charpente, ce qui explique la coexistence d'un vaisseau non voûté et de vestiges romans. Les caractéristiques des voûtes du chœur — ogives à profil monotorique épais, bombement des voûtes et retombées sur culs‑de‑lampe — les apparentent à des exemples archaïques du Beauvaisis, même si elles restent plus récentes que la base du clocher. Les campagnes de restauration du XXe siècle ont été marquées par l'intervention de l'architecte Jules Formigé pour le clocher entre 1931 et 1934, par des réparations et des protections pendant et après la guerre, puis par la reprise des travaux sous la direction de Sylvain Stym‑Popper dans les années 1960 aboutissant à la reconstitution du dernier étage du beffroi et de la flèche entre 1969 et 1972. L'église, légèrement déviée vers le nord‑est du côté du chevet, se compose d'une nef de quatre travées sans voûte accompagnée de bas‑côtés, d'une base de clocher voûtée d'arêtes à l'est du bas‑côté nord et au nord du chœur, d'un chœur de deux travées à chevet plat et de deux chapelles latérales voûtées d'ogives. La chapelle sud s'inscrit en continuité avec le bas‑côté sud de la nef, tandis que la chapelle nord, perpendiculaire, communique avec le chœur et la base du clocher par une courte travée voûtée en berceau brisé ; une petite sacristie occupe une niche de la seconde travée. À l'intérieur, la nef présente un unique niveau d'élévation composé des grandes arcades simples, une charpente lambrissée, des piliers cylindriques en tambour et des chapiteaux sobres sculptés de feuilles ; sous l'arc triomphal, la poutre de gloire supporte un grand Christ en croix. La base du clocher, implantée au nord du chœur, affiche une architecture romane dépouillée : une voûte d'arêtes, une arcade orientale occupant presque toute la largeur de la travée, des colonnettes à chapiteaux et une grande baie remaniée plus tardivement. Les parties orientales montrent plusieurs campagnes : les supports et les doubleaux du chœur appartiennent à une phase intermédiaire, tandis que les remplages des fenêtres du chevet et des chapelles présentent un décor de réseau de style rayonnant attribuable à une phase postérieure. L'extérieur associe un portail occidental néo‑classique et des élévations en pierre de taille et moellons ; le clocher, entièrement en pierre de taille, comporte un second étage de baies remarquablement sculptées et une flèche octogonale en charpente recouverte d'ardoise, l'étage supérieur ayant été restitué après la guerre. Le mobilier comprend plusieurs pièces classées au titre des objets : des statues en bois polychrome (un évêque probablement saint Vivien et saint Paul, XVIe siècle), une statuette‑reliquaire de saint Vivien en cuivre repoussé datée stylistiquement du XIIIe ou du début du XIVe siècle et classée dès 1897, aujourd'hui exposée sous le maître‑autel, le grand Christ en croix de la poutre de gloire (XIVe siècle, remonté en 1977), une plaque funéraire de 1564 et un lutrin en fer forgé du début du XVIIIe siècle. Deux statues de la Vierge de douleur et de saint Jean provenant de la poutre de gloire ont été volées le 27 novembre 1967.