Origine et histoire de l'Église Saint-Vivien
L'église Saint-Vivien, de confession catholique, se situe au cœur du village de Romagne, le long de la route départementale D19e3, dans le département de la Gironde. Classée en totalité au titre des monuments historiques par arrêté du 24 mars 2003 après une inscription en 1925, elle est entourée d'un cimetière lui-même classé en 1997. D'origine romane (XIIe siècle), l'édifice conserve une nef à trois travées et une abside en hémicycle ; extérieurement subsiste la baie sud de l'abside et, intérieurement, l'arc triomphal avec deux chapiteaux anciens. À la fin du XIIe siècle, l'abside et les deux premières travées ont reçu des voûtes en berceau brisé et la nef a été agrandie au XIIIe siècle, accompagnée de consoles gothiques ornées de bustes et de têtes. Aux XVe et XVIe siècles, la nef a été fortifiée : un bas-côté voûté a été ajouté au XVIe siècle et la nef a été exhaussée pour permettre l'installation de créneaux et de meurtrières ; une tourelle d'escalier percée de meurtrières a été ajoutée au clocher‑mur occidental en 1527, une échauguette ayant disparu au XIXe siècle. La cloche de 1553 a été refondue en 1877 et une seconde cloche a été acquise en 1869. En 1886 l'édifice a été remanié : l'ancien portail roman a été remplacé par un fac‑similé et une corniche modillonnaire décorative, des baies ont été percées dans la nef et le chœur, l'auvent protégeant le portail a été détruit, et l'intérieur a reçu une peinture et un nouveau carrelage. La croix de cimetière, érigée au sud du chevet au XVIe siècle, repose sur un piédestal de section carrée et un fût monolithe de 3,5 mètres portant une petite croix en pierre sans décor. L'église est ornée de chapiteaux dont certains témoignent de l'influence des ateliers de La Sauve‑Majeure, en particulier au niveau de l'arc triomphal. Une fenêtre romane conserve des chapiteaux à iconographie symbolique : à l'ouest, un homme en bliaud repousse un lion et un oiseau, figure d'un ascète insensible aux tentations, tandis qu'à l'est un personnage est enlacé par de grandes lianes, pendant moral de son homologue ; ces chapiteaux originaux ont été remplacés en 1886 par des créations néo‑romanes, mais les dessins et descriptions de Léo Drouyn (1877) en conservent le souvenir, mentionnant aussi des niches sculptées abritant une sirène et des serpents. Sous la corniche du chevet subsistent six modillons romans — protomé d'animal, tête d'homme, feuillages, tonnelet, tête de cochon et pointes de diamant — dont la série, trop fragmentée, ne permet pas de reconstituer une leçon morale précise. Les deux chapiteaux de l'arc triomphal sont d'une grande qualité : au sud figurent deux lions bi‑corporés à tête humaine et au nord l'archange Michel terrassant le dragon, ce dernier renvoyant à un modèle de l'abbaye de La Sauve‑Majeure tandis que le premier évoque un chapiteau de l'abbatiale Sainte‑Croix de Bordeaux.