Origine et histoire de l'Église Sainte-Agnès
L'église Sainte-Agnès d'Alfort, située à Maisons-Alfort près des rives de la Marne, a été édifiée en 1932-1933 par les architectes Marc Brillaud de Laujardière et Raymond Puthomme. Fruit des "Chantiers du Cardinal" et d'une initiative portée par l'abbé David et ses paroissiens, le projet a été financé principalement par Fernand Moureaux, propriétaire de l'usine Suze. La construction, menée en moins d'un an, fut inaugurée et bénite par le cardinal Verdier le 11 juin 1933. Classée au titre des monuments historiques en 1984, l'église est parfois surnommée "Prisme de Lumière" ou "Sainte-Chapelle des bords de Marne" et figure dans le parcours historique de la ville. Conçue dans un esprit rationaliste et Art déco, son ossature en béton armé témoigne de la maîtrise des techniques nouvelles et d'une inspiration proche de l'église Notre-Dame du Raincy. Les architectes ont su tirer parti d'un terrain exigu et enclavé pour créer un édifice lumineux et cohérent, souvent présenté comme un exemple d'œuvre d'art totale où architecture et arts décoratifs dialoguent. Le clocher hexagonal en béton armé s'élève à 53 mètres ; il comprend deux niveaux de six piliers en béton et pierre blanche, surmontés d'une coupole et d'un fût portant une croix de huit mètres réalisée par Richard Desvallières. Une grosse cloche de 700 kilos, fondue par l'entreprise Blanchet, complète ce dispositif visible et audible depuis le quartier. Le plan adopte la forme d'un losange allongé : la nef large et les bas-côtés dissymétriques sont inclinés de 30 degrés par rapport à la façade, l'édifice ne comporte ni parvis ni transept, et l'abside est polygonale. Le plafond repose sur deux portiques monumentaux à l'avant et à l'arrière et sur des piliers latéraux, libérant une surface de plus de 200 mètres carrés et plus de 300 places assises. Les murs sont percés à mi-hauteur d'importantes baies qui accueillent les verrières de Max Ingrand ; leurs couleurs dialoguent avec les fresques de Paule Ingrand, les statues de Gabriel Rispal, les fers forgés de Richard Desvallières et les torchères de Jean Serrière. Gabriel Rispal a réalisé la Vierge à l'Enfant, Saint Joseph et la statue monumentale de quatre mètres de Sainte Agnès qui surmonte le porche en serrant un agneau. Richard Desvallières a également réalisé le portail d'entrée en chêne sculpté et panneaux en cuivre repoussé, la table sainte et la grille du baptistère, tandis que Raymond Subes a conçu la grille extérieure rue Nordling et le portail des locaux paroissiaux. Le presbytère a été construit par les mêmes architectes en 1934-1935. L'orgue, dissimulé derrière une façade en cuivre repoussé signée Desvallières, est de type Cavaillé-Coll ; installé entre 1934 et 1936, il comprend 781 tuyaux et fait l'objet d'un projet de restauration soutenu par l'Association des Amis de Sainte-Agnès d'Alfort. Enfin, la présence d'une statue d'Yvonne Parvillée rappelle la chapelle antérieure dédiée à saint Antoine de Padoue qui occupait autrefois ce site.