Origine et histoire de l'Église Sainte-Aurélie
L’église protestante Sainte-Aurélie de Strasbourg se situe rue Martin-Bucer, dans le quartier de la Gare, et appartient à la confession luthérienne d’Augsbourg. Elle est mentionnée dès 801 sous le vocable de Saint-Maurice, le nom de Sainte-Aurélie n’apparaissant qu’en 1324, et la documentation médiévale rapproche les deux dénominations. Selon les sources, l’édifice compte parmi les plus anciens sanctuaires de la ville et conserve des éléments romans et gothiques, principalement dans la partie basse de la tour. La paroisse passe à la Réforme en 1523 ; Symphorien Pollion en est le premier pasteur et Martin Bucer y est élu prédicateur en 1524. Les registres baptismaux de Sainte-Aurélie sont conservés aux Archives municipales depuis 1550.
La plupart des structures actuelles datent de la reconstruction de l’église conduite par les maîtres d’œuvre Michel Hatzung et Georges Frédéric Hüttner, dont la première pierre fut posée en 1763 et l’édifice consacré en 1765. À l’exception du clocher, la silhouette générale relève ainsi du modèle baroque du XVIIIe siècle. Le clocher, pour sa part, conserve trois niveaux romans du XIIe siècle, surmontés au XIVe siècle d’un beffroi gothique et abrite la plus ancienne cloche datée de Strasbourg (1410), d’un poids indiqué de 24 à 25 Zentner. L’horloge actuelle, construite par Jean-Baptiste Schwilgué en 1845, a été restaurée au début des années 2000 et reste en état de marche.
L’intérieur se distingue par un agencement baroque peint en blanc et or : l’autel et la chaire, datés du XVIIe siècle et provenant de l’ancienne église, présentent une polychromie retrouvée lors des restaurations récentes. Les archives paroissiales signalent des travaux importants entre 1668 et 1671, confiés à des artisans locaux, et l’autel et la chaire sont classés au titre des objets historiques. Des restaurations menées entre le début des années 2000 et 2014 ont permis de consolider ces ensembles et de rendre l’autel mobile afin d’accueillir des manifestations culturelles. Les dimensions intérieures sont d’environ 29 m de longueur, 18 m de largeur et 12 m de hauteur.
L’orgue principal, œuvre d’André Silbermann achevée au début du XVIIIe siècle et transférée dans la nouvelle église en 1765 par Jean-André Silbermann, a connu de nombreuses transformations au fil du temps : pneumaticisation en 1911, enregistrement d’Albert Schweitzer en 1936, remplacement instrumental partiel en 1952 et classement successif du buffet en 1997 puis de la partie instrumentale en 2000. Un important chantier de restitution a été mené de 2011 à 2015 pour restituer l’instrument à son état historique, en consolidant et complétant la boiserie et en reconstituant la tuyauterie manquante à partir des éléments conservés. Le dispositif actuel associe une mécanique et une console neuves, trois grands soufflets cunéiformes et une tuyauterie pour partie d’origine, pour partie refaite d’après les modèles anciens. Un petit orgue de chœur positif, mobile, a été construit par Alfred Wild en 2001.
Le garde-corps des tribunes est orné de 23 toiles oblongues livrées en 1767 par Pierre-Joseph Noël et formant un cycle biblique : quatorze épisodes de l’Ancien Testament sur les retours est et ouest et neuf scènes du Nouveau Testament sur le côté nord face à la chaire, comprenant notamment l’Annonciation, la naissance et la crucifixion du Christ, ainsi que des épisodes anciens comme la chute d’Adam et Ève, l’arche de Noé ou Daniel dans la fosse aux lions. La teinte bleu-vert des garde-corps et les décors du plafond ont été restitués lors des travaux achevés en 2014.
Parmi les éléments commémoratifs figurent un médaillon de Martin Bucer identique à celui de l’église Saint-Thomas et une plaque de bronze réalisée en 1929 par Albert Schultz. La mention des pasteurs successifs, gravée sous l’escalier, rappelle la continuité de la communauté depuis 1709 et porte jusqu’aux noms contemporains. Classée Monument historique le 5 mai 1988, l’église a fait l’objet de restaurations importantes ces dernières décennies, notamment de 2002 à 2015 pour l’édifice et l’orgue, la nef et la toiture ayant bénéficié d’un chantier en 2008. Située dans un faubourg populaire longtemps appelé Faubourg des Charrons puis Faubourg Blanc, puis Faubourg National, elle partage sa cour avec l’école primaire Sainte-Aurélie, construite sur un terrain paroissial entre 1843 et 1846 par Félix Fries. L’accès au public est limité en dehors des offices, de visites sur rendez‑vous ou des Journées européennes du patrimoine.