Origine et histoire de l'Église Sainte-Catherine
L'église Sainte-Marie-Madeleine, surnommée « la grosse Madeleine » en raison de sa silhouette trapue et de son dôme baroque, se situe dans le quartier du Vieux-Lille. Classée Monument historique en octobre 1965, elle est désaffectée au culte depuis 1989 et transformée en lieu d'expositions temporaires, la façade ayant été restaurée en 2008. En 1991, l'ancienne chapelle des Carmes déchaussés a pris le relais comme église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine.
Les origines d'un lieu de culte dédié à sainte Marie-Madeleine remontent à 1233, lorsque le prévôt de Saint-Pierre de Lille autorise la construction d'une chapelle paroissiale dans les faubourgs. Cette paroisse se trouvait hors de l'enceinte jusqu'à l'agrandissement de la ville en 1667, qui entraîne la démolition de la chapelle entre 1667 et 1670 lors de la création de la nouvelle fortification de Vauban. L'agrandissement intègre une partie de la paroisse à l'intérieur de la nouvelle enceinte et entraîne l'aménagement d'un nouveau quartier avec la paroisse voisine de Saint-André, tandis que la portion restée à l'extérieur est à l'origine de la ville de La Madeleine. La construction d'une nouvelle église, prévue à l'intérieur d'un bastion de la nouvelle enceinte, est décidée en 1675 et un contrat est signé pour le chœur avec le maître maçon François Vollant. En 1676 la maçonnerie et les voûtes du chœur sont achevées et le premier étage de la façade est construit ; l'église ouvre au culte le 1er janvier 1677 et est provisoirement consacrée par l'évêque de Tournai. Les travaux se poursuivent jusqu'en 1707 : la partie supérieure de la façade est achevée vers 1688, le dôme vers 1701 et les chapelles de la rotonde sont réalisées entre 1704 et 1707, année de la consécration par l'archevêque de Cologne Joseph Clément de Bavière. L'édifice est fortement endommagé lors du siège des Autrichiens en 1708 et sa restauration, confiée à l'architecte Thomas-Joseph Gombert, dure jusqu'en 1713.
Interdite au public pour des raisons de sécurité en 1969, l'église reste fermée avant d'être désaffectée en 1989 et restaurée dans le cadre des manifestations Lille 2004. Elle est depuis utilisée pour des expositions temporaires et a accueilli des artistes tels que Miwa Yanagi, Chiharu Shiota, Peter Greenaway avec Saskia Boddeke et Erwin Redl, souvent sous le commissariat de Caroline David ou Richard Castelli.
Surmontée d'un dôme, l'église constitue, dans la région de Lille, un exemple singulier d'architecture mêlant plusieurs styles. La décoration du chœur relève de la renaissance flamande, l'élévation de la coupole s'inspire de l'Antiquité grecque, les colonnes présentent des ordres doriques et ioniques et les ailes de la façade reflètent un vocabulaire baroque. À l'intérieur, une vaste rotonde forme le cœur de l'édifice ; le chœur, deux chapelles principales et l'entrée s'y greffent selon un plan en croix grecque. Le chœur conserve sa décoration d'origine et le maître-autel est orné d'un tableau de Jacob van Oost le Jeune, La Résurrection de Lazare, offert par l'artiste lorsqu'il fut marguillier de la paroisse. Quatre grands tableaux encastrés dans les boiseries, représentant des épisodes de la vie de la Madeleine, sont signés André Corneille Lens et datés de 1777. Quatre vitraux du chœur ainsi que les vitraux historiés du déambulatoire ont été réalisés par le maître-verrier Olivier Durieux. Deux tableaux d'Arnould De Vuez, la Samaritaine et la Cananéenne, qui se trouvaient sur les piliers encadrant le chœur, se trouvent aujourd'hui dans les réserves du musée de l'Hospice Comtesse.