Origine et histoire de l'Église Sainte-Croix
L'église Sainte-Croix, située rue Thiers à Bernay dans l'Eure, est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1927. Elle a été édifiée pour servir d'église paroissiale à la baronnie de Bernay et sa reconstruction sur un nouvel emplacement a été autorisée en 1372. Le chœur et le transept sont achevés à la fin du XIVe siècle, la nef dans la première moitié du XVe siècle, tandis que la voûte du collatéral nord et la fausse voûte de la nef le sont en 1530. Le portail date de la première moitié du XVIIIe siècle; le chevet est agrandi en 1863 et un déambulatoire est réalisé en 1865. Un arrêté du 28 juin 1808 ordonne la dispersion du mobilier de l'église abbatiale du Bec, et l'abbé Lefebvre, premier curé titulaire de Sainte-Croix après la Révolution, obtient une grande partie de ces biens du cardinal Étienne Hubert de Cambacérès, archevêque de Rouen, pour orner l'édifice. Les vitraux proviennent de l'atelier Duhamel-Marette d'Évreux. Le maître-autel du chœur, exécuté en 1683-1684 d'après les plans de Guillaume de La Tremblaye, est surmonté de huit colonnes en marbre jaspé et abrite un tabernacle en marbre ainsi qu'un groupe de la Nativité dont l'enfant Jésus est en marbre tandis que Joseph et la Vierge sont en terre cuite; ce groupe reproduit une œuvre de Michel Anguier pour Notre-Dame du Val-de-Grâce (1662). Une mise au tombeau est installée sous un enfeu et une poutre de gloire marque l'entrée du chœur; celle-ci associe un crucifix attribué à Guillaume de La Tremblaye à deux statues en terre cuite, saint Benoît et saint Maur, provenant du jubé du Bec, la Vierge et saint Jean encadrant la croix. Seize statues représentant apôtres et évangélistes ornent les piliers et proviennent de l'abbaye du Bec selon la Chronique du Bec; en 1433 le peintre Jean Sandrin est rémunéré pour les dorer et les enluminer. Deux statues ne sont cependant pas d'origine : l'une est une copie moulée dont l'original est revenu au Bec, l'autre a disparu et n'existe qu'en copie, la draperie ayant été modifiée et la croix de saint André lui ayant été attribuée. Cinq dalles funéraires d'abbés du Bec sont présentées dans l'église : celle de Guillaume d'Auvillars (d. 3 janvier 1418), apposée contre le mur du transept sud et restaurée par Pierre-Victorien Lottin ; un fragment de celle de Robert Vallée (d. 4 mai 1430) ; celle de Thomas Frique (d. 5 juillet 1446), située sur la pile droite de la tribune ; celle de Guillaume Guérin (d. 4 avril 1515), dans la chapelle Saint-Joseph ; et enfin une dalle d'un abbé du Bec non identifié, placée sur la pile gauche de la tribune. Un orgue est construit à la tribune par Nicolas Baril en 1570 ; son buffet date du XVIIIe siècle, le métal est fondu lors de la Révolution, il a été restauré par Georges Luce au XIXe siècle et les grandes orgues sont muettes depuis 1942 ; elles sont inscrites aux monuments historiques depuis 1992. L'orgue de chœur, construit par le facteur "Maisons Didier-Van Caster et Kuhn réunies", a été acheté d'occasion en 1913 au Vatican, où il avait été installé pour l'exposition universelle de 1899 ; il comprend 14 jeux et a été restauré en 1998. Nicolas Le Vavasseur est attesté comme organiste au début du XVIIe siècle. Thomas Lindet est nommé curé de Sainte-Croix jusqu'en 1790 ; réputé pour sa générosité envers les pauvres, il est choisi comme représentant du clergé du bailliage d'Évreux aux États généraux de 1789 et se marie le 18 novembre 1792 à l'église Sainte-Marguerite de Paris.
