Origine et histoire de l'Église Sainte-Eugénie
L'église Sainte‑Eugénie de Varzy, fondée au Ve siècle dans la Nièvre, était une collégiale détruite à la Révolution. Elle était citée comme la plus ancienne du diocèse après Notre‑Dame‑de‑la‑Cité d'Auxerre.
La collégiale se trouvait à Varzy, sur la rive droite du ruisseau de Cœurs et au bord sud‑ouest de la mare aux lavoirs ; des bâtiments actuels réutilisent certains murs de l'ancienne église et sont bordés au sud par la place de la Fontaine Sainte‑Eugénie, prolongement de la rue du même nom. La Fontaine Sainte‑Eugénie désigne depuis le Xe siècle les deux sources qui alimentent la mare, et, passé l'église, le ruisseau prend aussi ce nom. Le château de Varzy se situait à quelque 80 mètres au sud de la collégiale.
La première église, dédiée à sainte Eugénie, remonte au Ve siècle et attirait déjà de nombreux pèlerins avant l'épiscopat de Gaudry. Sous le pape Jean X, l'évêque Gaudry rapporta de Rome des reliques de saint Laurent et de sainte Eugénie d'Alexandrie qu'il répartit entre la cathédrale Saint‑Étienne, l'abbatiale de Saint‑Germain et Sainte‑Eugénie de Varzy, cette dernière recevant la plus grande part. Trouvant l'édifice menacé de ruine, il le fit rebâtir jusqu'aux fondations, l'enrichit de vitraux et de plafonds peints, y ajouta des autels pourvus de reliques ainsi que livres, ornements, linge et cloches, et fit construire un logement pour ses successeurs près de l'église ; il fit aussi réparer les églises de Saint‑Pierre et Saint‑Saturnin.
Au XIe siècle Hugues de Châlon remit l'église en état et fonda le chapitre de Varzy avec dix chanoines dotés de ressources. La vacance du siège épiscopal entre 1084 et 1087 provoqua des empiètements laïcs sur les oblations et les droits ecclésiastiques que l'évêque Humbaud dut récupérer. Plus tard, sous Alain de Larrivour, le chapitre dut défendre ses biens contre des seigneurs et les comtes d'Auxerre ; les attaques et les ravages aboutirent à une restitution de Varzy à l'évêché par décision royale en 1164 après interventions ecclésiastiques. Le chapitre continua d'être doté : en 1202 Hugues de Noyers donna la cure de Saint‑Pierre au chapitre et augmenta ses prébendes, en 1215 Guillaume de Seignelay lui concéda le droit à 1/20e du vin produit sur Varzy, et en 1286 Guillaume de Grez confirma ces donations.
L'église fit l'objet de restaurations au début du XVe siècle ; Laurent Pinon la redédia en 1438 et Jean Baillet lui fit plusieurs dons, dont une portion du crâne de saint Cot.
Aux XVIe siècle, François II de Dinteville enrichit Sainte‑Eugénie d'ornements, fit construire en 1537 les orgues, le grand autel et la voûte qui le surplombe, et figure parmi les personnages secondaires du retable peint par Bartholomeus Pons illustrant la légende de sainte Eugénie. Le 3 juin 1642 Pierre de Broc préleva un os de saint Renobert de la châsse conservée à l'église. À la Révolution l'édifice fut endommagé et désaffecté ; ses reliques et son trésor furent transférés à l'église Saint‑Pierre de Varzy, volés en 2002 puis retrouvés et placés dans un local sécurisé.
Pierre de Longueil, mort le 16 février 1474 au château de Varzy, fut inhumé le 17 février à Sainte‑Eugénie ; sa sépulture fut ultérieurement translatée à Auxerre.