Origine et histoire de l'Église Sainte-Geneviève
L'église Sainte-Geneviève de Gouvieux (Oise) est un édifice très composite dont les parties les plus anciennes remontent autour de 1200. Derrière une façade de style classique et des murs en grande partie remaniés aux XVIIIe et XIXe siècles se devine un noyau de gothique primitif d'environ huit cents ans. L'implantation sur un sol instable et des fondations insuffisantes ont entraîné de nombreux désordres, reprises et consolidations au cours des siècles. À l'intérieur, les remaniements sont surtout visibles au niveau des étages des fenêtres hautes et dans les dernières travées des bas-côtés, où les voûtes anciennes ont disparu. Les voûtes d'ogives d'origine ont été remplacées en 1861 par des fausses voûtes en bois et plâtre, selon les plans de l'architecte Antoine Drin et grâce au financement d'Antoine Amic. L'édifice résulte de deux campagnes de construction rapprochées : les quatre travées orientales datent de la fin du XIIe siècle et présentent l'influence de Notre‑Dame de Paris et du chœur de Saint‑Leu‑d'Esserent, tandis que les deux travées occidentales, attribuées aux années 1220, relèvent du courant inspiré par Soissons et Chartres. Des reconstructions importantes aux XVIIe et XVIIIe siècles ont rebâti la façade occidentale, le clocher, le mur du bas-côté sud et le chevet, effaçant en grande partie le caractère primitif sur la face sud. Malgré ces transformations, l'église conserve des éléments architecturaux remarquables — piliers, colonnettes, chapiteaux et alternances de supports rappelant les grands chantiers de l'Île‑de‑France — et demeure représentative de l'architecture religieuse régionale. Le plan est simple et rectangulaire : une nef de six travées sans transept, flanquée de bas‑côtés qui comportent une travée supplémentaire, et un chevet plat précédé d'une sacristie. La base du clocher occupe la première travée du bas‑côté sud et le porche donnant sur le portail méridional date de la fin du XIXe siècle. L'église est située au nord du centre de Gouvieux, rue Corbier‑Thiebaut (RD 612), le portail sud s'ouvrant sur une route qui contourne l'édifice ; le chevet donne sur un terrain privé mais une venelle étroite permet d'en faire le tour. La paroisse relève historiquement du diocèse de Beauvais jusqu'au Concordat, dépendait du doyenné de Beaumont et de l'archidiaconé de Clermont, le collateur étant le chapitre de la cathédrale de Senlis, et a sainte Geneviève pour patronne. Les registres paroissiaux remontent au XVIIe siècle et l'histoire détaillée de la paroisse est surtout connue à partir du Concordat de 1801. La vie paroissiale a connu des épisodes marquants : réorganisation de la fabrique et ventes de places au XIXe siècle, transfert du cimetière en 1832, donations et soutiens notables (dont ceux de la baronne James de Rothschild à la fin du XIXe siècle), tensions liées à la loi de séparation en 1905 et une mission paroissiale en 1913. La Première Guerre mondiale a causé la perte de cent trois paroissiens et le monument aux morts a été inauguré en 1921. Au XXe siècle, l'église a été équipée d'électricité en 1922, d'un chauffage modernisé en 1929, gravement endommagée lors des bombardements de 1940 et réparée progressivement dans les années suivantes; la restauration majeure du clocher et des voûtes s'est déroulée entre la fin des années 1980 et 1990 après une inscription aux monuments historiques le 12 avril 1988. Un orgue offert par les Jésuites en 1998 a été restauré jusqu'en 2004 et installé sur le mur du fond du chœur, et une série de vitraux non figuratifs a été posée jusqu'en février 2006 grâce à des dons. Le mobilier comporte trois objets classés au titre des monuments historiques : les fonts baptismaux en pierre calcaire du XIVe siècle, une Vierge à l'Enfant en pierre calcaire du second quart du XIVe siècle et un tableau intitulé "L'Extase de saint François", attribué aujourd'hui à Luca Giordano et offert en 1879. Sont également inscrits des éléments tels que un confessionnal néogothique en chêne (daté de 1852 et offert en 1888) et un tableau représentant sainte Geneviève d'après une gravure de Carle Van Loo; d'autres œuvres et sculptures notables datent du XVIe au XIXe siècle. Des stalles du XVIe siècle sont placées contre le mur du chevet depuis le réaménagement de 1669, mais il n'existe pas de dalles funéraires ou de plaques antérieures à la Révolution. L'ensemble présente un extérieur marqué par une façade classique plaquée sur l'ancienne élévation occidentale, un clocher au profil sobre coiffé d'une pyramide ardoisée et des arcs‑boutants ajoutés au nord pour tenter de contrebuter les poussées, sans réussir à empêcher la dégradation des voûtes. Aujourd'hui l'église reste un lieu de culte actif : la paroisse, toujours indépendante et formant la « paroisse de Thève‑et‑Nonette — paroisse Sainte‑Thérèse de l'Enfant Jésus », célèbre des messes dominicales et plusieurs offices en semaine.