Origine et histoire de l'Église Sainte-Libaire
L'église Sainte-Libaire est située à Grand, dans le département des Vosges, en France. Elle occupe le centre d'une place au plan aujourd'hui irrégulier, en pente vers l'est, à la convergence de six rues, et domine le bâti environnant par sa masse trapue. Sa tour-clocher, élevée dans l'angle sud-ouest, est une construction haute et puissante, visible de toutes les voies d'accès au bourg. L'édifice, de type basilical, a été construit entre la fin du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle, en deux campagnes successives. La nef, édifiée dans la seconde moitié du XVe siècle, et la tour relèvent de la première campagne de construction. Le chœur et les chapelles, réalisés dans la première moitié du XVIe siècle, appartiennent à la seconde campagne ; l'implantation oblique des chapelles renvoie à l'influence de l'"École champenoise". Trois fleurs de lys sculptées sur la clé de voûte du chœur témoignent de l'appartenance de Grand à la Champagne. À la fin du XVIIIe siècle l'édifice a fait l'objet d'importantes restaurations : la façade occidentale et la sacristie ont été reconstruites entre 1766 et 1770 par l'entrepreneur Pierre Roussel d'après des plans attribués à l'architecte Joseph Aubert de Bar-sur-Aube. Au cours du XVIIIe siècle, les fenêtres hautes du vaisseau central furent murées et la nef reçut une toiture unique. Un porche, établi au sud en 1861 d'après les plans de l'architecte Fourquin de Saint-Ouen-lès-Parey, a été construit mais il est aujourd'hui détruit. L'église repose sur un site antique longtemps considéré comme l'emplacement d'un temple d'Apollon mentionné dans le Panégyrique de Constantin. Cependant, les prospections géophysiques et des carottages géologiques n'ont mis au jour aucune substruction, aucun fond de mur ni matériaux de maçonnerie indiquant une construction monumentale. Les études ont révélé un épais dépôt vaseux puis argileux surmontant le socle rocheux à une profondeur moyenne d'environ cinq mètres, le tout baigné par près de quatre mètres d'eau. Cette constitution meuble du sous-sol et la hauteur du niveau d'eau, dont les variations sont fréquentes, expliquent l'instabilité de l'édifice. Les voûtes se sont déjà écroulées à deux reprises, en 1733 et en 1769, et le chœur est étayé depuis 1985. Les recherches se poursuivent ; il reste prématuré de déterminer la nature exacte de l'aménagement antique, même si la présence d'un temple est désormais exclue. L'analyse de l'organisation hydraulique oriente vers l'existence ancienne d'un plan d'eau, progressivement comblé par des apports sédimentaires déposés par le réseau souterrain gallo-romain, long de quatre à cinq kilomètres selon les études. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1994.