Origine et histoire de l'Église Sainte-Livrade
L'origine du monastère est inconnue, mais des sarcophages mérovingiens découverts autour de l'église témoignent d'une nécropole sur le site et les fondations ont été attribuées au milieu du IXe siècle par G. Alaux. L'église prieurale, mentionnée parmi les dépendances de l'abbaye de La Chaise-Dieu en 1117, fut donnée aux bénédictins de cette abbaye et érigée en prieuré. Plusieurs actes juridiques et confirmations pontificales ont assuré ses droits, parmi lesquels la confirmation papale et la lettre patente du duc d'Aquitaine au début du XIIe siècle, ainsi qu'une bulle pontificale de 1184. Le prieuré a joui d'une exemption de la juridiction épiscopale et le chapitre se reconnaissait seul supérieur du pape. Au XIIIe siècle, diverses transactions et jugements attestent des droits seigneuriaux et judiciaires liés au prieuré. Le prieuré comptait autrefois une douzaine de religieux mais entra en décadence au XVe siècle par mauvaise gestion ; il est ensuite signalé avec seulement dix moines en 1763. Les guerres de Religion l'ont fortement endommagé et, selon les sources, les bâtiments conventuels médiévaux furent en grande partie détruits par les protestants. La discipline monastique y fut rétablie par des religieux de Saint-Maur, qui restaurèrent l'église et le couvent, et la réforme mauriste est également mentionnée en 1652. Le clocher fut restauré au début du XVIIe siècle et les bâtiments conventuels furent reconstruits au milieu du XVIIIe siècle. Après la Révolution, le prieuré fut morcelé et vendu; ses ailes furent reconstruites, l'aile est servit d'école de garçons puis d'école de filles avant d'être déplacée à l'hospice à la fin du XIXe siècle. En 1858 l'église, menaçant ruine, fut interdite; des projets de restauration proposés par des architectes furent refusés, puis des travaux reprirent en 1864 sous la direction de Gustave Alaux et avec l'intervention d'entrepreneurs agenais pour refaire la nef sud; la voûte fut achevée sur des plans de Léopold Payen. L'église, reconstruite en grande partie au XIXe siècle dans un style néo-gothique notamment pour la nef, le clocher occidental et la façade, a été classée au titre des monuments historiques en 1908. Sur le plan architectural, de l'édifice roman subsistent l'abside principale et l'absidiole nord du XIIe siècle, qui indiquent un projet initial important à une nef et deux bas-côtés. La nef fut complétée au XIVe siècle par l'édification d'un vaisseau et, au XIVe siècle encore, le bas-côté nord fut remplacé par un vaisseau de deux travées voûté d'ogives, aujourd'hui chapelle de la Vierge. L'église devait comporter à l'origine trois nefs, mais une seule subsiste, reconstruite sur le plan de la nef médiane ; une chapelle au sud complétait probablement l'ensemble. L'abside principale se prolonge par une abside plus étroite et non concentrique, et l'abside du sanctuaire, voûtée en cul-de-four et très basse, a nécessité une construction particulière : le grand hémicycle n'a pas de voûte hémisphérique parfaite et sa voûte appuie sur des assises établies au-dessus de l'arc triomphal. L'ornementation sculptée présente des motifs végétaux, des têtes saillantes, des animaux réels ou hybrides et des scènes de personnages. La porte occidentale relève d'un style du XIVe siècle et le clocher, élevé sur une base carrée en arrière du pignon, s'amortit en octave. Des murs en petit appareil et des mosaïques ont été signalés en 1859 à l'emplacement du prieuré et de la halle. Les études et notices locales, dont celle de Philippe Tamizey de Larroque, livrent la plupart des informations connues sur l'histoire et l'architecture du prieuré et de l'église Sainte-Livrade.