Origine et histoire de l'Église Sainte-Madeleine
L'église Sainte-Madeleine, située dans le quart nord-ouest du département de la Dordogne, en Ribéracois, se trouve au sud-est du bourg de Montagrier, près de la route départementale 103 ; elle est accompagnée d'un cimetière. Construite selon un plan roman à nef unique terminée par une abside demi‑circulaire, l'édifice présente une travée antérieure à l'abside montée en coupole qui supporte le clocher ; cette travée est contrebutée de chaque côté par deux absides formant le transept. Le plan se distingue par la présence d'absidioles secondaires greffées sur les trois absides principales, et la décoration romane, d'un caractère primitif, est attribuée au XIe siècle par certains auteurs. L'église de Montagrier fut un ancien prieuré bénédictin relevant de l'abbaye de Brantôme ; tous les bâtiments conventuels qui s'étendaient au nord ont disparu et l'édifice avait été construit hors de l'enceinte fortifiée. Mentionnée dès le XIe siècle, elle devint église paroissiale au XVIIIe siècle lors de la destruction de l'église Saint‑Côme‑Saint‑Damien du bourg, ce qui explique sa situation relativement excentrée. La nef originelle, jugée trop petite et en mauvais état, fut démolie puis reconstruite en 1897, et le clocher fut rehaussé à la même époque ; des restaurations récentes ont entraîné la disparition de la sacristie et des lauzes horizontales qui surmontaient les corniches de l'abside et des absidioles. Selon les auteurs, la partie romane est située soit au XIe siècle, selon Camille Enlart qui classe l'édifice parmi les églises à plan tréflé, soit au début du XIIe siècle, selon le marquis de Fayolle, malgré le caractère archaïque de certains chapiteaux et sculptures. Il ne subsiste de l'église romane que la partie comprenant la croisée du transept, formée de quatre piliers de 1,50 m de côté, cantonnés intérieurement de colonnes à chapiteaux cubiques qui reçoivent la retombée des arcs à double rouleau et des pendentifs surmontés d'une coupole. Les croisillons du transept et le chœur, en absides demi‑circulaires, dégagent les faces intérieures des piliers du carré du transept et s'ouvrent vers l'est pour communiquer avec les absidioles par des baies en plein cintre. L'abside principale s'ouvre sur 3,80 m sous l'arc triomphal et présente une profondeur de 5,80 m ; elle est décorée de cinq arcs d'appareil portés par quatre demi‑colonnes et deux pilastres adossés aux piliers du transept, et elle est éclairée par trois fenêtres en plein cintre situées au centre des arcades orientales. Une plaque de pierre de 0,40 × 0,40 m et 0,15 m d'épaisseur portant, en faible relief, un chrisme a été retrouvée lors de travaux et encastrée au‑dessus de l'arc du carré du transept, face à la nef ; Edmond Le Blant l'a attribuée au milieu du VIe siècle. Le marquis de Fayolle a émis l'hypothèse que certains chapiteaux de facture archaïque pourraient être des réemplois provenant d'édifices plus anciens, en notant des rapprochements matériels avec des pièces conservées au musée de Périgueux. Classée au titre des monuments historiques le 10 avril 1912, l'église conserve également un chrisme classé depuis 1908, ainsi qu'une chaire de style Renaissance et une plaque commémorative en marbre noir relative à une fondation du vicomte de Ribérac en 1700 pour les pauvres de Montagrier, Brassac et Saint‑Victor, ces deux dernières pièces ayant été classées en 1975.
