Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie
L'église Sainte-Marie de Brouilla est un édifice roman situé à Brouilla, dans les Pyrénées-Orientales, connu pour son chevet trilobé et son portail roman en marbre blanc de Céret. La première mention de l'édifice date de 959. L'église actuelle a été érigée au XIIe siècle et l'ensemble est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 20 novembre 1972. La structure suggère au moins deux campagnes de construction : les murs, l'abside et les absidioles paraissent un peu antérieurs au XIIe siècle, tandis que le voûtement sur doubleaux a été réalisé ultérieurement. La mise en place du portail méridional, datable de la fin du XIIe siècle, constituerait une troisième phase. À l'intérieur, des contreforts munis d'impostes à retours sont plaqués contre les murs et exécutés dans un appareil différent ; l'arc triomphal, dépourvu de ressauts, ne leur fait pas pendant, et aucun bandeau intérieur ne relie les impostes le long des murs afin de ne pas obstruer les arcs des absidioles et les fenêtres latérales. L'édifice présente une nef unique de cinq travées, voûtée en berceau en plein cintre et soutenue par des arcs doubleaux. La nef se termine par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. La cinquième travée, plus large que les autres, ouvre sur deux chapelles latérales semi-circulaires qui donnent au chevet sa forme trilobée. La hauteur sous voûte, à la clé, est de 6,70 m. Un clocher-mur à deux ouvertures s'élève sur le pignon ouest ; il paraît postérieur au reste de l'édifice, l'élévation romane du mur étant encore lisible avec le tracé triangulaire du pignon. Le portail monumental s'ouvre sur le mur sud, au niveau de la deuxième travée ; il est réalisé en marbre blanc de Céret et datable du XIIe siècle. Il est placé dans un avant-corps en saillie et encadré par deux colonnes aux chapiteaux sculptés, qui supportent une voussure unique ornée d'entrelacs et de rosettes. Le chapiteau gauche porte quatre griffons, disposés deux par angle avec une tête commune pour chaque paire, et chaque facette de la corbeille est ornée d'un personnage. Le chapiteau droit représente des lions, dont deux figures courbées et un lion occupant l'angle. Le tympan et le linteau sont lisses et dépourvus d'ornement. Ce portail est apparenté au « petit portail » de l'église Saint-Jacques de Villefranche-de-Conflent et est attribué par certains auteurs au même groupe de sculpteurs, avec une influence perceptible des ateliers ayant réalisé la tribune et le cloître du prieuré de Serrabone.