Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie
L'église Sainte-Marie trouve son origine dans un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Saint-Sever. L'édifice a été fondé au XIIe siècle, remanié dès le XIIIe siècle, fortifié au XIVe et restauré à la fin du Moyen Âge. Il a été cédé aux bénédictines de Bordeaux en 1638 et est devenu par la suite une église paroissiale. L'intérieur conserve des peintures murales des XVIIIe et XIXe siècles. Le clocher-tour, longtemps identifié à un donjon prétendument élevé au IXe siècle, ne présente en réalité aucune partie antérieure au XIIe siècle. Selon la tradition, les bénédictins prirent possession du lieu après une donation de Geoffroy de Roquefort vers 1120 et engagèrent la construction d'une église dont l'orient servait le prieuré et l'occident la paroisse, le logis conventuel occupant l'angle nord‑ouest. Les parties priorale et paroissiale étaient séparées par un mur percé de deux baies dans la nef et le collatéral sud. Au moins deux remaniements successifs ont profondément transformé l'édifice primitif ; aujourd'hui seule l'absidiole sud et une large portion du mur sud du vaisseau subsistent intactes. Au XIIIe siècle, le prieuré dépend encore de Saint-Sever, comme l'atteste une bulle du pape Clément IV en 1266. À l'époque gothique, l'accroissement de la population entraîna l'élargissement de l'enceinte urbaine et l'agrandissement de l'église, financé pour moitié par les bénédictins et pour moitié par les jurats. Vers le milieu du XIVe siècle, le collatéral nord fut prolongé vers l'ouest sur l'emplacement de l'ancien logis prioral et une vaste chapelle dédiée à saint Blaise fut édifiée à l'angle nord‑ouest ; la partie conventuelle, d'abord couverte d'une simple charpente, reçut des voûtes d'ogives et l'ancien chœur roman fut remplacé par un chevet large à arcature et corniche à modillons. Les travaux, interrompus par la guerre de Cent Ans, reprirent dans la seconde moitié du XVe siècle : un nouveau portail gothique fut ouvert au sud pour les paroissiens, les murs gouttereaux furent percés de grandes baies à remplages et les collatéraux furent voûtés d'ogives sur le modèle du chœur. Une chapelle dédiée à saint Joseph fut ensuite édifiée dans l'enclos funéraire et servit probablement de sépulture à la famille de Camon‑Talence. L'église, et en particulier le chœur monastique, fut gravement endommagée lors du sac de Roquefort par les troupes huguenotes de Montgomery et Thoiras en 1569 ; le portail fut aussi mutilé. Les réparations menées par le prieur Cosme de Lafitte jusqu'en 1587 modifièrent le chevet, transformant l'hémicycle en plan carré comblé, ajoutant trois contreforts majeurs, abaissant les voûtes pour harmoniser les hauteurs et obstruant certaines fenêtres. Les absidioles furent fermées côté collatéral et aménagées en sacristies, et les murs et toitures du chevet et de la nef centrale furent surélevés pour créer un espace défensif sommaire. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, après l'union du prieuré aux bénédictines de Sainte‑Croix de Bordeaux (1635 ou 1638), des travaux de consolidation furent poursuivis : le chevet reçut un mur de soutènement (1723), la chapelle Sainte‑Catherine fut nivelée pour les offices puis étayée par un grand arc‑boutant (1746–1748), et la voûte de la chapelle Saint‑Blaise fut refaite en 1782. Après la Révolution, où l'édifice fut affecté au culte de la Raison, des réfections furent entreprises au XIXe siècle : en 1823 des chapiteaux corinthiens en stuc furent posés, en 1840 la tribune en bois fut remplacée par une tribune en pierre et fonte accompagnée d'un escalier extérieur qui mutila le portail gothique, et une sacristie fut aménagée au premier étage d'une maison accolée au mur nord. Les derniers travaux signalés datent de 1882, lorsque le curé Froment fit recouvrir l'ensemble des murs intérieurs de peintures décoratives.
Dans l'enclos funéraire de Sainte‑Marie se trouve la chapelle Saint‑Joseph, une chapelle seigneuriale en pierre de taille au plan allongé et au vaisseau unique, dont la voûte est ornée de liernes et de tiercerons. Sa porte flamboyante à double accolade, décorée de motifs en chou frisé et de colonnettes, est contemporaine du portail de l'église qui lui fait face au nord. Érigée dans la première moitié du XVIe siècle, probablement par la famille de Camon‑Talence, la chapelle porte des traces d'inhumation qui suggèrent son origine en tant que mausolée ; elle appartint ensuite à une confrérie accueillant les pèlerins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle sur la voie Limousine et est aujourd'hui dédiée à l'apôtre Saint‑Jacques. La chapelle Saint‑Joseph est inscrite au titre des monuments historiques le 11 décembre 1995.