Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie-Madeleine
L’église Sainte‑Marie‑Madeleine se situe à Domont (Val‑d’Oise, Île‑de‑France), sur la place de l’Église de la ville haute ; son chevet donne sur la rue de la Mairie, la façade nord sur la place jouxtant le parc et la mairie, et la façade ouest sur la rue de l’Église, la façade sud étant peu visible depuis la voie publique. Une chapelle existait sur la butte avant le XIIe siècle ; en 1108 Radulphe le Bel donna l’église au prieuré Saint‑Martin‑des‑Champs, ce qui entraîna la fondation d’un prieuré à Domont et l’adoption du vocable Sainte‑Marie‑Madeleine. La paroisse de Domont fut créée en 1142 et la construction de l’église actuelle est généralement datée du milieu du XIIe siècle, probablement entre 1150 et 1180 ; chœur et transept présentent une forte homogénéité stylistique. L’édifice relève du gothique primitif, mais conserve dans son déambulatoire un voûtement d’arêtes résolument roman ; son abside en hémicycle avec déambulatoire est, dans tout le nord de l’Île‑de‑France, un exemple ancien et rare de déambulatoire sans chapelles rayonnantes. L’influence du prieuré clunisien Saint‑Martin‑des‑Champs et de monuments comme la cathédrale de Sens se manifeste notamment par des arcs‑boutants encore discrets et par l’harmonie du chœur. Après son achèvement l’église connut des remaniements modérés, puis un mauvais entretien à partir du milieu du XVIIIe siècle conduisit à sa fermeture au culte en 1785 ; le prieuré fut dissous en 1790. Des travaux de réparation et des solutions provisoires furent mis en œuvre au début du XIXe siècle, puis une importante campagne de restauration et de reconstruction se déroula de 1844 à 1857 sous la direction de l’architecte Volkers, qui reconstruisit notamment la nef et fit édifier un nouveau clocher ; les travaux se poursuivirent jusqu’en 1858 avec la sacristie. Le chœur et la croisée du transept ont été classés monument historique par arrêté du 22 juillet 1913, et les terrains communaux attenants ont été classés en 1935 ; une restauration complète menée entre 2002 et 2004 a restitué l’aspect de l’ensemble et permis la consécration du nouvel autel en 2005. L’église est aujourd’hui régulièrement orientée : elle comprend une nef de trois travées et demie avec deux bas‑côtés, un transept dont la croisée et le croisillon sud subsistent (le croisillon nord ayant été transformé en chapelle), un clocher carré placé à l’angle entre cette chapelle et le bas‑côté nord, une abside en hémicycle, un déambulatoire de cinq travées et une chapelle d’axe rectangulaire, la sacristie s’implantant au sud de la dernière travée du déambulatoire. L’élévation sur trois niveaux — grandes arcades, étages de tribunes et fenêtres hautes — est ambitieuse pour les dimensions de l’édifice ; les grandes arcades légèrement brisées retombent sur colonnes et chapiteaux variés, les tribunes constituent une version économique du triforium, et les fenêtres hautes sont encadrées de colonnettes à chapiteaux. La croisée du transept repose sur quatre piles puissantes, liées à la fonction primitive de support ou de contrebutement du clocher, et des interventions du XIXe siècle ont modifié la base de certaines colonnes. Le déambulatoire, dépourvu de chapelles rayonnantes, ménage une lecture architecturale épurée et conserve deux travées nord authentiques éclairées par de petites baies en plein cintre, tandis que la quatrième travée présente un remplage et une frise d’inspiration renaissante. À l’extérieur, le chevet se distingue par des fenêtres à archivolte torique reposant sur fines colonnettes, une corniche en pointe‑de‑diamant et des contreforts qui intègrent des arcs‑boutants ; la partie sud assemble des éléments de gothique primitif, gothique flamboyant et de la Renaissance sans rupture stylistique notable. Le mobilier comprend notamment six dalles funéraires classées au titre d’objet en 1908, quelques autres dalles visibles dans le dallage et contre les murs, l’ancien maître‑autel de la chapelle nord antérieur à la reconstruction du XIXe siècle, des vitraux datés de 1860‑1887 pour le chœur et le transept, de 1945 pour les bas‑côtés et un vitrail de 1971 du frère Éric de Taizé, ainsi que deux cloches neuves installées en 2005. L’église abrite enfin un orgue de salon signé Aristide Cavaillé‑Coll sur la tribune occidentale, instrument restauré en 2010 et complété au cours du XXe siècle. Sainte‑Marie‑Madeleine de Domont constitue ainsi un témoin notable du gothique primitif en Île‑de‑France, mêlant caractéristiques romanes et innovations architecturales du XIIe siècle, tout en ayant traversé des phases de dégradation, de reconstruction au XIXe siècle et de restauration contemporaine.