Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie-Madeleine
L'église Sainte-Marie-Madeleine de Neuilly-en-Donjon, dans l'Allier, se dresse au sommet du bourg, autour duquel les maisons se sont progressivement construites. De style roman, l'édifice présente une nef unique voûtée d'arêtes en plâtre sans bas-côtés, prolongée par une travée droite et une abside en cul-de-four ; un clocher-arcade s'élève sur le pignon est. Les anciennes baies romanes ont été murées, mais les fenêtres sont actuellement visibles après les récentes restaurations. L'édifice, mentionné dans un pouillé du diocèse d'Autun antérieur à 1312 et historiquement lié au prieuré de Marcigny, a été classé au titre des monuments historiques en 1944. D'importants travaux de rénovation (toiture, charpente, façade occidentale, portail) ont été menés entre 2008 et 2010, financés par la commune avec l'aide d'un mécène américain pour la part communale. Construite en blocs irréguliers de grès et quelques micro-granites, l'église n'utilise de grandes pierres taillées que pour les angles et les parties basses de la façade, noyées dans un mortier épais. L'intérieur, sobre, comprend une abside en cul-de-four et une travée de chœur voûtée en berceau récemment enduites ; la nef montre une belle charpente découverte, vestige du retrait d'une voûte en plâtre qui, au XIXe siècle, avait entraîné la perte des fenêtres romanes ou leur transformation. La façade occidentale, agrémentée d'un fronton triangulaire et d'une fenêtre romane, présente un portail finement taillé, considéré comme unique dans la région et influencé par l'école de Cluny en Brionnais. Le portail comporte deux voussures ornées de décors végétaux et d'une rangée de palmettes qui semblent jaillir de la gueule d'un monstre sculpté au-dessus des tailloirs ; un moulage à l'échelle 1 du tympan et du linteau, réalisé par Georges Latapie, figure dans les collections de la Cité de l'architecture et du patrimoine depuis 1955. Le tympan représente l'Adoration des Mages : la Vierge assise porte l'Enfant, les Rois, guidés par une étoile, offrent l'or, la myrrhe et l'encens, tandis que des anges sonnent de la trompe et que des animaux ailés — un lion et un bœuf — soutiennent les pieds des personnages. Diverses lectures iconographiques sont possibles : l'homme ailé tenant un livre derrière le trône est souvent identifié à l'évangéliste Matthieu ou à un ange-guide des Mages, et la présence du lion et du bœuf a été rapprochée tant du tétramorphe que de textes prophétiques ou apocryphes évoquant la soumission des bêtes. Le tympan et le linteau forment ensemble un résumé théologique combinant Nativité et Passion : le tympan évoque le Salut apporté par le Christ et le linteau annonce la mort rédemptrice du Christ, tout en montrant la Madeleine oignant les pieds du Christ, image de la pénitence. Le linteau, qui relie visuellement les chapiteaux, est sculpté en deux registres : à gauche, Adam et Ève entre l'arbre de la Connaissance et l'arbre de la Vie sont tentés par le serpent ; à droite, la scène du repas montre la Cène entourant les apôtres et la Madeleine agenouillée lavant les pieds du Christ. Les chapiteaux présentent des scènes variées : le chapiteau septentrional montre un démon piétinant un damné et, sur une autre face, un personnage nimbé manipulant un homme tête en bas — une scène qui a été associée à un miracle attribué à Marie-Madeleine — ; le chapiteau de droite représente de manière plus lisible Daniel dans la fosse aux lions et le prophète Habacuc apportant de la nourriture, l'ange tenant Habacuc et le lion se montrant soumis.