Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie-Madeleine
L'église Sainte-Marie-Madeleine, dite de la Madeleine, fut fondée en 1474 sur un terrain appartenant aux chanoines de la collégiale Saint-Georges à la demande du comte de Vendôme ; plusieurs maisons de la rue Saint-Jacques durent être démolies pour permettre sa construction. D'abord simple succursale de l'église Saint-Martin, elle fut érigée en paroisse en 1487, à l'occasion de l'achèvement du clocher et de la construction d'une abside polygonale à trois pans. L'édifice primitif se composait d'une nef terminée par une abside et couverte d'une charpente lambrissée aux entraits sculptés et polychromes, tandis que des vestiges de colonnes engagées aux angles indiquent que la voûte en liernes et tiercerons ne fut pas forcément le couvrement initial de l'abside. Le clocher, à l'angle nord‑ouest, présente une flèche de pierre polygonale aux arêtes saillantes pourvues de crochets ; elle s'élève au‑dessus d'une chambre des cloches percée d'ouvertures en arc brisé, elle‑même surmontée d'un tambour octogonal éclairé par des baies à réseau trilobé, flanqué de pinacles et couronné d'une balustrade ajourée de motifs flamboyants. Au XVIe siècle, la simplicité du parti primitif fut remplacée par un édifice à collatéraux : en 1523 Jacques Malon fit construire une chapelle à l'angle de la nef et du clocher, puis un bas‑côté nord fut ajouté et réuni à la chapelle seigneuriale pour former un collatéral de six travées couvertes de voûtes d'ogives. Ces travées s'ouvrent largement sur le vaisseau central par des arcades en tiers‑point ; les baies retombent sur des piliers demi‑cylindriques côté nef et sur des supports à moulures prismatiques côté collatéral. Une chapelle fut édifiée au sud‑est de l'abside en 1532, et en 1680 d'autres chapelles peu profondes ainsi qu'une sacristie furent ajoutées côté sud. Durant la Révolution, l'église servit de magasin à bois ; elle fut vendue comme bien national le 17 mai 1795 pour 2 150 livres à des paroissiens, puis rendue au culte au moment du Concordat et rétablie comme seconde paroisse de la ville. À la fin du XIXe siècle, le projet de reconstruction proposé par l'architecte E. Marganne fut rejeté ; l'église fut alors agrandie au sud par trois petites chapelles, une tribune fut aménagée pour l'orgue et une nouvelle sacristie fut accolée à l'abside. Le gothique flamboyant se lit dans le réseau de remplage des baies, le décor sculpté des contreforts, la pénétration des ogives dans des supports prismatiques et surtout dans la grande baie axiale de l'abside au jeu complexe de courbes et contre‑courbes ainsi que dans la voûte nervurée. Les conceptions nouvelles apparaissent aussi dans le volume clair et dégagé permis par l'emploi de colonnes et le percement de larges arcades. Malgré ses agrandissements successifs, l'église a conservé une certaine qualité architecturale et témoigne de la richesse du gothique flamboyant à Vendôme, enrichi ensuite par le mécénat de la comtesse Marie de Luxembourg, qui favorisa d'autres réalisations locales. L'élégante tour‑clocher de la Madeleine marque le paysage urbain, sans égaler toutefois celle, plus ancienne, de l'abbatiale. Entre 1878 et 1895 un décor peint et sculpté prit place dans l'édifice, et les baies des collatéraux furent ornées de vitraux réalisés par des maîtres‑verriers régionaux — Lucien‑Léopold Lobin et Jean‑Prosper Florence, Julien Fournier et Charles Lorin de Chartres — formant un ensemble significatif de l'art du vitrail à la fin du XIXe siècle. Ces verrières apportent des informations sur la personnalité et les intentions des donateurs ainsi que sur le contexte des commandes, et la baie axiale présente un intérêt historique particulier en réunissant des panneaux posés à la fin du XVe siècle et des verrières provenant de la chapelle de Jacques Malon. Le vaisseau central mesure 47 m de long sur 13 m de large, le collatéral nord 6 m de largeur et le clocher 25 m de haut.