Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux à Marseille 1er dans les Bouches-du-Rhône

Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux

  • 13004 Marseille
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux
Crédit photo : Robert Valette - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1600
1700
1800
1900
2000
1633
Fondation de l'église
1680
Début de la construction
1702
Consécration de l'église
1790-1793
Dissolution de la communauté
1803
Érection en paroisse
1956
Programme d'art sacré
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

L'église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux, en totalité, y compris la sacristie, les annexes, la cour et son mur, placés au chevet, située place Edmond-Audran, figurant sur la parcelle 816 H 11 du cadastre de la commune, tel que délimité et hachuré en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 25 juin 2025

Personnages clés

Maréchal de Vitry A posé la première pierre de l'église en 1633.
Dom Jean-Baptiste Berger Prieur qui dessina le projet d'ensemble du monastère et de l'église.
Dom Joseph de Martinet Dernier moine ayant mené une existence cachée et itinérante pendant la Révolution.
Victor Dupont Architecte responsable de la restauration du XIXe siècle.
Max Ingrand Artiste ayant réalisé les vitraux de l'église en 1956.
Louis Botinelly Sculpteur ayant réalisé plusieurs œuvres présentes dans l'église.
Alfred Lang Artiste ayant réalisé des médaillons et un autel tabulaire dans l'église.

Origine et histoire

L'église Sainte-Marie-Madeleine, dite des Chartreux, se dresse place Edmond-Audran dans le 4e arrondissement de Marseille et est desservie par la station de métro Chartreux. Fondée en 1632-1633 par la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon à l'écart de l'enceinte urbaine, la communauté fut installée sur un site choisi pour sa proximité de la ville, son calme et ses terres irrigables par le ruisseau du Jarret. La première pierre fut posée le 8 septembre 1633 par le maréchal de Vitry et, en 1656, le couvent reçut la sauvegarde de Louis XIV. Le développement du monastère s'appuya sur l'aide régulière de la chartreuse de Villeneuve et sur des dons de familles marseillaises, qui permirent d'édifier les cellules des moines et le petit cloître achevé en 1651 et béni en 1652. Dom Jean-Baptiste Berger, nommé prieur en 1666, dessina le projet d'ensemble du monastère et de l'église ; la construction de celle-ci commença en 1680 et elle fut consacrée en décembre 1702. L'édifice comprenait une longue nef avec six travées dont quatre formaient un chœur fermé, deux collatéraux occupés par les chapelles individuelles des pères et un chevet plat ; le dôme prévu au-dessus du chœur et la sculpture du couronnement du péristyle n'ont pas été réalisés par manque de moyens. De 1703 jusqu'à la Révolution, la communauté mena une vie régulière dans ses bâtiments neufs. Pendant la Révolution, l'entrée de la chartreuse se situait sur l'actuelle place Pierre-Brossolette et une allée, aujourd'hui le boulevard d'Arras, conduisait à l'église ; le grand cloître, resté partiellement inachevé, s'étendait jusqu'à la rue Meyer et son axe correspond à l'actuel boulevard de la Fédération. Après l'interdiction des vœux et la suppression des ordres religieux, la communauté d'une quinzaine de pères fut dissoute et les biens confisqués puis vendus par lots entre 1790 et 1793 ; seule l'église échappa à l'aliénation. La riche bibliothèque de 2 480 livres fut dispersée lors d'une liquidation en 1791 qui dura neuf jours et ne produisit qu'une somme dérisoire. L'un des derniers moines, dom Joseph de Martinet, mena une existence cachée puis itinérante ; il fut le seul prêtre non jureur à exercer à Marseille entre août 1792 et juillet 1793, mourut en 1795 et ses restes furent transférés dans l'église en 1856. L'église fut érigée en paroisse en 1803 et connut au XIXe siècle des fortunes variées : la création d'un jardin des plantes sur une parcelle de l'ancien jardin monastique attira l'attention et la peinture de Michel Serre, L'apothéose de Sainte Marie-Madeleine, y fut réinstallée en 1833, unique tableau conservé des quelque trente-cinq œuvres du monastère. Avec l'accroissement de la population au cours du XIXe siècle, il fut nécessaire d'ouvrir les arcades qui séparaient la nef des bas-côtés ; une commission d'architectes reconnut ce besoin en 1859 et les travaux furent réalisés en 1860. Le milieu du XXe siècle a profondément transformé la présentation intérieure : un important programme d'art sacré fut commandé en 1956 et la réalisation d'un ensemble de vitraux par Max Ingrand marque encore l'aspect actuel de l'édifice. La façade, haute de 31 mètres, est précédée d'un péristyle large de 28,60 mètres soutenu par huit colonnes ioniques ; l'entablement porte une inscription latine rappelant la fondation par la chartreuse de Villeneuve en 1633 et huit socles destinés à des statues sont restés vacants faute de financement. L'ordre supérieur, en retrait, ne couvre que la nef centrale et s'ouvre par une grande verrière encadrée de quatre pilastres corinthiens, le tout couronné d'un fronton et d'une croix ; les battants de noyer de la porte, datés de 1700, sont l'œuvre d'Olivier Guignat et Jean-Baptiste Onillon, et deux médaillons de 1956 représentant saint Bruno et sainte Marie-Madeleine sont dus à Alfred Lang. L'intérieur présente une grande nef de 46,90 mètres de long, 10,20 mètres de large et 25,60 mètres de haut, dont la décoration principale est une corniche remarquable. Dans la nef se trouvent une chaire monumentale en chêne de style flamand provenant des ateliers des frères Goyer de Louvain (1862), un Christ taillé dans un tronc par Chauval et, sous la coupole, l'emblème des chartreux composé d'un globe crucifère entouré de sept étoiles ; en tribune se trouve le grand-orgue de la maison Mutin (1912). Le maître-autel, réalisé d'après les plans de l'architecte Théophile Dupoux par les ateliers Sauvigne de la Capelette en 1893, représente un tombeau décoré des armes chartreuses et comporte des niches abritant des statues de sainte Marie-Madeleine et de sainte Marthe ; il est classé au titre des monuments historiques depuis le 19 juin 2002. Les collatéraux, qui accueillaient les chapelles des pères chartreux, conservent de nombreuses sculptures et statues — notamment Notre-Dame du Rosaire retrouvée dans les anciens jardins, saint Joseph à l'Enfant, sainte Thérèse, le tombeau de dom Joseph Martinet surmonté de son masque mortuaire, plusieurs œuvres de Louis Botinelly et des pièces d'Alfred Lang — ainsi qu'une chapelle dédiée à sainte Marie-Madeleine qui rassemble une statue de Botinelly, un autel tabulaire de Lang et une reproduction du projet initial de la chartreuse par dom Berger. Les vitraux actuels remplacent ceux de 1870, brisés par une violente explosion survenue le 3 septembre 1952 dans l'huilerie voisine de la rue Banon, événement qui provoqua de nombreuses victimes et dégâts. Un incendie en 1906 détruisit un orgue antérieur et conduisit à la construction du grand-orgue signé Charles Mutin, livré en 1912, doté de trente-deux jeux sur trois claviers et pédalier et inauguré par Joseph Bonnet ; l'instrument, peu modifié depuis, a été entièrement démonté en septembre 2024 pour restauration. Malgré sa situation hors des circuits touristiques habituels, l'église Sainte-Marie-Madeleine des Chartreux est considérée comme l'une des plus importantes réalisations religieuses du XVIIe siècle à Marseille, avec la chapelle de la Vieille-Charité.

Liens externes