Origine et histoire de l'Église Sainte-Marie-Majeure
L'église Sainte-Marie-Majeure, dite Sainte-Marie, se dresse au cœur de la Haute-Ville de Bonifacio, en Corse-du-Sud. Edifiée à la fin du XIIe siècle pendant la période pisane, elle dépendait de la juridiction de l'archevêque de Gênes. Son existence est attestée par un acte notarié du 5 septembre 1222 et par des documents de 1238. La façade occidentale, en calcaire blanc, est surmontée d'un fronton triangulaire animé d'arcatures aveugles et précédée d'une loggia couverte d'une charpente. Cette loggia, remaniée vers 1872, présente une série d'arcades reposant sur des piles en pierre et une toiture à longs pans. Une loggia à six pilastres reliés par des arcs prolonge l'édifice et donne accès à la citerne communale située en dessous. La citerne, reliée aux maisons voisines par des arcs-boutants qui servaient aussi de soutènement, avait une capacité importante et permettait de recueillir les eaux de pluie, fonction utile en cas de siège. Le clocher, élevé au XIVe siècle, repose partiellement sur les absides médiévales ; sa base est romane, les quatre étages supérieurs sont gothiques et son couronnement date du XVIIIe siècle. De puissants contreforts, édifiés entre le XVe et le XVIIIe siècle, ont été ajoutés pour empêcher le basculement du clocher vers le sud. Des chéneaux médiévaux recueillant les eaux pluviales témoignent des aménagements hydrauliques anciens. L'intérieur comprend trois nefs ; chacune abrite un autel en marbre polychrome du XVIIe siècle et le maître-autel contient les reliques de saint Boniface, patron de la ville. On y trouve aussi une statue de la Vierge de l'Assomption, une statue de saint François en marbre de Brando datée du XVIIe siècle, ainsi que des peintures telles que La Cène (XVIIIe siècle) de Saverio Farinole et L'Apparition du Christ à saint Isidore de J. Couston. La sacristie actuelle a été aménagée au début du XVIIe siècle avec un accès au chœur, et le maître-autel ainsi que les chapelles latérales datent du deuxième quart du XVIIIe siècle. En 1756 la corporation des marchands commanda la chapelle Notre-Dame du Mont-Carmel au sculpteur Giulio Martinetti, et la chapelle du Sacré-Cœur fut édifiée en 1769. En 1815, le clocher subit d'importants dégâts après des tirs de canon lors d'affrontements locaux. Classée au titre des monuments historiques en 1982, l'église a fait l'objet de campagnes de restauration : de 1984 à 1995 sous la direction de l'architecte en chef Pierre Colas, qui a restitué certains aspects originels de la façade et du clocher, puis de 2005 à 2014 sous la conduite de l'architecte en chef des Monuments Historiques Jacques Moulin, qui a notamment achevé la reprise de l'intérieur. L'édifice, principalement roman et d'une surface de plus de 500 m², demeure l'un des plus anciens monuments de la ville.