Origine et histoire de l'Église Sainte-Maxence
L’église Sainte‑Maxence, située à Pont‑Sainte‑Maxence dans l’Oise, est un édifice catholique d’origine très ancienne implanté au pied du mont Calipet, à la limite est de la ville et à quelques dizaines de mètres de la forêt d’Halatte. Sa dévotion trouve son origine dans la légende du martyre de sainte Maxence, jeune noble écossaise qui, fuyant un mariage forcé, aurait été assassinée puis portée céphalophore jusqu’au lieu où une chapelle puis une église furent élevées ; des miracles et des pèlerinages y ont marqué la tradition locale. Retirée du calendrier des saints en raison de l’absence de preuves matérielles, sainte Maxence reste néanmoins honorée à Pont‑Sainte‑Maxence par une messe annuelle et, avec l’église d’Yvillers, constitue l’un des deux rares édifices français placés sous son invocation. L’église, centre de la paroisse éponyme, a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 23 mai 1921.
Rebâtie intégralement après les destructions de la guerre de Cent Ans, elle a connu trois campagnes principales : la nef et ses collatéraux au dernier quart du XVe siècle, le chœur et le déambulatoire durant la première moitié du XVIe siècle, et enfin le clocher entrepris au tournant de la fin du XVIe siècle. Cette évolution explique la grande homogénéité générale de l’ensemble, malgré quelques éléments de style Renaissance nettement lisibles sur le clocher. L’édifice se caractérise par un gothique flamboyant raffiné : la nef offre une élégance et une clarté remarquables, obtenues notamment par des collatéraux voûtés presque à la même hauteur que le vaisseau central et par des voûtes à liernes et tiercerons dont les nervures s’unissent de façon organique aux piliers. Le chœur, plus sombre et moins orné, présente des murs lisses aux lignes courbes, de grandes arcades et des supports soigneusement travaillés qui lui confèrent néanmoins une forte qualité architecturale.
Orientée légèrement nord‑ouest / sud‑est, l’église mesure environ 60 mètres de longueur pour 20 mètres de largeur et offre une hauteur sous voûtes de 13 à 14 mètres, tandis que le clocher atteint 37 mètres. Le plan comporte une nef de cinq travées flanquée de collatéraux, un chœur de trois travées droites terminé par une abside à cinq pans, et un déambulatoire formé par deux collatéraux et cinq chapelles rayonnantes de dimensions à peu près égales ; il n’y a pas de transept développé, mais une première travée du chœur de plan carré joue le rôle d’un faux transept. Les collatéraux présentent une grande variété de dessins de voûtes, parfois évoquant des motifs floraux, et les fenêtres offrent des réseaux flamboyants généreux mais sans atteindre l’effet de « cage de verre » des grandes églises rayonnantes.
La façade occidentale reste le principal décor extérieur flamboyant, tandis que le clocher, marqué par des éléments de la Renaissance et une plate‑forme couronnée d’une coupole et d’un lanternon, contraste avec le reste de l’édifice. Les élévations latérales et le chevet reflètent l’organisation intérieure et l’emploi de contreforts simples et d’arcs‑boutants discrets. À l’intérieur, la lumière favorise nettement la nef grâce à la hauteur relative des collatéraux et au calcaire clair utilisé, alors que le chœur demeure plus réservé et tamisé.
Le mobilier est sobre mais comporte des pièces de valeur : une Pietà en bois de chêne du XVIe siècle et une statue de saint Jean‑Baptiste de la seconde moitié du XVIe siècle sont classées monuments historiques depuis 1912. La chapelle baptismale conserve des fonts du XIXe siècle en marbre rouge de style néoclassique, et la dernière chapelle du collatéral sud abrite le monument aux morts de la paroisse et la Pietà classée. Un tableau représentant une Adoration des mages du dernier quart du XVIe siècle figure parmi les œuvres remarquables. Le grand orgue de tribune, dont le buffet de style baroque est ancien et dont la partie instrumentale a été classée en 1976 (le buffet en 1995), provient de l’hôtel‑Dieu de Noyon et a été complété au début du XIXe siècle.
Le chœur conserve un retable et un ancien maître‑autel du XIXe siècle de style Empire ainsi que plusieurs autels néogothiques et néo‑baroques dans les chapelles ; l’autel de sainte Maxence, ajouré, contient un gisant. Enfin, la paroisse elle‑même a été marquée au XIXe siècle par le curé Benjamin‑Léandre Langlois, fondateur d’institutions locales et honoré par une plaque dans le collatéral nord du chœur. Les spécialistes soulignent l’homogénéité et la qualité du style flamboyant de l’église, en particulier la finesse des voûtements et l’intégration organique des nervures aux supports.