Origine et histoire de l'Église Sainte-Pezenne
L'église Sainte‑Pezenne, située à Niort (Deux‑Sèvres), date des XIe‑XIIe siècles et conserve un chœur de structure romane archaïque. Ancienne église paroissiale du village de Sainte‑Pezenne, rattaché à Niort en 1965, elle dépend aujourd'hui de la paroisse Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Paul du diocèse de Poitiers. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 22 avril 2003. Il a été implanté sur le site d'une ancienne chapelle de pèlerinage liée à la mort de sainte Pezenne, vierge d'origine espagnole qui, selon la tradition, avait fui les Sarrasins et était morte ici. La construction a connu des remaniements au XVe siècle, qui ont voûté la nef d'ogives, puis des transformations aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment une reconstruction partielle du clocher et la réfection du mur nord de la nef. La sacristie accolée au chevet a été édifiée en 1806‑1807; en 1814 on a reconstruit l'angle sud de la façade et le pignon du chevet, et la chapelle sud a été réduite en 1843. Le plan présente une croix latine avec une nef unique bordée d'arcades latérales soulignées par des contreforts intérieurs, deux chapelles rectangulaires et un chœur de deux travées dont le chevet plat est creusé intérieurement d'une abside semi‑circulaire. La façade occidentale est dominée par un clocher‑porche carré et trapu, de type roman rare dans la région, qui a été remanié au XVIIe siècle. Le portail en plein‑cintre est mouluré d'un boudin torsadé et d'un cavet retombant sur deux colonnes aux chapiteaux feuillagés; la façade comporte par ailleurs une baie étroite et peu d'ornementation. À l'intérieur, le clocher‑porche est voûté d'une coupole archaïque. L'arc triomphal, brisé, repose sur des piliers composés de trois colonnes et de chapiteaux romans ornés de rubans perlés, de feuilles d'acanthe et de crochets. Les piliers de la nef ont conservé des chapiteaux romans malgré les voûtes gothiques posées au XVe siècle. Le chœur conserve un maître‑autel qui n'a pas été détruit et un sol couvert de tomettes installées au XXe siècle. La crypte où la sainte aurait été inhumée est condamnée. L'église abrite trois tableaux d'époque Louis XIV : un Sainte‑Pezenne dans le bras droit du transept, une Nativité avec adoration des bergers au‑dessus du maître‑autel, et un Saint Louis dans le bras gauche du transept. Un vitrail daté de 1854, dessiné par l'abbé Boinot, représente sainte Pezenne vêtue d'une robe violette et d'une tunique bleu ciel tenant la palme du martyre; le même auteur a réalisé un autre vitrail figurant saint Jacques. Au fond du chœur se trouvait un reliquaire contenant une phalange de la sainte, offert en 1955 par l'Espagne ; cette relique, autrefois exposée à l'Escorial avec le reste des reliques, n'est plus conservée dans l'église mais mise en lieu sûr. Les archives signalent que l'ensemble des reliques avait été offert au comte de Vermandois par Aliénor d'Aquitaine avant son départ pour la Deuxième Croisade en 1147, puis conservé à Saint‑Quentin jusqu'à leur transfert par les Espagnols en 1557. Pendant la période où les huguenots, sous le commandement du comte de Saint‑Gelais, prirent Niort et mirent fin au culte catholique, Sainte‑Pezenne servit entre 1589 et 1602 d'église paroissiale pour les Niortais restés catholiques. L'édifice fut restauré au début du XIXe siècle après les dégradations de la Révolution. Après le décès du dernier curé, l'abbé Morice, en 1994, l'église est devenue filiale de l'église Saint‑Étienne de Niort. Elle est considérée comme la plus ancienne église de Niort et conserve des éléments romans remarquables, en particulier son chœur archaïque et son clocher‑porche.
