Origine et histoire de l'Église Sainte-Walburge
L'abbaye Sainte-Walburge, ancienne abbaye bénédictine, se situe à Walbourg dans le Bas-Rhin, en Alsace. Elle a donné son nom au village et connaît plusieurs traditions relatives à sa fondation : certains textes la rattachent à un ermitage établi en 1074 par le comte Thierry de Montbéliard, d'autres la lient à Frédéric de Staufen et au comte Pierre de Lutzelbourg, qui l'offrirent au Saint-Siège. L'abbaye a bénéficié du patronage des Hohenstaufen et de soutiens épiscopaux ; une bulle du pape Pascal II et des privilèges impériaux sont mentionnés dans les sources. Frédéric le Borgne demanda à être inhumé à Sainte-Walburge et l'abbaye prospéra aux XIIe et XIIIe siècles avant de connaître des difficultés au XIVe siècle. Sous les abbatiats de Sigmund Krieg et surtout de Burkhard (Burckhard) von Müllenheim, la situation se redressa au XVe siècle ; une bulle pontificale figure encore dans les archives de 1497. Burkhard von Müllenheim fit entreprendre une importante reconstruction de l'église abbatiale au milieu du XVe siècle ; les travaux, documentés par des inscriptions et des armoiries, sont datés entre 1456 et 1465, la date 1461 figurant notamment sur les verrières du chœur. Les parties basses des murs de la nef, remontant au XIIe siècle, ont été mises au jour lors de restaurations et leurs fenêtres romanes, longtemps obturées, ont été dégagées en 1967 ; un châssis de fenêtre en bois conservé au musée de Haguenau a été daté par dendrochronologie autour de l'an 1100. Au sud, une porte latérale conserve deux piédroits sculptés partiels ; la charpente de la nef et du chœur a été datée par dendrochronologie de 1461. Lors des travaux de 1456, le chœur fut reconstruit, la nef surélevée, des ouvertures percées dans le mur ouest et une chapelle dite des anges, aujourd'hui sacristie, édifiée ; un jubé contemporain fut supprimé en 1725 et deux statues susceptibles d'en provenir se trouvent aujourd'hui sur la façade de la mairie. La travée sous le clocher sépare la nef du chœur et s'ouvre par de grandes arcades ; elle comporte des tribunes nord et sud qui communiquaient autrefois avec le jubé. La marque de l'atelier d'un maître maçon souabe, Hans Böblinger, a été reconnue sur une clé de voûte de la tour de croisée, et des marques de tâcheron figurent sur l'escalier de la tourelle sud. Au fil des siècles, l'abbaye subit des vicissitudes : dommages causés par la guerre des Paysans de 1525 aux biens monastiques, incorporation au chapitre de Wissembourg au milieu du XVIe siècle, occupation après la guerre de Trente Ans par le séminaire de Strasbourg dirigé par des jésuites, vente révolutionnaire aux particuliers, puis donation de l'église à la commune par Michel Pierre Saglio en 1805. L'église fut gravement touchée par des bombardements en 1945, la toiture et les voûtes du chœur ayant été perforées ; des restaurations commencées en 1949 ont permis des remises en état et, lors d'un ravalement extérieur en 1967, d'établir la coexistence d'éléments romans du XIIe siècle et d'un niveau supérieur en briques et baies ogivales du XVe siècle ; les réseaux des baies du chœur ont été remplacés. Les trois verrières de l'abside portent une inscription datée de 1461 et représentent respectivement la vie de la Vierge avec l'enfance et la vie publique du Christ, la Passion du Christ, et la vie de saint Jean‑Baptiste ; le frère de l'abbé est figuré en donateur et le blason de la famille von Müllenheim y apparaît. Les vitraux relèvent de l'école de Strasbourg et leur attribution à Peter Hemmel d'Andlau a été discutée par les spécialistes, qui notent des rapprochements avec Jost Haller et le Maître de la Passion de Karlsruhe ; certains panneaux semblent par ailleurs postérieurs et avoir été réalisés sous l'abbatiat de Peter Schwartz. Un nouvel orgue, construit par le facteur Martin Wetzel en 1832 pour la cathédrale de Strasbourg mais finalement installé à l'abbatiale en 1835, fait partie des éléments remarquables de l'intérieur. L'église conserve également un christ en croix du XVIe siècle encadré de statues de saint Jacques et de saint Philippe (XVe), des voûtes gothiques du chœur, des peintures des Pères de l'Église dégagées et restaurées au XIXe siècle, une tour eucharistique gothique, une chaire baroque et des autels secondaires des XVIIIe et XVe siècles, ainsi qu'une Vierge à l'Enfant datée de 1485 attribuée à Clément de Bade. Les vitraux du chœur furent classés au titre des monuments historiques en 1862 et l'ensemble de l'église a été classé en 1898 ; plusieurs campagnes de restauration aux XIXe et XXe siècles ont cherché à préserver et à mettre en valeur ces différentes strates historiques.
