Origine et histoire de l'Église San Michele
L'église Saint-Michel (San Michele) se situe sur la commune de Murato, en Haute-Corse, au lieu-dit San Michele, à l'entrée du village le long de la D5, à environ un kilomètre du bourg ; la clé se demande à la mairie, une messe y est célébrée le 8 mai et l'édifice est souvent ouvert au public durant la saison estivale. Petite église romane considérée comme l'une des plus belles de Corse, elle date du milieu du XIIe siècle et a été consacrée vers la fin du XIIIe siècle, alors que la Corse était sous l'influence de Pise. Son appareil polychrome, caractéristique du style pisan, alterne des pierres vertes (serpentinite) et blanches (calcaire) dessinant damiers et zébrures ; l'édifice rappelle les grands monuments de Pise et de Toscane par le choix des matériaux et des ornements, tout en restant de taille plus modeste, comme la plupart des bâtiments insulaires de cette époque. L'église est classée au titre des monuments historiques depuis 1840.
De plan simple, elle comporte une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire et s'inscrit sur l'axe est‑ouest traditionnel, l'abside étant à l'est. Le haut des murs est orné de lombardes et l'appareillage soigné met en valeur l'alternance des pierres claires et sombres. La façade occidentale est animée par un clocher-porche carré, soutenu par deux piliers cylindriques et par de lourdes colonnes appareillées en alternance claire et sombre ; ce clocher-porche a été surélevé au XIXe siècle et comporte, au-dessus de la porte principale, trois arcatures doubles aux claveaux alternés, l'arcature de droite étant moulurée de plusieurs tores. Le linteau de la porte provient de l'ancienne église principale de la pieve de Bevinco. La façade sud présente une porte latérale ; les façades nord et sud sont équipées chacune de deux fenêtres-meurtrières. La partie haute du chevet comporte une petite ouverture en forme de croix grecque et l'abside possède elle aussi une fenêtre-meurtrière.
Les décors sculptés sont particulièrement riches et variés : modillons figurant des personnages et des animaux, une frise d'arcatures dont les bases sont sculptées de motifs divers tels que gerbes de blé, pièces, main coupée ou ciseaux, ainsi que des linteaux et entrelacs de serpents ornant les fenêtres. Une fenêtre de la façade sud présente une architrave monolithique creusée d'un petit arc et décorée d'un plat‑relief représentant deux serpents entrelacés, gueules ouvertes, faisant face à deux oiseaux, avec des étoiles entrelacées dans les angles supérieurs ; les modillons voisins montrent notamment un batracien bicéphale et une fleur stylisée. La fenêtre de l'abside, sans sculpture, est incrustée de pierres sombres formant deux rosaces et un arc de décharge. Les modillons sculptés d'animaux évoquent les décors de l'église de la Trinité d'Aregno.
À l'intérieur, l'église conserve un autel simple et des vestiges de peintures murales : des fragments de l'Annonciation, attribués au XIVe siècle, subsistent sur l'enduit et sont classés (notices PM2B000376 à PM2B000378 depuis le 30 juin 1908). Parmi les détails remarquables figurent plusieurs fenêtres-meurtrières, le linteau occidental représentant Ève succombant au serpent, ainsi que les modillons sculptés de part et d'autre de l'entrée et le décor du chevet.