Origine et histoire
L'église Saint‑Paul de Chailly‑en‑Bière (Seine‑et‑Marne) présente une architecture romane et gothique et est inscrite aux monuments historiques depuis 1926. Elle est célèbre pour apparaître en arrière‑plan du tableau L'Angélus de Jean‑François Millet, conservé au musée d'Orsay. Une première église carolingienne a été édifiée en 808, sous le règne de Charlemagne, sur l'actuelle route nationale 7, en lisière de la forêt de Fontainebleau, sur une ancienne route royale du Pays de Bière du Gâtinais ; elle fut dédiée à l'apôtre Saint Paul par l'évêque de Sens. L'édifice actuel, de tradition romane, a été construit sur cet emplacement au XIIe siècle et comporte des éléments architecturaux remontant à plusieurs périodes : une ogive du XIIe siècle, quelques lancettes du XIIIe siècle, une chapelle seigneuriale du XIVe siècle devenue la sacristie, des baies du XVe siècle, ainsi qu'un chœur et des chapelles latérales du XVIe siècle ; la couverture est en tuile plate et le clocher date du XVIIIe siècle. Le chœur et le clocher furent détruits par un incendie en 1752 puis restaurés en 1753 en réemployant des lambris provenant du château de Fontainebleau. Le clocher a de nouveau été incendié et reconstruit vers 1765 grâce à un don de Louis XV et de Madame de Pompadour. Les trois cloches actuelles — Lucie‑Gabrielle, Lucienne‑Marcelle et Solange — ont remplacé le gros bourdon fêlé qui sonnait l'Angélus évoqué par Millet au XIXe siècle. Dans le chœur se trouve une copie de La Vierge de la famille de Vic. Jean‑François Millet, cofondateur de l'École de Barbizon, a peint L'Angélus vers 1857‑1858 : la scène montre un couple de paysans de la plaine de Bière interrompant leur travail au crépuscule pour la prière de l'angélus, le clocher de l'église figurant au loin. Millet a également peint L'Église de Chailly en 1867 et a exploité dans ces tableaux les jeux de lumière, de pénombre et de clair‑obscur, approches qui préfigurent l'impressionnisme. Installé définitivement en 1849 dans sa maison‑atelier de Barbizon, aujourd'hui musée, il s'est marié dans cette église, y a fait baptiser ses enfants et repose dans le cimetière voisin aux côtés de son ami Théodore Rousseau. Parmi ses œuvres inspirées par la région figurent La Récolte des pommes de terre (1855), Des glaneuses (1857), L'Homme à la houe (vers 1860), Les Planteurs de pommes de terre (1861), La Plaine de Chailly (1862), Bergère avec son troupeau (vers 1863) et Le Semeur (vers 1865).
