Origine et histoire
L’église paroissiale Saint-Martin de Frouville (Val-d’Oise) conserve un clocher roman élevé au cours du premier quart du XIIe siècle ; les autres parties de l’édifice relèvent majoritairement du gothique et ont été construites lors de plusieurs campagnes au début et dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Le chœur, la chapelle méridionale et la nef datent des premières phases gothiques, la chapelle nord-est appartient à la seconde moitié du XIIIe siècle, la charpente de la nef a été remaniée au XVe siècle et la façade occidentale a été restaurée vers 1896 lors de l’aménagement du parvis sur l’emplacement de l’ancien cimetière. L’église a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 6 juillet 1925 ; elle appartient aujourd’hui à la paroisse de Nesles‑la‑Vallée et n’accueille des messes dominicales que de façon irrégulière.
Implantée au cœur du village, un peu en retrait de la Grande-Rue, l’église est précédée d’un parvis créé en 1896 ; le terrain nord, anciennement cimetière, sert aujourd’hui de parking et la proximité d’un bâtiment scolaire limite la vue d’ensemble depuis le sud. L’abaissement du niveau lors de la suppression du cimetière a été évité autour du chevet afin d’en préserver la stabilité.
Le plan de l’édifice est irrégulier et comprend une nef de quatre travées flanquée de bas‑côtés, un chœur de deux travées avec chevet à pans coupés, un clocher implanté dans l’angle entre le bas‑côté sud et la première travée du chœur, une seconde abside méridionale presque identique au chœur et une grande chapelle carrée au nord qui dépasse le chevet. Une tourelle d’escalier se situe au sud de l’abside méridionale ; l’accès principal se fait par le portail occidental. Les travées orientales sont voûtées ; la nef reste non voûtée et recouverte d’une charpente lambrissée en carène renversée.
La nef et les collatéraux montrent une mise en œuvre économique : piliers simples, grandes arcades à double rang de claveaux et fenêtres hautes réduites à de petits oculi ébrasés. L’absence de contreforts réguliers et la mouluration des arcades traduisent l’intention de ne pas porter de voûtement dans la nef. La charpente de la nef est remarquablement conservée : les sablières sculptées présentent des frises de torsades, rinceaux, feuillages et figures animalières et humaines relevant du gothique flamboyant ; la structure comprend des arbalétriers doubles, l’un soutenant la toiture et l’autre la structure porteuse du lambris.
Les bas‑côtés sont éclairés par des lancettes en arc brisé et bordés de bancs de pierre. L’arc triomphal ouvre sur un chœur stylistiquement proche de la nef mais légèrement dévié sur son axe ; ses voûtes d’ogives retombent sur des faisceaux de colonnettes à chapiteaux et sur des tailloirs à bec typiques de la première période gothique. Le chevet conserve trois fenêtres en tiers‑point et une ancienne piscine liturgique. Plusieurs percements et transformations intérieures résultent de restaurations anciennes, dont certaines—en particulier celles de 1925 concernant l’abside méridionale—ont été vivement critiquées pour leur exécution et leurs joints en ciment.
La base du clocher, de plan carré, abrite une baie romane haute et fortement ébrasée ; sa voûte d’ogives, discutée par les auteurs, repose sur des culs‑de‑lampe moulurés implantés aux angles. L’étage intermédiaire du clocher est orné d’arcatures plaquées en plein cintre reposant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés, tandis que l’étage de beffroi s’ouvre par des baies gémelées encadrées de colonnettes et surmontées d’un arc de décharge. La flèche est octogonale, en pierre, percée de trous de boulin et cantonnée de clochetons.
La façade occidentale, remaniée vers 1896, a perdu son portail en arc brisé primitif au profit d’un arc en plein cintre ; le remplissage des murs de la nef et des collatéraux est principalement en moellons liés au mortier, les parties orientales étant en pierre de taille. L’abside méridionale, épaulée par des contreforts et pourvue d’une corniche, reste identifiable malgré les transformations et l’élévation du sol interne d’environ 40 cm qui a modifié l’assise des bancs de pierre.
Le mobilier est en grande partie moderne ; les fonts sont des imitations du XIIIe siècle. Quatre sculptures en bois et trois dalles funéraires sont classées au titre des objets : un Christ en croix et la Vierge de douleur (limite XVe–XVIe siècle, classés respectivement en 1965 et 1996), le groupe de la Charité de saint Martin (limite XVe–XVIe siècle, classé en 1965), un saint Michel terrassant le démon (fin XVIe siècle, classé en 1965), ainsi que des dalles funéraires et une plaque de fondation liées à Philippe de Boulainvilliers et Laurent Testu (classées en 1927). Parmi les autres éléments notables figurent une grande toile de la Résurrection probablement du XVIIIe siècle et un ensemble de stalles de la première moitié du XVIIIe siècle.