Période
XIVe siècle, XVIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les façades et toitures de l'ancien palais des Gouverneurs de la citadelle (cad. AO 412, 460) : classement par arrêté du 14 janvier 1977 ; Les parties désignées ci-dessous de l'ensemble immobilier dénommé "enceinte urbaine fortifiée dite citadelle de Bastia", incluant les remparts et bastions, les glacis, les portes et voies d'accès, les chemins de ronde, poudrières et magasins, ainsi que sa porte monumentale, le palais des Nobles Douze et le corps de garde qui font corps avec elle, selon l'emprise figurée sur le plan annexé à l'arrêté. Cet ensemble figure au cadastre section AO sur les parcelles n° 166, 167, 168, 169, 170, 171 (murs arrières des commerces sis cours Favale), 231 (place des Turquines), 232 (place des Turquines, à savoir le mur de courtine faisant office de soutènement de l'immeuble), 236, 245, 246, 254 (citadelle), 412 (4 rue Saint-Michel), 451, 453, 461, 550, 551, 596, 597, 598 (citadelle) ainsi que la voirie communale non cadastrée et le domaine public maritime : inscription par arrêté du 15 mars 2023
Origine et histoire
L'enceinte fortifiée dite citadelle et le palais du Gouverneur, partiellement aménagé en Musée d'Ethnographie, forment le cœur historique de la Terra Nova, le plus ancien quartier de Bastia. Fondée par les Génois au XIVe siècle, la citadelle fut établie après l'incendie du château fort de Biguglia, lorsque le gouverneur Leonello Lomelline fit élever, à la fin du XIVe siècle, le donjon, premier édifice du site. Établi sur un promontoire dominant deux ports, ce Castello della Bastia contrôlait le Vieux-Port (Portu Cardu) et l'anse de Ficaghjola (Portu Vechju). Au XVe siècle, la fortification s'agrandit : des remparts entourent le donjon et le palais des gouverneurs est élevé à partir de 1448 pour s'achever au début du XVIe siècle, organisant ses espaces autour d'une cour centrale et de quatre ailes. Un campanile fut ajouté à la façade principale en 1530. Pendant quatre siècles, ce palais incarna la domination génoise ; il abritait alors résidence, justice et prison. Au XVIIIe siècle, sous l'administration française, l'édifice fut transformé en caserne par les autorités militaires. Le palais s'articule autour du donjon et du bastion Saint-Charles, ce dernier comportant, dans sa partie basse, deux poudrières, et plusieurs salles voûtées en croisée d'ogive témoignent de l'architecture des palais fortifiés génois. La Citadelle, nommée en corse A Citatella ou Terra Nova, conserve un fort intérêt patrimonial : les remparts et la porte monumentale sont inscrits aux monuments historiques, de même que les façades et la toiture du palais des Gouverneurs, et les édifices religieux Sainte-Croix et la cathédrale Sainte-Marie bénéficient de protections comparables. Le quartier s'est développé autour de la place du Donjon (ancienne Piazza di A Corte), qui formait l'entrée unique de Terra Nova et rassemblait les principaux bâtiments administratifs et judiciaires. Plusieurs citernes, dont celle dite de la Chjappa située sous la Piazzetta, assuraient autrefois l'approvisionnement en eau de la citadelle ; l'une d'elles est aujourd'hui accessible au public. Au fil des siècles, les remparts ont été reconstruits à plusieurs reprises, notamment entre 1575 et 1626, et la citadelle a été organisée en bastions qui portent encore des noms historiques tels que San Carlu, Santa Maria, San Ghjuvanni, San Gerolamo, U Tragone et U Chjostru. Le bâti civil comporte des maisons et palais anciens — la Casetta, la Casa Zerbi, le palais épiscopal — qui témoignent des institutions communales et religieuses établies sous la domination génoise. Après la Révolution et les transformations militaires, une partie des bâtiments a été restituée à la commune, le bastion nord, anciennement propriété de l'État, ayant notamment été transféré à la commune par rectificatif de l'acte de vente du Palais des Gouverneurs. Aujourd'hui la citadelle conserve son tissu urbain médiéval avec ses rues anciennes, ses remparts et ses monuments protégés, et abrite, outre le musée d'ethnographie installé en partie dans le palais, la cathédrale et d'autres édifices religieux et civils d'intérêt historique.