Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-l'Autise en Vendée

Patrimoine classé Sites archéologique Enceinte préhistorique

Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-l'Autise

  • La Petite Lombardière
  • 85240 Nieul-sur-l'Autise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Enceinte préhistorique de Champ-Durand de Nieul-sur-lAutise
Crédit photo : Liberliger - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Néolithique
XIXe siècle
Époque contemporaine
4100 av. J.-C.
4000 av. J.-C.
2800 av. J.-C.
1900
2000
Néolithique récent
Construction de l'enceinte
Fin du Néolithique
Construction de l'enceinte
1971
Découverte du site
1975-1985
Fouilles archéologiques
1990
Inscription historique
2010
Nouvelle découverte
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Enceinte préhistorique de Champ-Durand (cad. AN 47, 48, 51 à 53, 55 à 70, 116, 117 ; ZP 36 à 38, 48, 53, 82 à 85) : inscription par arrêté du 26 juillet 1990

Personnages clés

Maurice Marsac Découvreur du site en 1971 grâce à la photographie aérienne.
Roger Joussaume Archéologue ayant dirigé les fouilles de 1975 à 1985.
Serge Cassen Interprète de la production de petits vases tronconiques liés à l'exploitation du sel marin.

Origine et histoire de l'enceinte préhistorique de Champ-Durand

L'enceinte préhistorique de Champ-Durand est un site archéologique situé à Nieul-sur-l'Autise (Vendée), occupé du Néolithique récent au Bronze ancien. Découvert en 1971 par Maurice Marsac grâce à la photographie aérienne, il a fait l'objet de dix campagnes de fouilles dirigées par Roger Joussaume entre 1975 et 1985. Le site est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1990 et a été partiellement acquis par le Conseil général.

Il se présente sous la forme d'une triple enceinte interrompue délimitant une aire presque circulaire d'environ 250 m de diamètre, soit un peu moins de deux hectares, dominant d'une vingtaine de mètres la vallée sèche des Maléons. Les enceintes sont matérialisées par trois fossés parallèles, creusés sur une longueur totale d'environ 1,5 km, chaque fossé consistant en un chapelet de fosses alignées séparées par une douzaine d'interruptions. Ces interruptions, qui pouvaient être barrées par des murailles ou aménagées en entrées, comprennent au moins une ouverture en "pince de crabe" identifiée sur photos satellites en 2010 ; une entrée occidentale a également été reconnue. Le creusement des fossés a mobilisé un important travail manuel : plusieurs pics en bois de cerf ont été retrouvés dans le fossé n°1.

Les fossés présentent des largeurs et profondeurs décroissantes depuis l'intérieur vers l'extérieur : le premier, creusé dans le calcaire, mesure 5 à 7 m de largeur pour 2,30 à 2,60 m de profondeur, le deuxième environ 4 m sur 2 m, et le troisième 3 m sur 1,80 m. L'altération des parois a modifié la forme originelle des fossés, provoquant un remplissage en berceau de la base. Dès leur réalisation, les parois internes furent renforcées par des murs édifiés en gros blocs extraits lors du creusement ; ces murs se prolongeaient hors du fossé et s'élevaient de 2,50 à 3 m au‑dessus du sol. Le fossé n°1 était en particulier renforcé par un tel mur en blocs de pierre. Au fil du temps, le site a fait l'objet d'aménagements et de reprises — murs de soutènement, passages, jonctions de sections — et, au Bronze ancien, des palissades furent dressées dans la partie nord.

L'occupation principale est attribuée à la culture de Peu-Richard ; le site fut brièvement fréquenté au Néolithique final, période où les murailles étaient déjà effondrées, puis au Bronze ancien, époque où les fossés sont complètement comblés. Les ossements humains, hormis quelques morceaux épars, étaient regroupés en cinq zones situées surtout au fond du deuxième fossé, utilisé comme lieu de sépulture dans la masse de la muraille. Les fouilles ont mis au jour trois tombes doubles et deux tombes simples contenant au total huit individus, un faible nombre d'inhumations accompagné de traumatismes qui pourrait être comparable à des découvertes proches à Châtelliers-de-Vieil-Auzay.

Le mobilier retrouvé dans les fossés comprend des haches polies — certaines en provenance de Plussulien —, des pointes de flèches perçantes de plusieurs types, des poignards en silex, un fragment de pendeloque perforée, des vases tronconiques et des céramiques campaniformes, dont un petit gobelet décoré. On a également mis au jour de nombreuses meules et molettes destinées au broyage des grains, un abondant outillage en os (pelles en omoplate de bovidés, poinçons, aiguilles, ciseaux), des pics en bois de cerf et des poids perforés en argile probablement liés au tissage. La céramique, nombreuse, appartient au groupe régional du Néolithique récent dit du Seuil de Poitou et au faciès Peu‑Richardien maritime ; des types semblables ont été retrouvés dans des monuments mégalithiques du sud Vendée, des Deux‑Sèvres et du Maine‑et‑Loire. Une partie de la production, notamment de petits vases tronconiques, a été interprétée par Serge Cassen comme liée à l'exploitation du sel marin.

L'habitat semble avoir été adossé à la muraille bordant le premier fossé, l'aire centrale servant d'espace communautaire et de parcage pour les animaux. Les occupants étaient agriculteurs cultivant des céréales et élevant bœufs, porcs, chèvres et moutons ; l'étude des ossements animaux indique une importante activité d'abattage de bovidés et suggère la tenue possible d'un marché. La présence d'un crâne de bovidé portant des traces de trépanation a été signalée. La moindre abondance d'ossements d'animaux sauvages indique que la chasse était secondaire, la pêche en rivière ou en bordure maritime pouvant être pratiquée occasionnellement vers le sud. Selon Roger Joussaume, le site n'était peut‑être pas occupé de manière permanente.

Liens externes