Origine et histoire de l'Enclos paroissial
L'enclos paroissial de Pleyben, dans le Finistère, entoure l'église Saint‑Germain et comprend le calvaire monumental, l'ossuaire et l'arc de triomphe. L'église Saint‑Germain est un édifice témoin de la transition entre le gothique et la Renaissance ; sa construction a commencé au XVIe siècle et une inscription indique sa consécration en 1583. Des archives attestent toutefois l'existence d'un édifice antérieur au XVIe siècle. La reconstruction importante de la nef, des bas‑côtés, des transepts et de la tour occidentale intervint au milieu du XVIe siècle, peut‑être en conservant le chœur du bâtiment précédent. Les transepts, exécutés pour le recteur Alain Kergadalen, portent la date de 1564 ; des inscriptions datent aussi les fenêtres et la porte sud de 1583, et la tour‑porche de 1588, tandis qu'une date de 1591 figure sur une frise intérieure côté est. Les travaux, interrompus par les guerres de la Ligue, reprirent en 1633 sous la direction de l'architecte Guillaume Kerlezroux et s'achevèrent en 1642. La chute de la partie haute de la tour‑porche, frappée par la foudre à la fin du XVIIe siècle, entraîna des reconstructions : le bras sud fut rebâti en 1714 et la sacristie achevée en 1719 ; par la suite le bas‑côté nord fut remonté en 1811, la tour occidentale consolidée en 1848, puis l'édifice fit l'objet d'une restauration générale au milieu du XIXe siècle. L'église possède deux clochers distincts : un petit clocher gothique à l'ouest, relié par une galerie aérienne à une tourelle d'escalier, et un grand clocher renaissance surmonté d'une coupole à lanternon au sud, aux millésimes 1588 et 1591.
Le plan est en croix latine avec une nef de cinq travées bordée de bas‑côtés et des transepts saillants ; la nef, voûtée en bois, est éclairée par des fenêtres en plein cintre ou en arc brisé à réseau. Les sablières polychromes, datées de 1571, offrent un programme très vivant mêlant scènes bibliques, épisodes de la vie quotidienne, motifs mythologiques et figures grotesques : on y observe anges, évangélistes, scènes de la Passion, personnages paysans et musiciens du pays. La charpente est ornée de 116 clés de voûte pendantes et décorées qui ponctuent les nervures. Le vitrail principal, daté de la fin du XVIe siècle, relate la Passion du Christ et réunit des épisodes tels que le lavement des pieds, la Cène, la prière au Jardin des Oliviers, l'arrestation, le jugement, la flagellation, le portement de la croix, la Crucifixion et la Résurrection ; les verrières latérales représentent l'Arbre de Jessé et des scènes avec Jésus et les apôtres.
Le mobilier comprend des fonts baptismaux ornés de statues provenant d'un ancien retable, de nombreuses statues polychromes dont une statue de saint Germain datée de 1555, ainsi que des représentations de saints locaux et une grande statue de saint Guénolé du XVIIIe siècle. Les retables en place datent de la fin du XVIIe siècle pour le retable du Rosaire (1698) et pour le maître‑autel (1666‑1667) ; on trouve également un retable des Trépassés ou du Sacré‑Cœur du XVIIIe siècle et une armoire aux Saintes Huiles sculptée. L'orgue, d'origine Thomas Dallam (1688‑1692), n'a conservé que le buffet réalisé à Morlaix en 1693 ; la partie instrumentale fut modifiée au XIXe siècle et l'instrument, restauré entre 1994 et 1996, compte aujourd'hui 22 jeux. La sacristie, datée de 1719, adopte un plan quadrilobé avec une coupole et un lanternon entouré de tourelles.
Le calvaire monumental, le plus massif de Bretagne, est sculpté principalement en kersanton et s'est édifié en plusieurs campagnes : une première campagne liée à l'atelier des Prigent dès 1555, des ajouts en 1650 sous la direction de l'architecte Julien Ozanne, puis un déplacement en 1738 d'environ trente mètres qui a probablement entraîné la modification du soubassement. Son socle tétrapyle en granite ouvre sur une voûte intérieure et supporte une riche iconographie répartie sur deux niveaux : une frise et vingt‑huit groupes sculptés racontent la vie du Christ et la Passion, depuis l'Annonciation et la Nativité jusqu'à la Crucifixion, la Mise au tombeau, la Descente aux Enfers et la Résurrection. Les sculptures, majoritairement en kersanton mais parfois en grès plus fragile, sont disposées sur les faces sud, est, nord et ouest ; le calvaire conserve des éléments remarquables comme la Mise au tombeau, la Cène, le Lavement des pieds et des scènes d'inscription iconographique où figurent des noms tels que Gismas et Dismas pour les larrons. L'appareil sculpté mêle des costumes de la fin du XVIe siècle à des réalisations postérieures, créant un archaïsme volontaire dans le rendu des personnages. L'ensemble a été restauré à plusieurs reprises, notamment en 1953, et une restauration récente s'est achevée en juillet 2015 ; en 2010 une restitution chromatique par vidéoprojection a tenté de reconstituer les couleurs d'origine.
L'ossuaire, attribué parfois au XVe siècle mais aussi daté au XVIe siècle (1560), présente une façade gothique flamboyante ornée de baies jumelles à accolades et de colonnettes en nid d'abeille ; il fut restauré en 1733, consacré comme chapelle des morts en 1736, puis utilisé à différentes époques comme école, bureau de poste et bureau municipal. Aujourd'hui converti en musée, l'ossuaire abrite notamment une Vierge allaitante du troisième quart du XVIe siècle retrouvée en 1988 près de l'église. L'arc de triomphe daté de 1725, appelé porte de la mort, marquait l'entrée rituelle du cimetière ; il présente sur sa face est une Pietà encadrée d'anges et sur sa face ouest une représentation de la Trinité, et il est couronné d'une croix portant un Christ à l'est et une Vierge de Pitié à l'ouest. L'ensemble de l'enclos a été inscrit sur les listes des monuments historiques : l'église en 1846, le calvaire en 1875 et l'ossuaire par arrêté du 21 décembre 1914.