Ensemble bâti par le céramiste Jean Linard (1931 - 2010) à Neuvy-Deux-Clochers dans le Cher

Ensemble bâti par le céramiste Jean Linard (1931 - 2010)

  • 18250 Neuvy-Deux-Clochers
Crédit photo : Keymap9 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e moitié XXe siècle, 1er quart XXIe siècle

Patrimoine classé

L'ensemble situé au lieudit Les Poteries : la maison, sa cour, ses dépendances et ses jardins, avec l'ensemble des éléments immeubles qu'ils contiennent (cad. D 721 " Communal des Poteries) ; la " cathédrale " en plein air, avec les sols correspondants et l'ensemble des éléments immeubles qu'ils contiennent (cad. D 681 " Le Bois de la Côte ", 721 et 722 " Communal des Poteries ") : inscription par arrêté du 16 juillet 2012

Origine et histoire

En 1961, Jean Linard acquiert une ancienne carrière de silex au hameau des Poteries à Neuvy-Deux-Clochers et y installe sa maison et ses ateliers, construits en grande partie avec des matériaux de récupération tels que poutres, tuiles, pierres de démolition et briques de four de potier. Avec Anne Kjærsgaard, sa deuxième épouse, il transforme et agrandit sans cesse l’ensemble jusqu’à sa mort en 2010, multipliant les pièces, les toitures ornées de tuiles colorées et de tuiles‑personnages, et parant cheminées, encadrements de portes et fenêtres de mosaïques aux teintes vives. Au début des années 1980 il entreprend la création d’une œuvre en plein air qu’il nomme progressivement chapelle, église puis « cathédrale » ; il y consacre une grande partie des dernières décennies de sa vie et la décrit comme « la cathédrale la plus haute du monde », puisque « c’est le ciel qui en est le toit ». Conçue dans un esprit œcuménique, la cathédrale rend hommage aux grandes traditions monothéistes et aux figures que Linard admirait : des noms comme Jésus, Mahomet, Bouddha, Husayn Ali Nuri, Gandhi, Martin Luther King, Sœur Emmanuelle, Mère Teresa, ainsi que des artistes et créateurs tels que Picassiette, Gaudí et Picasso sont gravés dans la mosaïque. Autour de cet édifice en plein air, des mobiles assemblés avec des pièces de céramique, des disques colorés et des miroirs réverbèrent la lumière, tandis que des sculptures en fer et en ciment, couvertes de mosaïque, figurent des fidèles ; un chemin de croix y mène et se termine par une croix de résurrection aux couleurs éclatantes. L’ensemble, implanté au cœur d’un bois, se caractérise par sa singularité, sa poésie et son ambition ; l’arrêté d’inscription au titre des monuments historiques souligne à la fois cette originalité et sa parfaite intégration au site environnant. À la fois hommage à la Sagrada Família de Gaudí, au Palais Idéal du Facteur Cheval et à la Maison Picassiette, la cathédrale de Jean Linard constitue un témoignage majeur de l’architecture insolite en France. Après la mort de l’artiste, la famille annonce en 2011 sa décision de mettre la cathédrale en vente, ce qui suscite une pétition d’une quarantaine de spécialistes réclamant une mesure de sauvegarde et fait naître un débat local. Lors de sa visite et d’un entretien en mars 2012, le ministre de la Culture qualifie l’œuvre d’« extraordinaire » et exprime le souhait qu’elle soit préservée et ouverte aux visiteurs. L’ensemble maison‑ateliers‑cathédrale est inscrit aux monuments historiques en juillet 2012. En avril 2012, l’association Autour de la Cathédrale de Jean Linard (ACJL) se constitue pour ouvrir le site au public pendant l’été, avec le soutien d’organismes régionaux et locaux ; pendant l’été 2012, quelque 3 000 personnes visitent le lieu. Grâce à l’action de l’association, la cathédrale figure parmi les sites les plus visités du département, avec 7 161 visiteurs en 2018 et environ 8 400 en 2019. Malgré ces résultats, la majorité de l’indivision Linard décide en novembre 2019 de ne pas renouveler la convention avec l’association, invoquant l’état du site et des problèmes de sécurité ainsi que des désaccords sur la gestion. En juin 2019 des membres de l’association et des sympathisants fondent une société coopérative d’intérêt collectif visant à rassembler les fonds nécessaires à l’acquisition collective du lieu, et la situation aboutit en juin 2022 à l’achat de la propriété par William Rouget et Charlotte Collet.

Liens externes