Ensemble d'immeubles dit Cité Napoléon à Paris 9ème dans Paris 9ème

Patrimoine classé Cité ouvrière classée MH

Ensemble d'immeubles dit Cité Napoléon

  • 58-60bis Rue de Rochechouart
  • 75009 Paris 9e Arrondissement
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Ensemble dimmeubles dit Cité Napoléon
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures des quatre bâtiments d'origine A, B, C, D (cf. plan annexé à l'arrêté) ; les parties communes des bâtiments A et D ; le sol de la cour ; la fontaine (cad. BD 109) : inscription par arrêté du 9 décembre 2003

Origine et histoire de la Cité Napoléon

L’ensemble d’immeubles dit Cité Napoléon, édifié dans la seconde moitié du XIXe siècle, est un rare témoignage de phalanstère urbain implanté en ville sans lien direct avec un site industriel ; il se situe dans le 9e arrondissement de Paris aux 58-60 rue de Rochechouart et 25 rue Pétrelle et constitue la première cité ouvrière de la capitale. La Cité Napoléon a été construite entre 1849 et 1851 par l’architecte Marie‑Gabriel Veugny, dit « Veugny aîné » (1785 – vers 1856), à la demande de Louis‑Napoléon Bonaparte, élu président de la Deuxième République le 10 décembre 1848. Pendant sa détention au fort de Ham, Louis‑Napoléon avait publié en 1844 De l’extinction du paupérisme, qui proposait des colonies agricoles pour lutter contre la misère urbaine, et il se présenta pour représenter Paris en s’appuyant sur des idées sociales populaires auprès des ouvriers. Après les élections de juin 1848 et la suppression des ateliers nationaux, il reprit une partie du programme du Parlement du travail, qui prônait la construction de familistères pour loger des familles d’ouvriers et mutualiser consommation et services. En 1850 il envoya une délégation en Angleterre pour étudier les logements ouvriers et fit traduire l’ouvrage de l’architecte Henry Roberts, The Dwelling of the Labouring Classes. La construction d’une cité ouvrière modèle fut engagée : une société au capital de six millions de francs, dirigée par l’ingénieur Joseph Eugène Chabert, fut créée en février 1849, et Louis‑Napoléon fit un don de 500 000 francs le 12 janvier 1849. Le projet, réduit par rapport au programme initial, abandonna l’idée d’association et prévut l’implantation rue Rochechouart, à l’angle de la rue Pétrelle. L’ensemble se compose de quatre bâtiments qui donnent sur un grand jardin arboré agrémenté d’une fontaine. Le bâtiment le plus original, achevé en 1851 le long de la rue Marguerite‑de‑Rochechouart, est formé de deux corps de logis parallèles reliés par des passerelles et des escaliers ; sa partie centrale, éclairée par une toiture vitrée, est construite sur caves et comprend quatre étages abritant 86 logements. Les loyers étaient modulés selon l’équipement : 100 francs pour les pièces sans feu, 150 pour les pièces chauffées, et jusqu’à 300 francs pour un logement comprenant une chambre à feu, un cabinet clair et une petite cuisine. L’architecte a veillé à l’aération et à l’hygiène : les toilettes et l’évacuation des eaux usées étaient placées à chaque extrémité du bâtiment, à raison de quatre par étage. Les habitants disposaient de visites médicales gratuites, d’une garderie pour les enfants, d’un lavoir, d’un séchoir et d’un pavillon de bain séparé. Les autres bâtiments, disposés en cour, reprenaient un plan plus traditionnel ; l’accès se faisait par une unique entrée placée sous la surveillance d’un concierge. Inaugurée le 18 novembre 1851, la cité ne rencontra pas le succès escompté, sans doute en raison du règlement strict imposant notamment un couvre‑feu à 22 heures. L’ingénieur C. Détain jugea en 1867 que l’ensemble était satisfaisant du point de vue de la propreté et de la salubrité, mais qu’il rappelait trop la caserne, l’hôpital ou le cloître. La cité jouxtait les ateliers de la manufacture militaire Godillot, dont l’incendie de 1895 faillit détruire le quartier, et Alexis Godillot possédait un hôtel particulier au 56 rue Marguerite‑de‑Rochechouart. Peu d’exemples similaires furent réalisés à Paris : les conservateurs considéraient ce type de cité comme un « repaire » de révolutionnaires, tandis que les socialistes y voyaient des « ghettos » ouvriers placés sous surveillance policière en raison de leur fermeture par une grille. L’ensemble des immeubles a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 9 décembre 2003 ; les passerelles et escaliers le long de la rue Marguerite‑de‑Rochechouart ont été remis en état en 2011.

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