Origine et histoire
L'abri du Bois-du-Roc, aussi appelé abri André Ragout au Bois-du-Roc, est un abri sous roche préhistorique situé dans la commune de Vilhonneur, en Charente, à une trentaine de kilomètres à l'est d'Angoulême. Il se trouve sur les buttes calcaires qui dominent la rive gauche de la Tardoire, au niveau du bois du Roc, en face de la grotte du Placard, à proximité de la grotte du Chasseur, de la grotte des Fades et du Grand Abri. Indiqué « le Roc Plat » sur la carte IGN, il forme une colline boisée isolée à 200 mètres au nord du bourg. André Ragout découvrit un abri démantelé du côté est du bois du Roc, mais il mourut en 1940 avant d'entreprendre des fouilles; le site fut ensuite pillé et vandalisé. L'étude des déblais réalisée en 1956 a permis de mettre en évidence au moins trois niveaux archéologiques correspondant à l'Âge du bronze, au Solutréen et au Gravettien, et les fouilles ont livré de nombreux objets attribués à ces occupations. Les gisements du bois du Roc, l'abri du Bois-du-Roc et l'abri du Chasseur ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 22 avril 1991.
L'abri était abrité par un surplomb rocheux qui s'est progressivement effondré; la voûte du fond s'est effondrée au cours du Magdalénien. La couche supérieure contient de très nombreux os de renne et des éléments de l'Âge du bronze mêlés à des vestiges attribués au Magdalénien ancien. Immédiatement en dessous se situe une couche présentant des traces de foyers du Solutréen, séparée par une couche limoneuse d'une couche du Gravettien. Deux foyers sont également présents à l'étage magdalénien, lequel est caractérisé comme un Magdalénien ancien à raclettes.
Les fouilles ont livré de nombreux tessons de céramique attribués à l'Âge du bronze, dits « céramique du Bois-du-Roc », parmi lesquels figurent une fusaïole, un tesson à décor incisé et un fragment de vase à col en pavillon. L'outillage lithique du Magdalénien comprend notamment des burins — 112 exemplaires signalés lors des fouilles de 1956 — ainsi que des perçoirs, des grattoirs, des raclettes et des lamelles à bords rabattus; quelques objets en os, dont un pendentif, complètent cet ensemble. La couche solutréenne contient des pointes à cran semblables à celles de la grotte du Placard, distante de moins d'un kilomètre; les matières premières identifiées incluent le silex, le quartz et le jaspe. La couche la plus ancienne renferme des pointes du type Gravette, des pointes à cran, des pointes feuilles de laurier, des lamelles à bords abattus et des burins de Noailles, parmi les plus petites pièces du Paléolithique supérieur, mesurant ici entre 18 et 54 mm; ces burins, en silex et jaspe pour vingt-et-un d'entre eux, présentent une grande variété typologique — 71 simples sur éclats, 47 doubles, des formes doubles sur éclats, bilatérales sur lamelles, biterminales adjacentes ou opposées sur lamelles, ainsi que neuf triples sur lamelles. Enfin, les parures et objets divers comprennent une dent percée, un coquillage, une aiguille et des os incisés.
