Période
XVIe siècle, 3e quart XVIIe siècle, milieu XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les grilles et fontaines de la place Stanislas : classement par arrêté du 12 juillet 1886 - L'arc de triomphe, à l'entrée de la place de la Carrière : classement par arrêté du 27 décembre 1923 - L'hémicycle de la place de la Carrière : classement par arrêté du 27 décembre 1923 - Les sols de la place Stanislas, de la rue Héré et de la place de la Carrière, avec leurs vases, statues, fontaines et grilles du XVIIIe siècle (cad. domaine public, inclus dans les sections BE et AN) : classement par arrêté du 14 mai 2003
Origine et histoire
La place de la Carrière a été créée au XVIe siècle au sud du palais des ducs et lotie à partir de 1567. Les fortifications de la vieille ville, en grande partie démolies en 1661, sont relevées par Vauban en 1672-1673, qui y construit une porte royale entre deux bastions. La place Royale, édifiée entre 1751 et 1755 par l’architecte Emmanuel Héré pour Stanislas Leczinsky, est implantée à l’emplacement des anciennes fortifications du XVIe siècle ; elle prend le nom de place Stanislas en 1831, peu après l’érection de la statue du souverain. Son style est résolument classique et la place se distingue notamment par les ferronneries de Jean Lamour.
L’arc de triomphe, souvent appelé à tort « arc Héré », se situe au nord de la place Stanislas, à l’extrémité septentrionale de la rue Héré et au sud de la place de la Carrière. Il s’ouvre, depuis la place Stanislas, entre deux petits pavillons dans l’axe de la place de la Carrière et du palais du Gouverneur ; ses faces est et ouest, ornées de statues, donnent sur la place Vaudémont et la place Nelson-Mandela. Construit sur l’emplacement de l’ancienne porte royale édifiée sous Louis XIV et détruite en 1752 par Stanislas, l’arc est réalisé de 1753 à 1755. Le décor met en scène la guerre et la paix, symbolisées par le laurier et l’olivier, en référence à la bataille de Fontenoy et au traité d’Aix-la-Chapelle.
À l’origine, l’arc était relié aux remparts par des galeries et son sommet faisait partie du chemin de ronde pour satisfaire aux exigences du gouverneur militaire, le maréchal de Belle-Isle ; il jouait ainsi un rôle de fortification et présente une largeur importante. La muraille qui l’entourait est abattue vers 1772 à l’est et en 1847 à l’ouest, isolant alors la porte qui devient un véritable arc de triomphe. Dessiné par Emmanuel Héré, l’édifice, élevé sur un piédestal et d’ordre corinthien, s’inspire de l’arc de Septime Sévère à Rome et reproduit des caractéristiques de la porte Saint-Antoine à Paris. Il est percé d’une grande arcade en plein cintre encadrée de deux porches plus bas, chacun bordé de colonnes, la baie centrale présentant une légère avancée.
La face tournée vers la place Stanislas est la plus richement décorée : sur la corniche figurent Cérès, Minerve, Hercule (copie de l’Hercule Farnèse) et Mars, et un acrotère porte un groupe de trois personnages en plomb doré orné d’un médaillon de Louis XV soutenu par Minerve et une personnification de la Paix, avec la Fama à l’arrière tenant trompette et couronne de laurier ; ces statues sont l’œuvre de Guibal. Un premier médaillon en marbre blanc réalisé par Jean-Baptiste Walneffer, représentant le roi à l’antique, fut détruit à la Révolution ; il fut remplacé par un médaillon en plomb doré, retiré pendant la révolution de juillet 1830, conservé en dépôt puis rétabli le 26 mars 1852. Sous la corniche se trouvent trois bas-reliefs en marbre blanc repris de l’ancienne porte royale : à droite, Apollon tirant une flèche contre un dragon ailé enserrant un homme ; au centre, Mercure et Minerve sous des dattiers ; à gauche, Apollon jouant de la lyre entouré de muses, Apollon étant alors considéré comme une allégorie de Louis XV.
Trois inscriptions gravées sur des tables de marbre noir complètent le dispositif décoratif : sur l’acrotère « HOSTIUM TERROR / FŒDERUM CULTOR / GENTISQUE DECUS ET AMOR », et sous les bas-reliefs de part et d’autre « PRINCIPI VICTORI » et « PRINCIPI PACIFICO ». Ces deux dernières inscriptions avaient été peintes en 1830 avec les devises « LIBERTÉ ÉGALITÉ » et « LIBERTÉ FRATERNITÉ », puis restaurées dans leur forme ancienne en 1876. L’arc a été classé monument historique le 27 décembre 1923 et, en décembre 1983, il a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, au même titre que la place Stanislas et la place de la Carrière, aux critères (i) et (iv). Parmi les artistes et auteurs associés à cet ensemble figurent Emmanuel Héré et Jacques Callot.