Origine et histoire de l'Ensemble fortifié
L’ensemble fortifié de la chapelle et du pont de Chevré constitue les vestiges d’un bourg castral des XIIe‑XIIIe siècles, situé au lieu‑dit Chevré sur la commune de La Bouëxière, au sud‑ouest de l’étang de Chevré, sur la route reliant Liffré et La Bouëxière à environ 1 900 mètres de cette dernière. Le pont, la chapelle et les ruines du donjon sont inscrits au titre des Monuments historiques depuis 1995. La motte, attribuée à la maison de Vitré et datée du XIIe siècle, porte les vestiges d’un donjon de pierre élevé au début du XIIIe siècle par André III de Vitré ; elle est entourée d’un large fossé. La motte mesure onze mètres de haut pour un diamètre de trente‑huit mètres ; le fossé qui l’entoure atteint environ seize mètres de largeur et cinq mètres de profondeur. Les sources divergent sur la forme et les dimensions du donjon : Paul Banéat le décrit comme un ouvrage de pierre élevé sur trois étages, haut d’environ dix‑huit mètres, tandis que Michel Brand’honneur le présente comme une tour circulaire d’un diamètre externe proche de quinze mètres et d’une hauteur moindre. Le donjon fut attaqué et incendié par les hommes du duc de Bretagne au début du XIIIe siècle, puis André III obtint l’autorisation de rétablir ses fortifications en 1237 à la suite d’une médiation royale ; les ruines servirent plus tard de carrière au XVIIIe siècle, d’où ne subsiste qu’un pan de mur. La chapelle castrale, liée à la motte, remonte probablement au dernier quart du XIIe siècle ; elle a conservé sa façade pignon et des portions de murs, mais a été remaniée aux XVIe et XVIIe siècles. Construite en grès et de style roman, la chapelle se compose d’une nef à chevet droit et présentait des ouvertures réduites, dont deux meurtrières sur la façade ouest, une sur la face nord et une au chevet est. De larges campagnes de restauration au XVIe siècle ont laissé une charpente et un monogramme en tuffeau daté de 1550, attribué à un membre de la famille des Montmorency‑Laval ; un lambris peint du chœur daté de 1643, représentant les quatre Évangélistes, était encore signalé au début du XXe siècle mais a aujourd’hui disparu. Deux plaques funéraires en faïence de Rennes provenant de la chapelle et conservées au musée archéologique de Rennes mentionnent Laurent Lemarchant, seigneur de la Touche (décédé le 7 décembre 1679) et Péronelle Angélique de la Hurerie (décédée en avril 1681). Le pont dit « roman », en réalité daté du XIIIe siècle et placé sur un tracé antique, mesure quinze mètres de long sur 4,40 mètres de large ; il est constitué de sept arches en arc brisé voûtées en claveaux et blocage de grès, reposant sur des piles composées de trois ou quatre assises de gros blocs de granite. Des traces de scellement dans les dalles du radier laissent supposer le remploi de matériaux provenant d’un édifice antérieur. Côté ouest, le pont enjambe le déversoir de l’étang à l’endroit où la Veuvre reprend son cours ; il est adossé côté est à une ancienne pêcherie formée de sept pilastres en granit, équipés de coulisses pour le passage de vannes lorsqu’elle était en service. Le village de Chevré, siège d’une châtellenie exerçant la haute justice, s’est développé très tôt autour de la fortification et de l’étang ; au XIIIe siècle s’y tenait un important marché hebdomadaire le mardi. L’habitat actuel comprend plusieurs logis de la Renaissance et du XVIIe siècle, ainsi que des constructions remarquables non protégées au titre des monuments historiques, telles que la maison dite « du Sénéchal », d’origine XVe siècle remaniée aux XVIe et XXe siècles, et le manoir de la Colinière, profondément transformé mais conservant une gerbière datée de 1629 ; un ancien auditoire et sa prison, signalés autrefois à la sortie du village, ont été démolis au début du XXe siècle.